Ua sélection des matériaux est aussi vieille que l’humanité : elle a relevé longtemps d’une pratique « débrouillarde » pour la réalisation d’objets, appelée par les grecs « teknè » et par les latins « ars » et dont il était peu courant d’écrire les recettes et les règles (cf. aussi [76] [77] [78]).
Aujourd’hui, cette démarche est une discipline jeune, à l’intersection de la science des matériaux, des sciences de l’ingénieur (procédés de fabrication, méthodes de conception et estimation des coûts), et de l’informatique appliquée (gestion de l’information, interfaces homme/machine, techniques d’optimisation numérique) [93].
Cependant, l’importance du nombre de matériaux (plusieurs dizaines de milliers) et des données s’y rapportant, l’étendue des procédés de mise en œuvre (plusieurs milliers), la dispersion et la qualité des informations, les difficultés de trouver les compromis les plus efficaces (en termes de qualité, de coût, de délais) en conception, en fonction de l’environnement du concepteur, incitent à une certaine modestie quant au caractère « scientifique » d’une démarche de sélection. Le rôle de l’opérateur reste essentiel, surtout s’il est dans une petite structure.
C’est pourquoi le contenu de cet article n’est pas de fournir « la » bonne méthode, mais de tracer des repères en parlant de la pratique « classique » en soulignant ses difficultés, puis de présenter des outils d’aide à la décision, encore assez récents et issus du travail initié et développé à l’université de Cambridge (Grande-Bretagne), et étendu en France, avec le soutien du Cetim. Dans le même temps, la conception assistée par ordinateur et son optimisation font l’objet d’une importante activité, notamment en France à « l’école primécanicienne » dont l’extension internationale est en cours ([4] [80]).