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RÉSUMÉ
Cet article présente les méthodes de caractérisation des matériaux poreux ou pulvérulents basées sur la porosimétrie au mercure. Les phénomènes physiques à la base de ces méthodes sont décrits et interprétés sur le plan thermodynamique. Les principales procédures expérimentales sont ensuite exposées en détaillant l’influence des conditions expérimentales sur les résultats obtenus. Ces derniers sont interprétés en prenant en compte la complexité des phénomènes capillaires, qui conduisent notamment à des hystérésis d’intrusion-extrusion, et l’influence des principaux paramètres qui interviennent dans les conditions expérimentales ou qui sont liés à la structure du solide. L’exploitation des données en termes de distribution de taille de pore, de porosité ou densité est détaillée et comparée à celles obtenues par d’autres techniques.
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Renaud DENOYEL : Directeur de Recherche émérite - Aix-Marseille Université-CNRS, Laboratoire MADIREL, Marseille, France
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Isabelle BEURROIES : Professeure Aix-Marseille Université - Aix-Marseille Université-CNRS, Laboratoire MADIREL, Marseille, France
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Emily BLOCH : Ingénieure de Recherche CNRS - Aix-Marseille Université-CNRS, Laboratoire MADIREL, Marseille, France
INTRODUCTION
Les matériaux poreux ou pulvérulents sont présents dans la nature, les infrastructures, et les procédés industriels. Le sol, le béton, le plâtre sont des structures poreuses, tandis que des matériaux poreux, sous forme de sphères, d’extrudés, ou de membranes, sont utilisés pour la séparation des gaz, la purification des liquides, l’analyse par chromatographie ou la catalyse.
Dans tous ces domaines, où l’adsorption est souvent au cœur du procédé, il est important de quantifier à la fois l’étendue de la surface réactive, et la distribution de taille des pores et, si possible, d’avoir aussi une idée de l’organisation morphologique et topologique de la structure poreuse. En effet, l’efficacité d’un procédé dépend à la fois d’une thermodynamique favorable, et de conditions de transport faciles. Par exemple, l’affinité et la capacité d’adsorption sont favorisées par une grande aire spécifique, qui est généralement obtenue par une diminution de la taille des pores, alors que cette diminution est défavorable au transport.
L’optimisation des procédés passe donc par une connaissance approfondie de la texture des matériaux utilisés, en termes d’aire spécifique, de distribution de taille des pores, et d’organisation du réseau poreux. Dans ce contexte, les principales méthodes de caractérisation de la matière divisée sont fondées sur l’adsorption gazeuse, en général diazote ou argon à basse température. Ces méthodes permettent d’accéder à l’aire spécifique de la plupart des matériaux divisés, mais ne donnent accès à une distribution de taille de pore fiable que dans les domaines microporeux (< 2 nm) et mésoporeux (2-50 nm).
Il est clair que la plupart des sites actifs pour beaucoup de matériaux d’aire spécifique élevée se trouvent dans ce domaine micro-mesoporeux, mais l’utilisation de ces matériaux dans un procédé requiert une mise en forme (sphères, granulés, monolithes) dans laquelle des macropores (tailles supérieures à 50 nm) sont présents, et particulièrement importants pour les propriétés de transport. Il faut donc disposer de méthodes capables d’effectuer ce type de caractérisation : évaluer la taille des pores de l’échelle nano à l’échelle macro.
C’est le cas de la porosimétrie au mercure, objet de cet article, qui est fondée sur les phénomènes capillaires, telle l’adsorption d’azote, et qui permet d’analyser la taille des pores de quelques nanomètres à quelques centaines de micromètres. Le principe est simple : le mercure est un liquide non mouillant de la surface de la plupart des matériaux, et il faut donc exercer une pression sur celui-ci pour le faire entrer dans un pore. Cet article présente la relation simple entre la pression d’intrusion exercée sur le mercure et la taille du pore considéré : la mesure du volume d’intrusion du mercure en fonction de la pression exercée est directement une distribution de taille de pore cumulée. Cependant, comme toute méthode expérimentale, il y a un certain nombre d’hypothèses de calcul et de limitations techniques qu’il faut prendre en compte avec rigueur pour optimiser l’exploitation des données obtenues. C’est l’objet de cet article qui présente donc successivement :
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principes physiques (§ 1) ;
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méthode expérimentale (§ 2) ;
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interprétation des résultats (§ 3.1) ;
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calcul des paramètres texturaux et limites de la technique (§ 3.2, § 3.3, § 3.4, § 3.5) ;
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aspects sécurité (§ 5) ;
Les principaux symboles, unités utilisées et les différentes classifications suivent les conventions de l’IUPAC .
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2. Procédure expérimentale
2.1 L’appareillage
La plupart des appareils de porosimétrie au mercure sont constitués de trois éléments principaux.
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Un groupe de pompage
Il permet de mettre l’échantillon sous vide. Généralement, un vide primaire est réalisé, c’est-à-dire une pression de dégazage inférieure à 10 Pa.
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Une zone dite « poste basse pression »
La cellule contenant l’échantillon y est placée. Dans cette zone, la cellule est mise sous vide, puis le mercure y est introduit, et enfin l’analyse du volume d’intrusion en fonction de la pression est effectuée, jusqu’à une pression voisine de la pression atmosphérique. Le remplissage de la cellule par le mercure est spontané, car celle-ci est initialement sous vide. Il remplit l’ensemble du volume de la cellule jusqu’à l’entrée des pores, pour lesquels sa pression est insuffisante pour entrer.
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Une zone dite « poste haute pression »
La cellule y est placée après avoir été retirée de la zone basse pression, et pesée pour connaître la masse de mercure qu’elle contient. L’analyse du volume d’intrusion en fonction de la pression est suivie jusqu’à une pression pouvant atteindre 400 MPa, suivant les appareils.
Chaque zone est équipée des capteurs de pression adéquats. Une cellule de porosimétrie au mercure est particulière, car elle doit permettre de suivre le volume d’intrusion de façon simple. La plupart des constructeurs utilisent une cellule dont le schéma de principe est donné sur la figure 6. En verre, de symétrie cylindrique, elle a une partie de diamètre large dans laquelle est positionné l’échantillon, et une partie capillaire beaucoup plus longue par laquelle est effectué le dégazage et l’introduction du mercure. Ce capillaire doit avoir un diamètre le plus uniforme possible. Il est soit métallisé à l’extérieur, soit introduit lui-même dans un tube métallique lorsqu’il est mis en place sur les différents postes de l’appareillage. La partie large de la cellule est fermée par un bouchon métallique.
Lorsque le mercure a rempli la cellule et le capillaire, on peut faire une mesure de capacité électrique entre le mercure, qui est un conducteur électrique, et l’extérieur métallique...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - THOMMES (M.), KANEKO (K.), NEIMARK (A.V.), OLIVIER (J.P.), RODRIGUEZ-REINOSO (F.), ROUQUEROL (J.S.W.), SING (K.S.W.) - Physisorption of gases, with special reference to the evaluation of surface area and pore size distribution - (IUPAC Technical Report). Pure and Appl. Chem., 87(9-10), p. 1051-1069 (2015).
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(2) - COHEN (E.R), CVITAS (T.), FREY (J.G.), HOLMSTRÖM (B.), KUCHITSU (K.), -MARQUARDT (R.), MILLS (I.), PAVESE (F.), QUACK (A.J.), STOHNER (J.), STRAUSS (H.L.), TAKAMI (M.), THOR (A.J.) - Grandeurs, unités et symboles de la chimie physique. - MARQUARDT (R.), MOTTET (M.), ROUQUEROL (F.) et TOULLEC (J.) (trad.), De Boeck (2012).
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(3) - LAPLACE (P. S.) - Theory of Capillary Attraction. - Supplements to the 10th book of Celestial Mechanics (1806, 1807), translated and annotated by N. Bowditcb (1839). Reprinted by Chelsea, New York (1966).
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(4) - GOMEZ (F.), DENOYEL (R.), ROUQUEROL (J.) - Determining the Contact Angle of a Nonwetting Liquid in Pores by Liquid Intrusion Calorimetry. - Langmuir, 16, p. 4374 (2000).
-
(5) - DENOYEL R., LLEWELLYN (L.), BEURROIES (I.), ROUQUEROL (J.), ROUQUEROL (F.),...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
NORMES
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Évaluation de la distribution de taille des pores et la porosité des matériaux solides par porosimétrie à mercure et l’adsorption des gaz – Partie 1 : Porosimétrie à mercure. - ISO 15901-1 - 2016
Fiche toxicologique mercure https://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_55
HAUT DE PAGE
Anton Paar
Gamme Pormaster https://www.anton-paar.com/fr-fr/produits/details/serie-poremasterr/
Micromeritics
Autopore V https://micromeritics.com/products/autopore-v/
Microtrac
Gamme Belpore https://www.microtrac.fr/fr/produits/mesure-adsorption-des-gaz/mercury-porosimetry/belpore/
Pascal Series https://www.thermofisher.com/
HAUT DE PAGE
CNRS Formation Entreprises
Porosimétrie au mercure pour la caractérisation de matériaux poreux https://cnrsformation.cnrs.fr/porosimetrie-au-mercure-pour-caracterisation-materiaux-poreux?axe=181
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