Présentation
RÉSUMÉ
La technologie HiPIMS (High Power Impulse Magnetron Sputtering) constitue une avancée majeure dans le domaine des dépôts physiques en phase vapeur (PVD) pour la synthèse de films minces fonctionnels. Cet article débute par une présentation de la pulvérisation cathodique magnétron conventionnelle. Il introduit ensuite la technologie HiPIMS, en mettant l’accent sur les défis liés à la génération des impulsions de puissance et à la modélisation des champs magnétiques appliqués aux dispositifs de pulvérisation magnétron. Enfin, deux applications spécifiques de cette technologie sont étudiées : la synthèse de films de dioxyde de titane et de trioxyde de tungstène.
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Matthieu MICHIELS : Chargé de cours - Laboratoire d’électronique de puissance et procédés plasma (P³LAB), Haute École en Hainaut, Mons, Belgique
INTRODUCTION
Le monde industriel est en perpétuelle recherche de nouveaux produits, de nouveaux marchés ou de nouvelles technologies. C’est dans cette optique que le développement de nouveaux matériaux en couches minces, micro ou nanométriques, déposés par différents procédés sur des substrats de nature et de formes parfois complexes, confère de nouvelles propriétés ou fonctions, et, par conséquent, une grande valeur ajoutée. Ainsi, dans le cas du verre ou de l’acier, on peut citer, parmi d’autres, les propriétés photo catalytiques pour l’autonettoyage ou la dépollution, les propriétés antibactériennes, et les propriétés de protection contre la corrosion.
Pour obtenir ces couches minces, plusieurs méthodes de synthèse sont couramment utilisées : les dépôts électrochimiques, les procédés par immersion, le dépôt physique en phase vapeur (PVD) , le dépôt chimique en phase vapeur (CVD) [M 1 660] ou encore, les procédés sol-gel. Pour l’industriel, le choix du procédé dépend principalement de la facilité d’utilisation et d’implémentation, de la compatibilité du procédé avec le type du substrat (ex. : polymères), de son coût, de son impact environnemental et des installations existantes. Dans ce contexte, la technologie plasma est reconnue comme une technologie « verte » permettant d’obtenir un contrôle élevé des propriétés physico-chimiques des revêtements déposés (densité, rugosité, cristallinité, composition chimique, etc.).
Lorsque l’on utilise les procédés conventionnels de pulvérisation à courant continu, la majorité des particules pulvérisées restent globalement neutres, ce qui empêche de contrôler l’énergie et la direction des espèces participant à la croissance du film. Or, pour bon nombre d’applications, il est intéressant de maîtriser cet aspect, pour permettre aux espèces de se déposer majoritairement sur la surface du substrat et éviter, de cette manière, la pulvérisation sur les parois du réacteur. Dans le cas de la fabrication de circuits intégrés, par exemple, il est préférable d’obtenir un flux de particules, en provenance du plasma, perpendiculaire à la surface du substrat, ce qui favorise la croissance de films structurés. Les substrats de formes complexes sont aussi recouverts uniformément grâce au contrôle de la direction, par un champ magnétique bien étudié, et de l’énergie des espèces chargées. La qualité des films est aussi fortement dépendante de l’énergie fournie aux espèces participant à la croissance du film. Il est donc intéressant de produire un plasma fortement ionisé .
À l’heure actuelle, plusieurs techniques permettent de produire des plasmas comprenant une fraction importante d’espèces ionisées. Une de ces techniques est l’évaporation par arcs, connue pour produire des revêtements denses. La principale difficulté de l’évaporation par arcs réside dans la formation de microgouttelettes, qui réduisent la qualité des films. D’autres sources permettent d’ioniser le plasma de manière plus importante (typiquement quelques dizaines de pour cent) par rapport à une décharge magnétron classique à courant continu (inférieur à 1 %). C’est le cas, par exemple, des décharges magnétron assistées par boucle RF ou micro-ondes .
Dans un procédé de pulvérisation conventionnel, la densité du plasma est accrue par l’augmentation de la puissance moyenne appliquée à la cible. Cela provoque cependant un échauffement considérable de la cible, et limite l’augmentation de la densité du plasma. Ce problème peut être résolu par l'utilisation d’impulsions de haute puissance à faible rapport cyclique. Lorsque cette technique est appliquée à une cathode magnétron, des taux d’ionisation significatifs peuvent être atteints, souvent supérieurs à 50 %, caractéristiques des régimes pulsés tels que la pulvérisation magnétron impulsionnelle.
Cet article traite des dépôts physiques en phase vapeur de films minces fonctionnels réalisés en régime de forte ionisation. Cette voie de synthèse est plus couramment appelée par son acronyme anglo-saxon IPVD pour Ionized Physical Vapor Deposition. Cette catégorie regroupe plusieurs techniques dont la technologie HiPIMS (High Power Impulse Magnetron Sputtering), aussi parfois appelée HPPMS (High Power Pulsed Magnetron Sputtering).
Domaine : science des matériaux et couches minces
Degré de diffusion de la technologie : maturité
Technologies impliquées : pulvérisation cathodique magnétron, technologies plasma, technologie du vide, ingénierie électronique
Domaines d’application : mécanique et ingénierie de surface, micro et nano-électronique, optique et photonique, énergie et environnement. Plus particulièrement : dépôt de revêtements denses, biocompatibles, antibactériens, anticorrosion. Couches fonctionnelles optiques et couches pour la microélectronique.
Principaux acteurs français
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Pôles de compétitivité/Centres de compétence : LPGP – Université de Paris-Saclay – Paris
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CNRS – IMN (Institut des Matériaux de Nantes) – Nantes
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GREMI (Groupe de Recherches sur l’Énergétique des Milieux Ionisés) – Orléans
Autres acteurs dans le monde : Université de Mons (BE), Materia Nova (BE), Université de Linköping (SE), Ionautics (SE), Fraunhofer IST (DE), Cemecon (DE), MELEC GmbH (DE), Starfire Industries (US).
Contacts : [email protected] / http://www.HEHpowerlab.be
MOTS-CLÉS
VERSIONS
- Version archivée 1 de oct. 2013 par Matthieu MICHIELS, Stephanos KONSTANTINIDIS, Rony SNYDERS
DOI (Digital Object Identifier)
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Présentation
5. Conclusion
Les plasmas froids permettent d’obtenir, avec une faible quantité de matière première, une surface très spécifique, sans employer de produits chimiques dangereux, toxiques ou polluants. Cependant, ils nécessitent encore actuellement l'emploi de technologies de vide contraignantes pour des procédés industriels.
Apparue dans les années 1990, la technologie HiPIMS permet de produire des plasmas froids fortement ionisés favorisant la synthèse de matériaux en films minces aux propriétés nouvelles ou améliorées. L’application d’impulsions de haute puissance à faible rapport cyclique permet d’éviter un échauffement moyen trop important de la cible. Par ailleurs, en appliquant des impulsions de courte durée, la décharge est entretenue sans apparition d’arcs intempestifs, nuisibles à la qualité du film en croissance. L’énergie fournie aux ions et aux électrons du plasma pendant de courtes impulsions permet la croissance de films plus denses. Par exemple, le secteur de la microélectronique pourrait profiter de cette technologie, pour le développement de couches denses semi-conductrices capables de fonctionner à des températures élevées, supérieures à 600 °C.
La production de plasmas fortement ionisés peut être obtenue par d’autres techniques telles que l’évaporation par arcs, le dépôt par laser pulsé, ou la pulvérisation DC classique équipée d’une spire RF. Dans le cas de l’évaporation par arcs, des problèmes de stabilisation et de mouvement des arcs à la surface de la cible apparaissent, des microgouttelettes peuvent être éjectées de la cible, réduisant de manière drastique la qualité des films en croissance. La pulvérisation haute puissance, quant à elle, ne requiert aucun composant externe, comme l’utilisation d’une spire RF, ne nécessite pas de chauffage supplémentaire du substrat, ne produit pas de macro particules, et permet la production de films sur de grandes surfaces.
L’inconvénient majeur de cette technologie, pour certains domaines d’application, reste la vitesse de dépôt, plus faible (jusqu’à un facteur 10) que celle du DCMS. Or, dans certains cas, ce facteur revêt une moindre importance en regard de la haute valeur ajoutée des couches synthétisées (ex. : dans le domaine de la micro-électronique). Un autre inconvénient concerne l’investissement nécessaire pour l’implantation de cette technologie en milieu industriel. En effet, le...
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Conclusion
BIBLIOGRAPHIE
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