Logo ETI Quitter la lecture facile

En ce moment

44 bactéries pathogènes et 78 contaminants dans les huîtres

Posté le par Matthieu Combe dans Environnement

Une nouvelle étude révèle des résultats inquiétants : la présence généralisée de bactéries pathogènes et de microdébris d'origine humaine dans les huîtres en Birmanie. Ces résultats pourraient s’appliquer à d’autres parties du monde et suscitent des inquiétudes pour la santé humaine et l’environnement.

Une équipe internationale de chercheurs menée par l’Université de Californie à Irvine a étudié la pollution sur neuf récifs coralliens dans l’est de la mer d’Andaman, au large de l’archipel de Mergui en Birmanie. Les résultats sont publiés dans la revue Science of the Total Environment.

Des bactéries et des microdébris à revendre

Sur les neuf sites, l’étude a exploré la présence de bactéries dans l’eau de mer, les sédiments et une espèce d’huître perlière marine, Pinctada margaritifera. Les chercheurs ont analysé les agents pathogènes en utilisant une technique de séquençage à haut débit de l’ADN de nouvelle génération. Celle-ci séquence un seul fragment d’ADN – le gène de l’ARN ribosomique 16S – et permet d’identifier rapidement de nombreux agents pathogènes. En comparant avec les libraires de données existantes, les chercheurs ont ainsi pu identifier 5 459 agents pathogènes humains potentiels appartenant à 87 espèces de bactéries. L’eau de mer en compte 67, les sédiments 60 et les huîtres 44.

Les chercheurs ont en plus examiné les microdébris dans les échantillons d’eau, de sédiments et de tissus d’huître pour 4 récifs coralliens. Pour chaque site, les chercheurs ont fait trois prélèvements et donc analysé 12 échantillons par compartiment via spectroscopie infrarouge. Sur un total de 1 225 microdébris détectés dans l’ensemble des échantillons, 646 ont ainsi pu être identifiés. Résultat : 199 microdébris ont été identifiés dans les huîtres, 351 dans l’eau de mer et 96 dans les sédiments.

Dans les huîtres, 48 % des microdébris étaient des polymères, majoritairement du polyéthylène et du polypropylène. En tout, les chercheurs ont détecté la présence de 78 types de matériaux d’origine humaine. Ces autres débris comptent des composants de carburants, de peintures, de cosmétiques et de lait en poudre. Les chercheurs s’inquiètent du fait que des restes de lait en poudre représentent 14 % des microdébris analysés.

L’urbanisation côtière montrée du doigt

L’archipel de Mergui reste assez rural, mais subit la pollution de Mergui, ville de 250 000 habitants située à environ 65 km. Les agents pathogènes et les microdébris trouvent leur origine dans les eaux usées et de ruissellement provenant de sources urbaines, agricoles et animales. L’urbanisation croissante des régions côtières pourrait entraîner la contamination d’importantes espèces de pêche à l’échelle mondiale, craignent les chercheurs.

La détection importante de restes de lait en poudre suggère l’influence directe des déchets humains et des eaux usées sur le niveau de contamination des huîtres. « Il y a de fortes chances que les résultats en Birmanie puissent s’appliquer à d’autres fruits de mer à travers le monde, prévient Douglas Rader, co-auteur et scientifique en chef du programme Océans de l’Environmental Defense Fund (EDF). Ces résultats mettent en évidence à la fois les risques de l’urbanisation côtière et l’importance d’une gestion adéquate des eaux usées et des eaux pluviales. »

Des risques à cerner davantage pour la santé humaine

Les huîtres birmanes et d’ailleurs sont généralement consommées crues et entières. La détection de 87 espèces de bactéries et de 78 contaminants différents, sans concentrations associées, ne permet néanmoins pas aux chercheurs de conclure quant à la nocivité pour l’homme. Ils appellent donc à des études complémentaires à plus grande échelle avec quantification pour mieux étudier les implications pour la santé humaine.

Plus de la moitié des exportations de fruits de mer en valeur proviennent de pays en développement, rappelle l’étude. « Il est important de garder à l’esprit qu’une grande partie de nos fruits de mer est importée de l’étranger, d’endroits susceptibles d’être contaminés, ce qui souligne l’importance à la fois de tests adéquats et d’améliorations de la qualité des eaux côtières dans le monde entier », prévient Raechel Littman, auteure principale et chercheuse postdoctoral en écologie et biologie évolutive à l’Université de Californie à Irvine.

Pour aller plus loin

Posté le par Matthieu Combe

Les derniers commentaires


Réagissez à cet article

Commentaire sans connexion

Pour déposer un commentaire en mode invité (sans créer de compte ou sans vous connecter), c’est ici.

Captcha

Connectez-vous

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.

INSCRIVEZ-VOUS
AUX NEWSLETTERS GRATUITES !