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5G : un déploiement à haut risque?

Posté le par Philippe RICHARD dans Informatique et Numérique

Les inventions et les innovations ont toujours suscité craintes et espoirs. La 5G n’y échappe pas entre risques sanitaires et menaces sur la confidentialité des données et risque d’attaques informatiques ciblant des industriels.

La 5G inquiète les Français selon une étude Oracle/Odoxa menée en septembre. Plus d’un sur deux estime que la mise en place de la 5G en France ne devra se faire qu’une fois que son impact environnemental et sanitaire aura été pleinement étudié. 74 % des Français craignent aussi pour l’utilisation malveillante ou le piratage des données personnelles.

Comme toute invention, la 5G est confrontée à une opinion mitigée. Rappelons que lorsque le chemin de fer est apparu au XIXe siècle, le train était jugé mauvais pour les yeux et les femmes enceintes. Avant de devenir incontournable, l’électricité était source de méfiance.

La première crainte concerne la multiplication des antennes sur le territoire. « Dans un premier temps, nous installerons les équipements 5G sur les antennes 4G existantes. Il n’y aura donc aucune nouvelle antenne pendant plusieurs années, en dehors de celles prévues dans le cadre du « New Deal Mobile″ », assure aux Echos Nicolas Guérin, président de la Fédération Française des Télécoms.

On peut également s’interroger sur les effets des ondes émises sur la santé. En octobre 2019, l’Anses a remis son rapport préliminaire autour des risques sanitaires liés à la 5G. L’Agence sanitaire indiquait que « peu de publications ont étudié les effets d’exposition à des fréquences comprises entre 3 et 6 GHz, déjà utilisées pour les connexions par satellite ou encore le Wi-Fi par exemple ».

Pas d’effets sanitaires spécifiques de la 5G

La principale question est de savoir si l’on peut extrapoler les données nombreuses jusqu’à 2,5 GHz sur les 3,5 GHz. Pour l’instant, l’Anses n’a pas de réponse tranchée car la situation est plus complexe à étudier. Avec le passage de la 4 à la 5G, « on va passer d’une exposition relativement stable dans l’espace et le temps à une situation ou les antennes vont pouvoir focaliser les émissions », avec donc une « variabilité dans le temps et l’espace », précise dans NextInpact Olivier Merckel, responsable de l’unité évaluation des risques liés aux agents physiques de l’Anses.

En France, le dernier rapport sur ce sujet est le fruit « des travaux conduits par la mission sur le plan national et international au cours des mois de juillet et d’août 2020, notamment sur la base d’un questionnaire diffusé aux services économiques régionaux de 22 pays et relayé par l’OMS à ses 40  correspondants dans le domaine des radiofréquences ».

Selon ce rapport publié en septembre dernier(1), « il n’existe pas, selon le consensus des agences sanitaires nationales et internationales, d’effets néfastes avérés à court terme, c’est-à-dire d’effets thermiques délétères sur les tissus […] ni dans le grand public, ni chez les travailleurs ».

Les autorités sanitaires et de contrôle concluent donc de manière concordante à une absence d’effets sanitaires spécifiques de la 5G en dessous des valeurs limites d’exposition.

Le cyberespionnage, dans le collimateur

La seconde crainte liée au déploiement de la 5G concerne les risques d’espionnage. De nombreux pays ont « blacklisté » le géant chinois des équipements télécoms Huawei. Le passé militaire de son fondateur, son appartenance au Parti communiste et une culture d’entreprise opaque chez Huawei ont alimenté les soupçons sur l’influence du régime chinois.

En France, le géant chinois ne fait pas l’objet d’une interdiction totale du marché de la 5G, mais les opérateurs nationaux sont plus qu’invités à faire appel à d’autres équipementiers…

Autre risque : des vols ou des fuites de données sensibles (à caractère personnel ou liées à la santé). Ce n’est pas l’augmentation du débit offert par la 5G qui est à l’origine de ces craintes. Ce n’est pas parce qu’on pourra regarder plus confortablement sa série en streaming que l’on sera plus souvent piraté.

Que l’on utilise un smartphone 4 ou 5G, il est indispensable d’appliquer les mêmes règles de base en matière de sécurité : être vigilant lorsqu’on reçoit des SMS incitant à cliquer sur un lien et lorsqu’on installe une application (s’assurer que ce n’est pas un clone malveillant), faire des mises à jour et des sauvegardes régulières…

Attaques contre des industriels

Les menaces concernent les entreprises. Le réseau 5G permettra de connecter un grand nombre de capteurs. Des secteurs tels que la santé, la logistique, l’énergie et l’électricité en seront les principaux utilisateurs.

Dans une enquête mondiale réalisée en 2019, au moins 80 % des responsables de la cybersécurité et de la gestion des risques sont convaincus que le déploiement des réseaux 5G entraînera pour leurs entreprises des problèmes de cybersécurité accrus.

L’intégration de milliards de petits dispositifs connectés va en effet introduire de nombreuses vulnérabilités. De très nombreux objets connectés (professionnels et grand public) sont piratables. Les attaques DDoS (envoi massif de requêtes pour saturer un serveur ou une machine pour qu’il soit inaccessible) basées sur l’Internet des objets et les autres attaques qui exploitent les vulnérabilités des applications devraient augmenter.

Indirectement, le grand public pourrait être concerné. Diverses possibilités d’atteinte à la vie privée pourraient apparaître, notamment le vol et la compromission de données médicales ou d’identité.

« Les applications de e-santé collecteront des données sur le bien-être des utilisateurs, les services de voiture connectée suivront les mouvements des utilisateurs et les applications de ville intelligente collecteront des informations sur la vie des utilisateurs. Ce volume sans cesse croissant de données à caractère personnel devra être protégé contre les violations et le vol », prévient Xavier Duros, CTO France de Check Point Software, un éditeur israélien spécialisé dans la cybersécurité.

(1) Rapport publié par le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), le Conseil général de l’économie (CGE), l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’Inspection générale des finances (IGF).

Pour aller plus loin

Posté le par Philippe RICHARD


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