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Reportage

Les compagnies pétrolières s’éloignent de l’Algérie

Posté le par Pierre Thouverez dans Énergie

L’Algérie a subi la semaine dernière une nouvelle attaque armée contre une de ses installations gazières. Les compagnies pétrolières British Petroleum et Statoil ont décidé de retirer « temporairement » leur personnel.

Cette attaque n’est pas la première. Déjà en 2013, le site gazier d’In Amenas avait été l’objet d’une prise d’otage de groupes terroristes venus de Libye qui a duré 3 jours et fait 37 morts. Les compagnies pétrolières avaient alors annoncé un renforcement drastique des mesures de sécurité, déjà importantes pour leur personnel expatrié.

Cette nouvelle agression a poussé les compagnies BP et Statoil à rapatrier leurs employés, considérant que la situation sécuritaire n’est plus acceptable. Une annonce qui ne va pas améliorer l’image du pays, qui éprouve toutes les difficultés du monde à attirer les investisseurs.

Sécurité

La sécurité de l’Algérie inquiète les compagnies qui projettent d’y investir en raison de l’instabilité qui règne dans la région, et notamment chez le voisin libyen dont la situation intérieure est un chaos depuis l’intervention militaire menée par la France pour écarter l’ancien dirigeant, Mouammar Kadhafi. L’armée algérienne n’a pas les moyens de contrôler les quelques 1 000 kilomètres de frontière entre les deux pays, et des groupes terroristes parviennent à passer pour perpétrer leurs actions sur les installations gazières algériennes, poumon économique du pays.

Dépendance

Attaquer le gaz, c’est viser la ressource fondamentale de l’économie algérienne. Les hydrocarbures pèsent 95% des exportations, 60% du budget national, et 25% du PIB algérien selon le Fonds Monétaire International (FMI). Avec la chute des cours, les revenus de l’export sont passés de 60,3 à 35,7 milliards de dollars en l’espace d’une seule année. De fait, le pays subit de plein fouet la crise pétrolière, d’autant plus que les investisseurs boudent le pays en raison de sa législation contraignante.

Dirigisme

Surfant sur un prix du baril qui atteignait des sommets, Alger a durci en 2006 sa loi réglementant les hydrocarbures. Il est ainsi institué que la compagnie nationale, la Sonatrach, détienne au moins 51% des parts dans tous les projets du pays. De fait, le groupe public algérien produit 80% du gaz algérien. Une taxe additionnelle sur les profits a également été introduite, ce qui a réduit l’attractivité du secteur pour certains investisseurs. D’autres problématiques liées à l’administration et au système bancaire ont fini de rendre le pays non-attractif. Un état de fait symbolisé par l’échec de l’appel d’offres de 2014, pour des concessions pétrolières et gazières. Seuls 4 des 31 blocs proposés ont trouvé acquéreur. Un autre appel d’offres, prévu lui fin 2015, a été annulé.

Pour contourner cette difficulté, la Sonatrach a confirmé entretenir des négociations bilatérales avec d’autres compagnies pour développer ces blocs. Une approche moins transparente, qui avait dans le passé conduit à des scandales de corruption.

Avenir incertain

Premier producteur africain de gaz, deuxième fournisseur européen derrière la Russie, l’Algérie tient un rôle important dans la région.

Avec 4 500 milliards de mètres cube de réserves, dont 2 400 mds m³ situés dans le méga champ de Hassi R’mel, l’Algérie détient la 11ème place mondiale en termes des réserves de gaz naturel conventionnel, et occupe aussi la 3ème place mondiale en termes des réserves du gaz de schiste techniquement récupérables qui avoisinent les 20 000 mds m³, selon l’EIA. Pour autant, le pays va devoir continuer à faire face à une situation de faible cours du pétrole, et ce, alors qu’il devra également relever deux défis majeurs : l’avènement de l’ère post-Bouteflika et la menace terroriste.

Romain Chicheportiche

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Posté le par Pierre Thouverez


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