Logo ETI Quitter la lecture facile

Tribune

Le solaire PV génère-t-il vraiment davantage d’emplois que le nouveau nucléaire EPR ?

Posté le par Pierre Thouverez dans Énergie

Quel projet génère le plus d’emploi ? Le projet d’EPR d’Hinckley Point C en Grande-Bretagne à 14 cents/kWh (on parle ici de cents US) ou celui de parc solaire PV à Dubaï à entre 3 et 4,5 cents/kWh ? La thématique emploi et énergie est sensible et fait l’objet de lourdes manipulations par les lobbies et les partis politiques. Mise au point.

« Le soleil n’envoie pas de facture ». Tel est le slogan du prospectiviste américain Jeremy Rifkin, formule propagée par les lobbyistes du solaire dans le monde entier. En toute logique il n’envoie donc pas de bulletins de salaire. Une vérité qui dérange ?

Selon une étude de PricewaterhouseCoopers Advisory pour Areva datant de mai 2011, la filière  nucléaire en France pèse 125 000 emplois directs et 285 000 emplois indirects (y compris les emplois induits par les revenus), soit un total correspondant à 2% de l’emploi total en France. Ceci pour un parc de 63 GW, soit 6,5 emplois par MW installé. Le capital de ce parc électro-nucléaire est déjà amorti, le coût de production actuel du kWh du nucléaire dit « historique » (environ 6 c€/kWh) et les emplois correspondants sont donc principalement liés au volet Opération et Maintenance (O&M).

Dans un rapport datant de 2008 et reposant sur des données encore plus anciennes, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) soulignait que « les énergies renouvelables créent davantage d’emplois par dollar investi, par unité de capacité installée et par unité d’électricité générée que les centrales électriques conventionnelles ».

C’était vrai avant 2008, autrement dit durant la pré-histoire des EnR.  Mais dans un rapport de 2013 (http://www.irena.org/rejobs.pdf, page 44) l’Agence Internationale des Energies Renouvelables (IRENA) fait écho d’une étude réalisée par Greenpeace International et l’EPIA (devenue depuis «SolarPower Europe») où la question de l’emploi est traitée avec un angle différent : « Les années récentes ont connu une grande progression de la productivité » écrivent les co-auteurs. « Les estimations initiales de 50 emplois par MW en 2006 ont été revues à la baisse à 43 emplois en 2007, 38 en 2008 et 30 en 2011. »

L’évolution du nombre d’emplois par unité de puissance installée est corrélée au coût de production (LCOE, Levelized Cost Of Electricity) du kWh, ce dernier constitue ainsi un intéressant proxy.  Le LCOE du PV s’étant massivement et spectaculairement effondré entre 2011 et aujourd’hui, on peut alors extrapoler une baisse tout aussi massive du nombre d’emplois par MW. Il est possible que le solaire PV génère aujourd’hui moins de 10 emplois par MW nouvellement installé. Une mise à jour régulière des données est nécessaire pour que le débat énergétique soit rigoureux.

«  Le prix de la techno PV baisse selon la loi de Moore, tandis que  la filière aval (conception, installation, finance) est emploi intensive » estime de son côté Richard Loyen, président d’ENERPLAN, le syndicat des professionnels du solaire. Confirmant ainsi une baisse massive des emplois au niveau de la partie amont de la chaîne de valeur.  Mais même en aval des progrès en matière de réduction de la charge salariale sont réalisés. Par exemple les robots Krinner (voir la vidéo) utilisés lors de la construction de la plus grande centrale solaire d’Europe en Gironde ont permis de réduire la main d’oeuvre, et ainsi d’améliorer la compétitivité. Il est fort probable que des progrès soient également réalisés au niveau de la conception (bureaux d’étude) et du montage financier.

D’après les experts la tendance à la baisse des coûts du PV (ainsi que du stockage batterie associé) va se poursuivre et même atteindre un niveau proche de zéro. La société du coût marginal zéro, selon la formule du prospectiviste américain Jeremy Rifkin, est une société très efficiente, à très haute productivité. « Le prix de l’électricité solaire sera « presque » nul dans une dizaine d’années » estime l’ingénieur André Joffre dans un entretien publié le 9 mai 2016 dans l’édition catalane du quotidien L’Indépendant.

Tony SebaPlusieurs analystes partagent cette vision d’un coût du solaire tendant vers zéro, comme par exemple le professeur de Stanford University Tony Seba (auteur du livre « Clean Disruption of energy and transportation »), l’informaticien et futurologue Ramez Naam auteur du livre The Infinite Resource: The Power of Ideas on a Finite Planet (How Cheap Can Solar Get? Very Cheap Indeed), le directeur de l’ingéniérie chez Google Ray Kurzweil (Solar Will Power the World in 16 Years), le fondateur de Green Power Academy Nadim Chaudhry (The Solar Tsunami: it’s starting in the sun belt and it will spread towards the poles) ou encore Tam Hunt, fondateur de Community Renewable Solutions LLC, auteur du livre « Solar: Why Our Energy Future Is So Bright » et à l’origine du concept de « Solar Singularity ».

L’idéal serait de parvenir à mettre au point des capteurs solaires à durée de vie quasi-infinie et à très faibles besoins en maintenance permettant ainsi d’atteindre le Saint Graal. Une électricité presque gratuite. Et donc presque zéro emploi. A noter dès à présent que le volet O&M du solaire PV ne générait il y a 6 ans qu’environ 0,2 emploi par MW aux USA selon une étude du National Renewable Energy Laboratory (NREL) publiée en 2010 et citée par l’IRENA. Soit beaucoup moins que le nucléaire français. Pas de combustible à extraire et à transformer, pas d’installations complexes à gérer et à surveiller, pas de déchets à traiter. Le solaire PV, une fois le capital amorti, consomme très peu d’heures de travail humain.

Adopter une approche holistique

La quasi-gratuité de l’écosystème reposant sur l’énergie de flux solaire sera bien entendu catastrophique pour l’emploi dans le secteur de l’énergie mais en revanche très positive pour le reste de l’économie. Elle permettra en effet de baisser les coûts de production de l’ensemble des industries (comme par exemple la sidérurgie et l’automobile), les rendant ainsi plus compétitives et donc potentiellement créatrices de nouveaux emplois. Mais aussi de réduire les dépenses des familles pour se chauffer, s’éclairer et se déplacer en véhicule électrique. La facture « carburant » sera alors proche de zéro. L’argent économisé pouvant alors être dépensé ailleurs et ainsi stimuler d’autres secteurs tels que l’industrie textile, la restauration ou le tourisme.

En outre une énergie devenue gratuite correspond à un EROI (taux de retour énergétique) devenu très élevé, ce qui est très positif sur le plan environnemental.  Il convient donc d’appréhender la problématique énergie / emploi de manière holistique, dans une perspective d’intérêt général, et non pas à travers le prisme restreint de l’intérêt particulier de telle ou telle industrie.

« Je n’aime pas les approches « pro-emploi » » a affirmé  début 2016 Michael Liebreich, Chairman de Bloomberg New Energy Finance (BNEF) dans le cadre d’un entretien avec Zachary Zahan, fondateur du site Cleantechnica. Les politiques dont la finalité est de créer de l’emploi dans le secteur de l’énergie, et bien elles créent de l’emploi, mais au final bien moins que les politiques construites dans une perspective d’efficience. On peut créer des emplois consistant à ce que les employés creusent un trou toute la journée dans la terre, puis le rebouchent le soir, puis recommencer le lendemain. Certains fonctionnaires considérés comme « planqués » tombent dans cette catégorie. On ne peut ni nier que cela crée effectivement de l’emploi, ni nier que c’est absurde et au final destructeur pour l’économie d’un pays si ce genre de politiques est généralisée.

 « Le manque de culture économique est très coûteux pour notre nation » explique le prix Nobel d’économie français Jean Tirole dans un entretien publié par le magazine Challenges le 7 décembre 2014. « Beaucoup de nos concitoyens (et les médias avec eux) se focalisent sur le drame (réel !) de victimes identifiables d’un licenciement collectif en oubliant celui d’un nombre bien supérieur de chômeurs, anonymes ceux-là, qui sont victimes de la non-création d’emplois, et donc du système. »

Un manque de culture économique, mais aussi le fruit d’une démagogie électoraliste de certains responsables politiques.  Il est en effet fréquent d’entendre en France des personnalités, comme par exemple Nicolas Sarkozy (Les Républicains) et Emmanuel Macron (Parti Socialiste), mettre en avant un coût selon eux très bas de l’électricité nucléaire, tout en indiquant que c’est une industrie très pourvoyeuse en emplois. Ce n’est pas cohérent. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.

« J’ai fait un rêve »

La même approche, intellectuellement bancale, est utilisée par certains promoteurs du solaire. C’est par exemple le cas de Gregory Lamotte dans une courte tribune publiée sur le blog Tecsol le 7 mai 2016. D’un côté cet entrepreneur reproche à juste titre aux politiques de ne pas mettre à jour  leurs données sur le coût du solaire PV et rappelle que « les Anglais vont acheter par contrat pendant 35 ans l’énergie Nucléaire de EPR a 120 €/MWh alors que partout en Europe et dans le mode, l’énergie Eolienne et Solaire est achetée 70 €/MWh maximum. » Mais d’un autre côté  le patron de la start-up Comwatt dénonce le dogme selon lequel nucléaire serait bon pour l’emploi : « Autre exemple, quel est l’autre préoccupation centrale des Français ? L’emploi. Une idée aussi bien ancrée nous annonce que le nucléaire, c’est bon pour l’emploi. Une étude de l’OCDE nous indique que pour produire la même quantité d’énergie, le solaire nécessite 6 fois plus de main d’œuvre locale. »

Il n’est pas cohérent d’affirmer que le solaire coûte aujourd’hui presque deux fois moins cher que le nouveau nucléaire et en même temps que ce dernier génère 6 fois moins d’emplois que le premier. Facteur 12. Il y a un hic dans le potage.

« Nos politiques disposent souvent de données anciennes et comme les énergies renouvelables évoluent très vite, nous prenons souvent des décisions à contre sens » constate avec justesse Gregory Lamotte. «  J’ai fait un rêve, qu’il était possible de mettre à jour nos politiques comme on met à jour les applications des téléphones, afin de les aider à prendre les bonnes décisions. »  Alors prenons garde de charger une appli élaborée de façon tout aussi rigoureuse en matière de coût que d’emplois générés.

«  Pourquoi subventionner le nucléaire si c’est pour observer les coûts augmenter à chaque nouvelle génération ? » interroge ce spécialiste en optimisation de l’autoconsommation photovoltaïque. Si l’on veut vraiment créer artificiellement de l’emploi dans le secteur de l’énergie (en asphyxiant le reste de l’économie), subventionner le nucléaire est cohérent.  « Si l’on souhaite privilégier l’emploi des Français, les renouvelables s’imposent » ajoute l’entrepreneur. C’est vrai, car les filières EnR efficientes seront une source de prospérité à l’échelle de l’économie globale, et commencent dès à présent à l’être dans certaines régions du monde, du fait que ce sont des filières qui vont devenir de moins en moins consommatrices en heures de travail. Soit exactement le contraire du contenu de la leçon donnée par Gregory Lamotte.

Un paradoxe apparent à expliquer avec pédagogie

Illustration 4Le 13 janvier 2016 Pascal Tebibel, le directeur de la prospective et des relations institutionnelles du Groupe Colas, a envoyé à GreenPeace International un message mettant en avant la création d’emplois grâce au projet de route solaire Wattway développé par cette filiale du groupe Bouygues. Appelant ainsi implicitement cette grande ONG internationale à soutenir leur innovation au nom de l’emploi. La Ministre de l’écologie Ségolène Royal a également mis en avant le même argument pour promouvoir cette nouvelle filière, faisant totalement l’impasse sur une approche coûts-bénéfices.

Cette route solaire, étant extrêmement  coûteuse, créé en effet davantage d’emplois par unité de puissance installée que le solaire standard au sol. Elle n’en demeure pas moins intrinsèquement inefficiente et donc contre-productive sur les plans écologique, économique et donc social.

Il est essentiel de comprendre ce paradoxe apparent pour prendre les bonnes décisions que Gregory Lamotte appelle de ses vœux : moins d’emplois dans le secteur de l’énergie, et donc une énergie moins coûteuse, cela permet de générer de manière indirecte d’autres emplois ailleurs dans l’économie.

Brasser le bon vent

Voici enfin un second tabou qu’il convient aussi de briser : bien séparer le bon grain de l’ivraie en matière de filières EnR. Toutes les EnR ne sont pas à mettre dans le même panier, certaines filières constituent des aberrations tant sur le plan de l’EROI (et donc au niveau du bilan écologique)  que du coût, les deux étant d’ailleurs liés.

Si l’hydroélectricité, le grand solaire au sol et l’éolien terrestre dans les régions bien ventées sont des filières aujourd’hui vraiment très pertinentes, formant ensembles le trio symbiotique Wind Water Sun prôné par Mark Jacobson de Stanford University, ce n’est ni le cas de la route solaire prônée par Ségolène Royal,  ni de la « SmartFlower » d’EDF, ni du très coûteux hydrolien, ni enfin de l’arbre à vent NewWind  prôné par Arnaud Montebourg.

Illustration 3L’ancien ministre du « redressement productif », par ailleurs très pro-nucléaire,  se fait l’avocat de cette forme de micro-éolien particulièrement coûteuse, depuis la COP21 jusqu’à la conférence intitulée « Slow is powerfull » : rupture technologique et modèle économique disruptif dans l’éolien et l’hydrolien » qu’il donnera le 31 mai 2016 à l’occasion du «  Smart Energy Summit Paris » parrainé par ERDF et RTE (François Brottes).  Au programme de cette conférence dont le titre est manifestement inspiré du concept « Small is beautifull » (1973) de l’économiste Ernt Friedrich Shumacher et dont la formulation marketing vise semble-t-il à séduire les personnes appréciant les approches d’autonomie énergétique et de décentralisation : « Miser sur les écoulements lents comme source de puissance » et « Changer de paradygme (sic) avec des gisements d’énergie diffuse quasi illimités ».

Il ne suffit pas d’afficher des mots et des formules a priori sexy et modernes pour rendre une technologie économiquement et écologiquement pertinente. Comme le rêve Gregory Lamotte, chargeons la bonne appli. Les lois de la physique ne peuvent pas être changées par Arnaud Montebourg, et ceci en dépit de son talent d’orateur et de son charisme : la production électrique d’une éolienne varie à la puissance trois de la vitesse du vent et cette dernière est bien plus faible  au niveau du sol qu’à 100 mètres d’altitude. A fortiori en milieu urbain. En outre l’architecture du très romantique arbre à vent conduit à un ratio énergie produite / matière consommée (métal, câblages) médiocre comparativement aux micro-éoliennes standards, ces dernières étant pourtant déjà bien moins performantes que les grandes éoliennes.

La France, engoncée dans la filière atomique, a déjà perdu énormément de temps en matière de compétitivité EnR, n’aggravons pas ce retard avec de lourdes erreurs d’aiguillage et avec des pseudos-solutions et autres bling-blingueries servant à tenter de camoufler ce retard…Ou plutôt à tenter de freiner (« écoulement lent ») l’émergence des vraies solutions EnR qui font de l’ombre aux rentiers des vaches à lait nucléaires en place et qui veulent rester « source de puissance » le plus longtemps possible.

Le temps, c’est de l’argent.

Olivier Daniélo 

Pour aller plus loin

Posté le par Pierre Thouverez

Les derniers commentaires

  • Le discours d’ Olivier D. est très orienté pro-solaire/vent (bien qu’on le remercie de son analyse de NewWind, et des fleurs solaires d’EDF, gadgets couteux et inefficaces). On est tous d’accord que la création d’emplois est un sujet connexe ici alors pourquoi ce titre? Pour attirer le lecteur? Le vrai sujet est le prix du kWh, et je suis tout de même désolé, le kWh ‘crête’ en plein été à midi est quasi nul peu-être, mais une fois pris en compte le stockage d’énergie à grande échelle c-a-d pas seulement pour allumer des ampoules d’un jour sur l’autre, ou même pour allumer cette ampoule au 10 Janvier avec le soleil du 15 Juillet, mais emmagasiner l’ énergie de tout l’été pour se chauffer, se transporter … etc (vivre) l’hiver, alors les batteries de tout poil sont hors sujet. Dans l’état actuel, oui comme le dit Jean F. il n’y a comme solution que la réaction de Sabatier . Ce n’est pas impossible à réaliser mais tout de suite çà change totalement les prix. (On oublie les lacs de Norvège et de Suède déjà saturés par les éoliennes Danoises et les piles à combustibles qui vous explosent à la figure et ont aussi un rendement global à faire rigoler).
    Par ailleurs: « Son efficacité était de 8,55 % en 1976 et de 8,2% en 2011. Une chute de seulement 0,35 point 35 ans après, un tiers de siècle »! 0.35 point(!), c’est tout de même du 4.2% de réduction. C’est le genre de manipulation de chiffres qui fait se méfier. Aussi, en 35 ans peut être, mais ceci sur un exemple ! Désolé, on ne fait pas de statistique avec un point, on parle ici de grand nombres, puisque l’unité d’énergie concernée est le TWh. On attend donc des statistiques un peu plus ‘solides’, basées sur 100, 1000, ou 10000 cas .

  • Réponse à Jean Fluchère (ex-directeur régional d’EDF Rhônes-Alpes, et ex-directeur de la centrale nucléaire du Bugey):

    1 – Contrairement aux filières énergétiques non durables basées sur l’exploitation de mines d’uranium à l’étranger, de charbon ou de puits de pétrole, il n’est pas utile de dépenser du temps humain pour extraire l’énergie solaire : le flux de notre étoile inonde directement les capteurs solaires, et ceci est possible partout sur notre planète. C’est une différence fondamentale.

    2 – Concernant la faisabilité d’un mix électrique à haut niveaux en solaire et en éolien (« Du Daniélo pur jus » selon Jean Fluchère), voici ma réponse
    http://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/80-de-renouvelables-ne-poseront-aucun-probleme-au-reseau-electrique-allemand-34454/

    3 – A propos de la durée de vie du PV : une ancienne cellule solaire a été installée en 1976 (cellule « TSG MQ 36/0 » d’ AEG-Telefunken) et continue toujours aujourd’hui de produire de l’électricité : Son efficacité était de 8,55 % en 1976 et de 8,2% en 2011. Une chute de seulement 0,35 point 35 ans après, un tiers de siècle. Référence : http://www.presse.uni-oldenburg.de/einblicke/54/files/assets/downloads/page0009.pdf « Both the short-circuit current and the open-circuit voltage were just three percent below the original values, while the fill factor was actually two percent above it. The efficiency, ultimately the decisive factor, was four percent below the values specified by the manufacturer ». La durée de vie de la centrale solaire de Cestas (300 MW, la plus grande d’Europe) est estimée par Neoen à une cinquantaine d’années. PV Cycle (http://www.pvcycle.org/) récupère et recycle les panneaux en fin de vie.

    Peut être que dans le futur nous parviendrons à une durée de vie des cellules PV de l’ordre du siècle, c’est-à-dire quasi-infinie, ceci dans le sens que cette durée permettra d’atteindre un coût du KWh PV proche de zéro. « L’idéal serait de parvenir à mettre au point des capteurs solaires à durée de vie quasi-infinie et à très faibles besoins en maintenance permettant ainsi d’atteindre le Saint Graal. Une électricité presque gratuite. Et donc presque zéro emploi. » Jean Fluchère n’a manifestement pas compris cette phrase qu’il mentionne dans son commentaire (ou plutôt fait semblant de ne pas comprendre), par ailleurs en la déformant : « l’hypothèse que le panneau PV a une durée de vie infinie ce qui ferait beaucoup rire Einstein lui-même et tous les grands physiciens car c’est l’énergie du photon incident qui arrache un électron au matériau du panneau et le fait vieillir inexorablement. » A aucun moment a été nié dans l’article que les cellules PV vieillissent, d’où l’emploi du mot « quasi », éliminé par Jean Fluchère. S’approprier post-mortem le rire d’Einstein est un procédé qui témoigne d’une mentalité pour le moins particulière.

    Je profite de ce post pour partager le mail reçu de la part d’un expert énergie :

    « J’aime bien ton papier dans techniques-ingénieur sur le solaire, le nucléaire et l’emploi – il faut prendre garde aux illusions et s’interroger sur la cohérence des arguments. Ceci étant, si l’on compare renouvelables et fossiles plutôt que nucléaire, je pense qu’il est possible d’avoir plus d’emploi malgré des coûts moindres, car dans le coût des fossiles il y a d’importantes rentes (qu’on peut analyser comme rente de rareté à la Hotelling, ou comme rentes différentielles – différence entre un pétrole light extrait en Arabie saoudite et un extra-lourd ou un off-shore profond). Dans les renouvelables (et pour l’essentiel aussi dans le nucléaire) il y a moins de rentes et plus de travail (et de capital, mais chacun sait depuis Marx que le capital est du travail mort, donc c’est pareil). Qu’en penses-tu ? »

    La réponse à ce message constructif fera prochainement l’objet d’un article.

  • Du Danielo pur jus!

    Le soleil n’envoie pas de facture. Le vent non plus, l’eau non plus. Toutes les énergies renouvelables, fossiles et fissiles sont gratuites. Il suffit d’aller les chercher. La nature ne nous fait pas payer le pétrole, le gaz , le charbon, l’uranium et le thorium. Pas plus que le vent, le soleil et l’eau.
    Pourtant il y a des zones considérables où l’eau coûte très cher et d’autres où elle est abondante.

    Rifkin et ses Rifkinades est devenu un maître à penser de Danielo. Tout comme Greenpeace grand énergéticien devant l’éternel.

    Le solaire est gratuit donc l’électricité photovoltaïque est gratuite contrairement à l’électronucléaire. Sauf que l’électricité photovoltaïque ne peut pas se passer d’un soutien de puissance pilotable. Elle ne produit que 1200 h par an dans le sud de la France et 5 fois moins en hiver qu’en été. En outre, elle est produite quand il fait jour et que la luminosité est bonne.

    L’électricité est consommée 8760 heures par an. Où est donc l’électricité photovoltaïque pendant 7560 heures par an? Il suffit de la stocker me dira Monsieur Danielo. Et là, il faut faire des choses très coûteuses et manquant singulièrement d’efficience. L’exemple donné par l’étude ADEME du « power to gas et gas to power » à partir de la réaction de Sabatier a un rendement au mieux de 15 % et pas de 33 % comme le dit cet organisme. Cette valeur change tout en matière de production d’ENR intermittentes.

    Avez-vous réfléchi au fait que derrière une interface statique, on ne peut pas faire du réglage de fréquence. Le modèle d’éolienne de 8 MWe d’ENERCON a bien un dispositif mais il ne réagit qu’au bout de 5 minutes, c’est à dire un temps infini vis à vis du courant alternatif dont la fréquence est de 50 Hz.
    Le photovoltaïque n’a aucun dispositif.
    Ces deux ENR intermittentes n’ont pas de puissance de court-circuit. C’est à dire que l’on ne peut pas démarrer le moteur d’une pompe de STEP indispensable pour stocker de l’énergie.
    Ces deux ENR intermittentes ne peuvent pas faire du réglage de tension c’est à dire absorber du réactif ou en produire pour régler la tension. Il faut alors les doter de FACTS très onéreux.
    Enfin vous partez de l’hypothèse que le panneau PV a une durée de vie infinie ce qui ferait beaucoup rire Einstein lui-même et tous les grands physiciens car c’est l’énergie du photon incident qui arrache un électron au matériau du panneau et le fait vieillir inexorablement.
    Aujourd’hui, on dit qu’ils ont une durée de vie de 20 ans en oubliant de dire que leur puissance commence à décliner au bout de 10 ans.
    Mais le panneau est bien fabriqué quelque part en Chine par exemple avec de l’électricité carbonée. Et l’obligation d’achat à un tarif fixé par l’Etat rémunère le fabricant du panneau, son installateur, l’onduleur et j’en passe.
    Les opérateurs ENR intermittentes ont la belle vie: aucune obligation vis à vis du réseau électrique et des rendements financiers de + 10 % par an.
    Vous avez parlé de rentiers du nucléaire. Je pense que votre plume s’est égarée.
    Jean Fluchère

  • Vous faîtes bien de souligner qu »il convient d’ajouter le coût des outils de flexibilité (dont le stockage n’est que l’une des facettes). Ce qu’a fait par exemple la Deutsche Bank: le coût incrémental du stockage batterie ne sera que de +2c€/kWh dès 2020:
    > http://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/batteries-la-deutsche-bank-prevoit-une-baisse-massive-des-couts-durant-les-5-annees-a-venir-977/

    Et aussi l’Agence Internationale de l’énergie. Pour Maria van der Hoeven, directrice exécutive de l’AIE, « un système électrique transformé avec 45% d’éolien et de solaire dans la consommation annuelle – et donc 10 fois plus que dans la plupart des systèmes actuels – est un système qui est seulement 15% plus coûteux qu’un système qui ne possède pas du tout de solaire et d’éolien. Et cette petite augmentation de coût est estimée sur la base des coûts actuels des technologies et d’un prix modéré du carbone à 30 dollars la tonne. Dans le future l’éolien et le solaire auront un coût plus faible. Combiné avec une augmentation du prix de la tonne de carbone le surcoût du système pour des niveaux aussi élevé d’ENR-V peut être ramené à zéro. »
    http://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/integrer-de-hauts-niveaux-de-solaire-et-deolien-nest-pas-un-probleme-aie-741/

    Et enfin l’ADEME:
    > http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/04/09/une-france-avec-100-d-electricite-renouvelable-pas-plus-couteux-que-le-nucleaire_4613278_3244.html
    > http://www.territoires-energie-positive.fr/actualites/chassez-un-scenario-100-renouvelables-il-revient-au-galop

    Le coût (LCOE) de l’énergie est corrélé à l’EROI (taux de retour énergétique). Et c’est bien ce dernier le paramètre fondamental. La prospérité des sociétés humaines tout au long de l’histoire est liée à l’EROI. Dans le très pédagogique rapport de la Fondation Nicolas Hulot sur le solaire PV + stockage, réalisé sous la direction de l’économiste Alain Grandjean et réalisé par l’ingénieur X-Mines Nicolas Ott, on peut lire page 34:

    « Dans l’excellent livre de Deberi, Deléage et Hémery, « Une histoire de l’énergie », les auteurs
    expliquent que l’évolution de l’humanité s’est faite par l’acquisition de convertisseurs performants « économisant l’énergie humaine » pour d’autres tâches et permettant ainsi d’accéder à plus de ressources. Par exemple, la construction de bateaux à voile a permis de transporter des marchandises avec seulement 2-3 personnes là où il fallait avant une dizaine de rameurs en plus. L’énergie (principalement humaine) dépensée à construire le bateau à voile, permettait d’économiser beaucoup plus de travail humain puisque les rameurs pouvaient se consacrer à d’autres tâches non envisageables avant l’avènement du bateau à voile.  »

    L’invention de la navigation à voile a sans doute été une catastrophe pour le métier de rameur, mais pas du tout pour l’ensemble de l’économie, bien au contraire. Des convertisseurs de plus en plus performants permettent aux êtres humains d’économiser des heures de travail, autrement dit d’en disposer pour accomplir d’autres tâches. C’est cela la dynamique du progrès.

    Le rapport de la FNH souligne que l’EROI du solaire PV est dès à présent très pertinent dans une perspective de développement vraiment durable (ce qui n’était pas le cas il y a 5 ans et à fortiori il y a 10 ans), et que le stockage batterie ne l’impacte que très marginalement. Et que de plus les progrès vont se poursuivre, ce qui présage d’un avenir radieux.

  • Effectivement le rôle du secteur de l’énergie n’est pas de créer de l’emploi mais plutôt de fournir l’énergie nécessaire à la société.
    L’abondance d’énergie crée-t-elle de l’emploi dans les autres secteurs? Rien n’est moins sur. L’énergie sert avant tout à faciliter la vie des humains, à avoir moins de taches difficiles et physiques, donc à remplacer les hommes par des machines et améliorer la productivité; donc sans croissance elle crée du chômage. Et la croissance économique perpétuelle nécessiterait une croissance de la consommation d’énergie dont on sait bien qu’elle est impossible…
    Attention aux calculs de coût du solaire qui n’incluent généralement pas le coût du nécessaire stockage qui doit être associé. Sans système de stockage ou de report de consommation, les énergies variables non pilotables (éolien et solaire) viennent en plus, et non à la place des autres moyens de production qui sont seulement moins utilisés.

  • Merci pour vos encouragements 😉

    Il y a de mon point de vue trois phases :

    Celle d’il y a 5-10 ans où le solaire, alors coûteux, générait beaucoup plus d’emplois que les filières énergétiques traditionnelles.

    La seconde, phase de transition que nous vivons actuellement, où l’on approche (ou alors où l’on a déjà dépassé, ceci selon les filières et les régions) du point de croisement.

    La troisième, celle de la société (solaire) du coûté marginal zéro.

    Isabelle Kocher, CEO d’Engie depuis le 3 mai 2016, est en train d’entamer un plan (sur trois ans) de conversion des anciens métiers liés aux énergies non durables vers les métiers du solaire, du digital et du stockage, tout en travaillant à donner une vision, du sens, à expliquer avec pédagogie pourquoi ce changement est nécessaire. Elle estime que le bilan de cette révolution sera neutre sur le plan de l’emploi dans le moyen-terme. Etant donné qu’Engie vise aussi le marché international, si la France devient un leader des écotechnologies efficientes grâce à Engie, alors cela sera très positif pour l’emploi des Français.

    Ségolène Royal essaye d’attirer le groupe Tesla en lui proposant le site de Fessenheim (http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/04/06/20002-20160406ARTFIG00098-segolene-royal-veut-transformer-fessenheim-en-usine-tesla.php). Les pertes d’emplois liés à la fermeture de la centrale nucléaire seraient ainsi compensées par la création d’emplois dans l’industrie de l’automobile électrique. C’est la bonne approche à adopter.

    Il convient donc à mon avis de réaliser la transition énergétique dans cette dynamique de « compensation », seule formule socialement et politiquement tenable, tout en conservant à l’esprit la perspective de long-terme qui est celle d’un écosystème solaire à haute efficience énergétique, objet de l’article. Avec comme corrélat stopper les discours à la fois démagogiques car cette incohérence peut être très coûteuse pour les contribuables. Ségolène Royal, de mon point de vue, se plante avec son projet de route solaire, mais a tout bon avec son projet Tesla à Fessenheim. Si bien entendu son projet se concrétise et ne reste pas au stade d’annonce.

    Le secteur de la production d’énergie n’est pas le seul qui va connaître une augmentation de son « emploi-efficience ». L’arrivée des technogies permettant la conduite 100% autonome (vers 2020-2025 ?) et ainsi les services de mobility-on-demand (taxi-robots), va faire fondre non seulement la taille parc automobile mais aussi le marché des chauffeurs professionnels.

  • Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas lu un article aussi intelligent sur la prospective nucléaire/solaire. Assumer une baisse d’emploi à venir dans l’énergie pour favoriser le reste de l’économie est à mon avis l’axe à défendre pour la filliaire solaire car c’est la seule analyse objective qui tienne la route. Bravo M. Daniélo et ne lachez rien!
    Roland-


Réagissez à cet article

Commentaire sans connexion

Pour déposer un commentaire en mode invité (sans créer de compte ou sans vous connecter), c’est ici.

Captcha

Connectez-vous

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.

INSCRIVEZ-VOUS
AUX NEWSLETTERS GRATUITES !