Créée en 2023, la start-up U-Fast développe des antibiogrammes capables d’analyser en quelques minutes des échantillons de sang, contre un à deux jours actuellement. Un atout indéniable dans le traitement des septicémies et qui pourrait diminuer l’antibiorésistance de la population.
Afin de lutter contre l’antibiorésistance croissante, trois étudiants, Raindu Adikarigethamel, Asyan Kessi et Simon Revranche, de l’institut d’optique de Paris-Saclay, fondent en 2023 une nouvelle start-up, baptisée U-Fast, acronyme de Ultra Fast antibiotic susceptibility test. L’objectif ? Concevoir et fabriquer des antibiogrammes ultra-rapides, capables, en 15 minutes, d’identifier les antibiotiques efficaces, contre un à deux jours actuellement. Un atout majeur, quand les heures sont comptées, comme dans le cas de septicémies. Dans les cas d’infection grave, les médecins n’ont souvent pas le temps de trouver quel antibiotique est le plus adapté. Ils prescrivent alors un cocktail de médicaments qui, malheureusement, contribue à aggraver l’antibiorésistance. La technologie proposée par la start-up permet ainsi d’alléger la pression sur les hôpitaux et de réduire les coûts des tests et traitements.
Le projet, à la croisée de la biologie et de l’optique, trouve ses origines dans les travaux de recherche d’Abdel El Abed (Lumin) et Dominique Fourmy (LBPA, pour Laboratoire de biologie et pharmacologie appliquée). La machine développée par la start-up est au même format que celles utilisées habituellement. Elle analyse différents antibiotiques en parallèle en un temps très court, avec très peu de matériel génétique. Auparavant, il fallait cultiver les bactéries dans des boîtes de Petri avant de tester les médicaments un par un.
Une fois l’échantillon de sang examiné, elle envoie un rapport d’analyse qui indique les antibiotiques résistants ou sensibles. À l’heure actuelle, la technologie de la start-up atteint un TRL de 3-4. Elle sera mature d’ici deux à trois ans pour le marché privé. Pour le public, il faudra attendre 2030 et de nombreuses phrases de tests et de qualifications.
De nombreux soutiens
U-Fast est aujourd’hui financée uniquement par des subventions et des concours. Elle a notamment reçu 160 000 euros via le programme de prématuration du CNRS. 150 000 euros sont ajoutés par le plan France Relance 2030, dont l’un des objectifs est de lutter contre la septicémie. Ces financements sont dédiés en partie à la recherche et au développement, mais aussi à l’élaboration d’un deuxième brevet qui sera la clé de voûte de la technologie proposée par la start-up. Cela a également permis de recruter un post-doctorant à plein temps sur le sujet. Il vient renforcer l’équipe qui compte deux étudiants co-fondateurs, le troisième ayant abandonné le projet, ainsi que deux chercheurs. En parallèle, les cofondateurs continuent leur spécialisation : Asyan Kessi suit un parcours en optique et biologie à l’IFSBM de la Faculté de Médecine Paris-Sud, Simon Revranche a rejoint l’École polytechnique de Lausanne, tandis que Raindu Adikarigethamel poursuit ses études à HEC pour développer la dimension entrepreneuriale du projet, avec l’ambition d’intégrer la Station F. Pour l’instant, U-Fast est hébergée sur le plateau de Saclay et a reçu une offre d’incubation à Incuballiance, l’incubateur de deep-tech de Paris-Saclay. Aucune levée de fonds n’a encore eu lieu, mais elle sera inévitable pour passer à l’industrialisation, renforcer l’équipe marketing et commercialiser la solution auprès des hôpitaux.









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