Agrandir les capacités d’aéroports en France est contradictoire avec les objectifs climatiques du secteur aérien, affirme jeudi l’ONG Transport & Environment (T&E), au moment où des infrastructures comme Paris-Charles-de-Gaulle et Beauvais planifient des extensions.
Pour Jérôme du Boucher, responsable du secteur de l’aviation chez T&E France, « la décarbonation de l’aviation est déjà mal engagée en France. Si en plus les projets d’extension des aéroports voient le jour, le secteur n’aura plus aucune chance de respecter la trajectoire de baisse des émissions définie dans sa propre feuille de route », qui prévoit « zéro émission nette » à l’horizon 2050.
« Si les projets d’augmentation des capacités aéroportuaires étaient menés à terme, 45 millions de passagers supplémentaires pourraient transiter par les aéroports français en 2050, par rapport à un scénario où aucun projet ne serait réalisé », a indiqué T&E dans un communiqué.
Il s’agirait d’une hausse de 21,9% par rapport aux 205,8 millions de passagers aériens recensés l’année dernière par l’Union des aéroports français (UAF).
Pour T&E, qui s’appuie sur une analyse du cabinet de conseil Carbone 4, cette augmentation « correspondrait également à environ 32% d’émissions en plus de CO2 en 2050, par rapport à un scénario sans ces projets » d’infrastructures.
Le gestionnaire du premier aéroport français, Paris-Charles-de-Gaulle, a présenté en mars une stratégie d' »adaptation » graduelle à la progression de la demande, estimée entre 1% et 1,5% par an.
Ce rythme, inférieur à ce qui était envisagé avant la pandémie de Covid-19, pourrait se traduire par 105 millions de passagers en 2050, contre 70 millions l’année dernière.
De son côté, l’aéroport de Beauvais, base du low cost et champion de la croissance post-pandémie avec 65% de passagers en plus en 2024 par rapport à 2019, a dit vouloir agrandir ses infrastructures pour être en mesure d’accueillir à terme 8 à 9 millions de passagers, après 6,5 millions l’année dernière.
Nice, troisième aéroport français après CDG et Paris-Orly, termine quant à lui d’agrandir un de ses terminaux pour gonfler sa capacité de 28,5%, à 18 millions de passagers.
D’autres aéroports perdent en revanche des voyageurs: Toulouse, Bordeaux et Lyon ont subi depuis 2019 une chute à deux chiffres de leur fréquentation.
La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam) a fait valoir que « les projets d’évolution des infrastructures aéroportuaires répondent aux besoins de mobilité des Français ainsi qu’à la nécessité d’offrir aux passagers comme aux compagnies aériennes une bonne qualité de service ».
« Ces projets sont cohérents avec la feuille de route de transition écologique du secteur aérien et vont de pair avec le renouvellement des flottes, l’optimisation des opérations aériennes ou le recours croissant aux SAF », carburants d’aviation d’origine non fossile, a ajouté la Fnam, qui représente l’ensemble du secteur aérien français.
La filière aérienne « reste pleinement engagée dans son objectif de décarbonation à l’horizon 2050 », a insisté un porte-parole de la fédération.
L’UAF assure de son côté que « les aéroports ne se transforment pas pour s’étendre », mais se « réinventent pour réduire leur empreinte carbone, offrir un accueil et une expérience voyageurs de qualité et s’ancrer durablement dans leurs territoires en créant de la valeur pour les communautés locales ».
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