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Vaccin: la production en France va-t-elle changer la donne ?

Posté le par AFP

La production de vaccins anti-Covid doit démarrer cette semaine en France. Cette information communiquée par Bercy ne concerne, dans l’immédiat, qu’un chaînon parmi d’autres dans la fabrication des doses, à l’échelle européenne, en attendant la mise au point d’un vaccin français qui se fait encore attendre.

– Que vont faire ces usines ? –

« La production doit commencer cette semaine, en l’occurrence mercredi chez Delpharm, dans son usine de Saint-Rémy-sur-Avre » (Eure-et-Loir, nord-ouest de la France), pour le compte du laboratoire allemand BioNTech, partenaire de l’américain Pfizer, a indiqué Bercy.

En tout, dans les prochains mois, cinq sites industriels devraient être à pied d’oeuvre pour produire des vaccins en France.

Pour autant, il ne faut pas imaginer que des vaccins anti-Covid 19 seront désormais intégralement produits sur le sol français.

Les sites concernés sont, pour quatre d’entre eux, des sous-traitants qui vont mettre la dernière main à des vaccins développés par d’autres laboratoires.

Il s’agit d’opérations de remplissage des flacons, d’emballage ou d’aseptisation. Mais les « principes actifs » de ces vaccins – la substance chimique qui les fait fonctionner – seront fabriqués ailleurs, dans l’immédiat, en attendant la mise au point d’un vaccin français.

Le défi logistique posé reste de taille: « Nous avons acheté 55 congélateurs et cinq tonnes de glace carbonique seront nécessaires pour assurer l’expédition à -70°C de chaque lot de vaccin « , a indiqué Stéphane Lepeu, directeur général délégué de Delpharm, cité par le magazine Challenges.

– Quels vaccins concernés et quand ? –

Il s’agira de trois vaccins déjà approuvés par l’Union européenne (UE), Pfizer/BioNTech, Moderna, et Johnson & Johnson, ainsi qu’un autre encore en attente, CureVac.

Outre Delpharm, le Suédois Recipharm va produire des vaccins pour l’entreprise américaine Moderna, à compter de mi-avril, dans son usine française de Monts (Indre-et-Loire, ouest).

Le façonnier Fareva devrait lui lancer « fin mai, début juin » la production du CureVac, qui est encore soumis à la condition d’autorisation de mise sur le marché, dans ses usines de Pau et de Val-de-Reuil (Eure, ouest), a précisé Bercy.

Enfin, le Français Sanofi va produire pour Janssen (filiale de Johnson & Johnson), à Marcy-l’Etoile (Rhône, sud-est), à une date qui reste floue, mais cela pourrait être, selon Bercy, au début de l’été.

Le géant français pourrait produire à terme son propre vaccin, mais vraisemblablement pas avant le second semestre, si les essais cliniques s’avèrent concluants.

« Le fait d’avoir un léger retard nous aide aussi à regarder sur quel type de variants il faut qu’on intensifie notre recherche, pour pouvoir arriver en deuxième ligne avec des réponses, y compris sur les variants », a assuré mi-mars le président France du groupe pharmaceutique, Olivier Bogillot.

La France espère, selon Bercy, produire sur son propre sol quelque 250 millions de doses d’ici la fin de l’année, sans compter ces possibles vaccins « maison » de Sanofi.

– Où est produit le reste des vaccins ? –

Les vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna ont en commun de se baser sur de l’ARN messager comme principe actif. Il est respectivement produit dans un site allemand de BioNTech (Mayence) et chez un partenaire suisse de Moderna, Lonza.

Cette première étape ne débouche pas tout de suite sur un conditionnement final. Il faut en passer par la « formulation », l’ajout d’autres substances que le principe actif afin de renforcer sa stabilité et son efficacité. Pour Moderna, c’est Lonza qui s’en occupe en Suisse. Pfizer recourt à l’une de ses propres usines en Belgique, avec le soutien depuis mars d’un nouveau site BioNTech en Allemagne.

Cas sans précédent, des concurrents de Pfizer, dont le Suisse Novartis et Sanofi sur une usine allemande, ont accepté de lui prêter main forte pour le conditionnement final, respectivement dès ce deuxième trimestre et au second semestre.

Enfin, il y a un troisième vaccin approuvé dans l’Union européenne (UE), celui d’AstraZeneca, mais il ne compte aucune étape de fabrication en France.

– Quel intérêt à produire en France ? –

Cette fabrication française ne signifie pas que les Français en profiteront directement. Le nombre de doses distribuées dans chaque pays est régi au terme de commandes faites au niveau de l’Union européenne. La France ne peut donc pas s’arroger les vaccins fabriqués sur son territoire.

Reste que les annonces de Bercy témoignent de multiples collaborations au sein du secteur pharmaceutique, ce qui est gage d’efficacité dans la production des vaccins au niveau européen.

L’intérêt est aussi politique en démontrant la capacité d’usines françaises à agir alors que le gouvernement et les industriels font l’objet de critiques quant à une supposée insuffisance de l’industrie nationale.

Lundi, Hervé Morin, président centriste de la région Normandie où va démarrer la production chez Delpharm, a déploré sur LCI le choix des dernières décennies de « sacrifier » l’appareil industriel du pays, « payé » cher aujourd’hui.

« Toute la stratégie collective du pays depuis 20-25 ans a été de créer les conditions qui ont amené des choix de délocalisations, de prélèvements obligatoires trop élevés », a estimé l’ancien ministre, rappelant les discours de chefs d’entreprise sur le « pas besoin d’usines ». C’est « le choix de sacrifier son appareil industriel » et « aujourd’hui on le paie cher ».

« Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2021 Agence France-Presse. »

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