Jusqu’à récemment le jardinage avait souvent pour vocation principale de subvenir aux besoins alimentaires. De nos jours, les motivations des jardiniers sont beaucoup plus variées. Outre la production de fruits et légumes de qualité, le jardin joue aussi un rôle social et de support de biodiversité fortement dépendant des pratiques associées au jardinage (e.g. utilisation ou non de pesticides, intensité du travail du sol, maintien d’habitats annexes favorables). Si le jardinage est effectué le plus souvent en milieu rural, il se pratique de plus en plus en milieux périurbain et urbain et peut être qualifié « d’agriculture urbaine ». Se pose alors la question de la qualité des sols et des productions cultivées au regard de pollutions potentielles résultant des activités humaines actuelles et/ou passées (chauffage urbain, circulation automobile, activités industrielles, apports de terre/remblais…). D’une façon générale, les connaissances sur les jardins potagers restent insuffisantes au regard de leur nombre élevé, de la diversité de leurs contextes environnementaux, des modes de gouvernance, des pratiques culturales et de consommation, de la complexité des réglementations relatives à ces espaces, privatifs ou pas, et à ces productions.
L’objectif de cet article est de présenter un retour d’expérience sur une démarche menée, en partenariat avec les services sanitaires, dans une portion de l’ancien bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, région densément peuplée et avec un lourd passé industriel. La démarche, transférable à d’autres contextes environnementaux, visait à mieux connaître les jardins majoritairement privatifs. Elle s’étend depuis l’étude historique du site jusqu’à la restitution auprès des jardiniers des données acquises. Ces connaissances sont destinées à alimenter les réflexions sur la gestion des potagers urbains en apportant des arguments scientifiques et techniques sur les quantités produites et consommées, les pratiques culturales des jardiniers, l’aptitude des fruits et légumes autoproduits à accumuler des polluants métalliques. Elles sont aussi le support de réflexions destinées à réduire l’exposition aux polluants métalliques des jardiniers et de leur famille en lien avec le jardinage.