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RÉSUMÉ
Le phytomanagement est une méthode de gestion intégrative des risques associés aux sites et sols pollués (SSP), basée sur l’utilisation des phytotechnologies et des objectifs de gestion durable des SSP. Sa mise en œuvre se base sur une étude de faisabilité technique pouvant intégrer des essais préalables au laboratoire, qui permet de s’assurer que les phytotechnologies répondent bien aux objectifs de gestion ou de remédiation des polluants sur le site. En cas de faisabilité positive, des essais pilotes peuvent être mis en place avant la mise en œuvre du phytomanagement sur l’ensemble du site et le suivi des objectifs. Cette méthodologie sera illustrée par des retours d’expérience.
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Alexandre PERLEIN : Ingénieur de projet - Microhumus, Vandœuvre-lès-Nancy, France
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Anaëlle PRIEUR : Ingénieur de projet - Microhumus, Vandœuvre-lès-Nancy, France
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Ali KANSO : Ingénieur de projet - Microhumus, Vandœuvre-lès-Nancy, France
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Jean-Christophe RENAT : Ingénieur de projet - Microhumus, Vandœuvre-lès-Nancy, France
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Gaylord MACHINET : Directeur technique - Microhumus, Vandœuvre-lès-Nancy, France
INTRODUCTION
Le phytomanagement est une stratégie de gestion intégrée des risques associés aux sites et sols pollués (SSP) et respectueuse de l’environnement. Elle est basée sur l’utilisation des phytotechnologies adaptées à la gestion des pollutions des sols et une valorisation complémentaire du site d’ordre économique, écologique et/ou sociale. Les phytotechnologies sont sélectionnées selon la typologie des pollutions et l’objectif de gestion ou de remédiation des SSP et de leurs usages. Les coûts de mise en œuvre et de fonctionnement du phytomanagement se rapprochent des coûts agricoles et d’agroforesterie, avec des coûts analytiques supplémentaires liés à la présence de pollution initiale des sols. Ces coûts sont généralement inférieurs à ceux des techniques plus conventionnelles (§ 1.2.4) de gestion des SSP et sont à contrebalancer avec les bénéfices apportés par les nouveaux services écosystémiques apportés par les sites restaurés. Les ressources en sols sont préservées et améliorées par une ingénierie s’appuyant sur des solutions basées sur la nature et sur une économie circulaire.
Les techniques végétales sont particulièrement adaptées aux grandes surfaces avec des niveaux de pollutions faibles ou moyens (pollutions diffuses) compatibles avec une bonne croissance du végétal. Le génie végétal va être mis en place pour gérer les flux des polluants dans les compartiments environnementaux (air, sol, eau, biologique) et répondre à l’usage des sites. Les phytotechnologies sont différenciables selon leurs objectifs, celles ayant un objectif de gestion par la séquestration des polluants et celles avec un objectif de remédiation des polluants dans les sols.
Néanmoins, comme tout mode de gestion, le phytomanagement peut être soumis à des limites (efficacité, temps), empêchant ou réduisant son intérêt. Il est donc nécessaire de s’assurer de la faisabilité technique et économique du phytomanagement vis-à-vis des objectifs de gestion ou de remédiation des SSP. Afin de lever certaines de ces limites techniques, il peut être nécessaire de compléter cette approche par une ingénierie pédologique impliquant l’utilisation d’amendements ou la construction de sol.
Pour définir l’ensemble des points à considérer, une méthodologie d’évaluation et de mise en œuvre finale du phytomanagement est nécessaire. Elle se déroule en trois phases : une première phase d’étude documentaire et de laboratoire, une seconde phase d’essais pilotes et une dernière phase de mise en œuvre et de suivi sur site. Deux cas d’études viennent illustrer cette approche méthodologique en mettant en avant les avantages et inconvénients. Le premier cas porte sur la gestion et la remédiation de sols multicontaminés (éléments traces métalliques et métalloïdes, hydrocarbures totaux et composés cyanurés) par phytostabilisation et phytorhizodégradation. Le second se concentre sur la phytoremédiation des hydrocarbures totaux (HCT) par rhizodégradation dans des sédiments d’une lagune d’effluents industriels.
Domaine : génie écologique, environnement
Entreprises concernées : bureaux d’études, laboratoire de recherche, collectivités territoriales, fonction publique
Technologies/méthodes impliquées : phytotechnologies, phytorhizodégradation, phytostabilisation
Secteurs : sites et sols pollués en milieu urbain ou industriel
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2. Applications
2.1 Retour d’expérience 1 : étude de la gestion de sols multicontaminés par les phytotechnologies
Une société gazière avait pour ambition d’étudier le retour de la nature et de la biodiversité sur leur site industriel en fonctionnement afin d’améliorer la qualité de vie des usagers. Le site d’étude, d’une superficie de 2,5 hectares, a accueilli antérieurement une activité d’épuration chimique des gaz via l’extraction des composés sulfurés et azotés par lavage, qui a entraîné la production de sous-produits (cyanogènes, goudrons). De plus, le remblaiement historique du site a été réalisé à l’aide de laitiers sidérurgiques. À la suite d’un diagnostic environnemental antérieur et l’élaboration d’un plan d’aménagement envisagé par la société gazière, les objectifs ont été d’effectuer :
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une étude de faisabilité théorique de gestion des pollutions sur le site par phytomanagement sur la base d’un diagnostic agronomique et environnemental ;
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une étude de l’adéquation entre la gamme des usages futurs envisagés par la société gazière et le phytomanagement des sols (figure 3). L’agromining a également été envisagé comme démonstrateur pour la production de sels métalliques biosourcés.
L’étude de la faisabilité technique de mise en œuvre des phytotechnologies s’est appuyée sur :
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un diagnostic environnemental des sols sur 20 points de sondages réalisés à la pelle mécanique et répartis en fonction de l’historique du site et des diagnostics antérieurs (figures 4 et 5). Les deux premiers horizons (profondeur en mètre des Hz1 [0,5-0,8 ; 1 ; 1,15-1,8] et Hz2 [0,3 ; 0,7 ; 1]) de sol ont été échantillonnés et analysés pour les ETMM, HAP, cyanures et HCT C10-C40 (figure 4). L’objectif de ce diagnostic était de sélectionner,...
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BIBLIOGRAPHIE
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DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
NORMES
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Support de culture – Dénominations, spécifications, marquage. AFNOR. - NF U 44-551/A4 - 2009
Code de l’environnement, Livre V : Prévention des pollutions, des risques et des nuisances (articles L. 501-1 à L. 597-46).
Loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets. https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043956924 (consulté le 3 janvier 2025).
HAUT DE PAGE
European Commission, EUSO soil degradation dashboard (consulté le 19 août 2024) : https://esdac.jrc.ec.europa.eu/esdacviewer/euso-dashboard/
Géorisques, Dossier expert sur les sites et sols potentiellement pollués (consulté le 28 novembre 2024) : https://www.georisques.gouv.fr/consulter-les-dossiers-thematiques/dossier-expert-sur-les-sites-et-sols-potentiellement-pollues
Notre environnement, Les sites et sols pollués (consulté le 20 août 2024) : https://www.notre-environnement.gouv.fr/themes/sante/la-pollution-des-sols-ressources/article/les-sites-et-sols-pollues
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