Le développement durable (DD) et la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) peuvent être abordés soit sous l'angle du débat d'idées et du choix de société, soit sous l'angle plus restreint au niveau de la sphère de l'entreprise.
Le premier axe ouvre sur des débats essentiellement conceptuels relatifs à la recherche de cadres théoriques de référence. Ces démarches pour intéressantes qu'elles soient, offrent peu de prise et d'outil pour l'action. Nous ne les évoquerons que succinctement lorsqu'il s'agira de tenter une clarification du sens du DD et de la RSE en préalable à nos développements qui s'inscrivent davantage dans une perspective opérationnelle.
Le second axe s'inscrit dans une logique managériale. Le DD et la RSE sont susceptibles de modifier, de manière potentiellement importante, les contextes décisionnels des managers. La compréhension des environnements (technique, social et économique) et des horizons liés aux décisions à prendre est modifiée ; la complexité des systèmes de pouvoir et de régulation est accrue du fait de parties prenantes plus nombreuses.
Les changements potentiels induits dans les contextes décisionnels produisent inévitablement des conséquences et de nouveaux enjeux pour les systèmes de pilotage et de contrôle. Plus particulièrement au niveau du contrôle de gestion, les modélisations traditionnelles sont susceptibles d'être modifiées dans trois directions :
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la première concerne les périmètres des applications car les domaines d'actions sont élargis (on pourra citer en guise d'exemple la gestion des cycles de vie, la prise en compte des externalités...) ;
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la seconde concerne la recherche et l'identification des facteurs déclenchant les consommations de ressources. En effet, les traçabilités deviennent multiples dans la mesure où les critères de performance se diversifient en dehors des seuls critères financiers ;
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dans la suite logique du point précédent, se pose la question de l'intégration des mesures et des systèmes de pilotages qui les produisent. La problématique devient plus organisationnelle, car elle débouche sur l'interrogation de la place, dans ce nouveau contexte, du contrôle de gestion dans le système de pilotage. Évolue-t-on vers un couplage ou un découplage des systèmes de contrôle ?
L'objectif de cet article se centrera sur les deux premiers points en adoptant l'éclairage de l'approche ABC (Activity-Based Costing) : en quoi l'ABC est-elle susceptible d'apporter une réponse méthodologique dans le cadre d'un projet RSE ? Cette question peut être décomposée en deux grands chapitres :