La pénétration des matériaux composites dans de nombreux secteurs industriels, tels que ceux du transport, nécessite une confiance accrue envers ces matériaux, portée par des méthodes de dimensionnement fiables.
Le choix des matériaux résulte alors d’une optimisation multicritère. Parmi ces critères et selon les applications, citons sans être exhaustif les propriétés mécaniques, certaines propriétés fonctionnelles (optiques, électromagnétiques...), une légèreté structurale pour répondre à des exigences environnementales, des contraintes de coûts... C’est ainsi que l’on recherche des propriétés mécaniques élevées dans le domaine aéronautique, des capacités d’absorption aux chocs dans le domaine automobile, une bonne tenue mécanique sur le long terme dans le domaine naval.
À tous ces critères est venue s’ajouter, depuis plusieurs années et de manière cruciale, une exigence de dimensionnement à la fatigue. La raison en est que les matériaux composites ne sont plus confinés à des parties dites secondaires, c'est-à-dire ne reprenant que peu d’efforts, mais à des structures primaires largement sollicitées, pour lesquelles une sécurité accrue est exigée.
La conséquence immédiate est une augmentation des épaisseurs des stratifications qui n’est pas sans soulever de nouvelles questions. En effet les structures stratifiées développent dans leur épaisseur des contraintes interlaminaires susceptibles d’engendrer des décollements entre plis appelés délaminages, très préjudiciables pour la tenue mécanique. Là où certains phénomènes de fatigue pouvaient être évités, ils peuvent devenir incontournables.
Peut-on toujours parler d’une résistance exceptionnelle à la fatigue, d’un rapport élevé entre la limite d’endurance et la résistance en traction et du peu de sensibilité à l’effet d’entaille par comparaison à des alliages d’aluminium lors de sollicitations cycliques ?
Pour répondre à ces questions, il faut d’abord comprendre les mécanismes de dégradation en fatigue. Concevoir des structures porteuses en matériaux composites nécessite des outils de dimensionnement et de prédiction de durée de vie fiables. Les principaux modèles de comportement et de rupture sous différentes sollicitations cycliques sont revus et les tendances les plus récentes du dimensionnement à la fatigue sont étudiées.
Notons que le cas des polymères renforcés par des fibres coupées n’est pas abordé ici.