Dans le cadre des traitements odontologiques, la réhabilitation des fonctions dentaires grâce notamment à la pose de prothèses est l’un des enjeux majeurs de la dentisterie restauratrice. L’art prothétique dentaire n’a pas cessé d’évoluer. L’amélioration des matériaux et des techniques utilisées en odontologie restauratrice s’est toujours développée en adéquation avec les avancées technologiques de l’ingénierie industrielle. C’est ainsi qu’en 1973, les bases de la Conception et Fabrication Assistées par Ordinateur (CFAO) appliquées à l’odontologie sont posées par le Professeur F. Duret. Le recours à la CFAO a pour but de remplacer les techniques d’empreintes dites « conventionnelles » (utilisant des pâtes thermoplastiques) par une chaîne de fabrication de prothèses complètement numérique. La conception de la pièce prothétique ainsi que sa réalisation physique par usinage deviennent alors entièrement assistées par ordinateur. Les prothèses dentaires ainsi obtenues permettent de réhabiliter les fonctions orales (mastication, déglutition, phonation) et de maintenir la santé bucco-dentaire du patient. Cette technique moderne d’obtention de prothèses fixées, issue de l’industrie, met en œuvre des blocs de biomatériaux bruts. Ces blocs en céramique, composite ou matériau hybride (Polymer-Infiltrated-Ceramic-Network (PICN)) sont souvent pressés avant d’être usinés par enlèvement de matière à l’aide de machines-outils à commandes numériques (MOCN). La qualité des prothèses attendue par les patients et les praticiens est donc un enjeu majeur de santé publique, puisque aujourd’hui environ 50 % de la population européenne possède une prothèse dentaire (fixe ou amovible). Les aspects les plus courants de qualité attendue sont : l’esthétique, la durabilité mécanique, la non-adhérence de la plaque bactérienne, la bio-compatibilité et la rétention micromécanique de la prothèse sur la dent préparée. Ces aspects de qualité, répondant aux fonctionnalités prothétiques, font appel à différentes composantes physiques ou géométriques de la surface prothétique obtenue, liées au matériau et à sa mise en forme. En ingénierie, toutes ces composantes se regroupent sous une notion appelée intégrité de surface.
Après la présentation du concept d’intégrité de surface, cet article se consacre à sa transposition à la prothèse dentaire. En s’appuyant sur l’expérience acquise en ingénierie mécanique, cette transposition permet ensuite d’établir les corrélations entre l’intégrité de surface, les fonctionnalités prothétiques attendues par les praticiens et patients et le procédé d’usinage mis en œuvre en CFAO dentaire.