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Les produits chimiques menacent la fertilité

Posté le par Matthieu Combe dans Chimie et Biotech

Pour la première fois, une fédération internationale de gynécologues-obstétriciens lance un appel pour diminuer l'exposition aux produits chimiques toxiques présents dans la chaîne alimentaire et dans l’environnement. Les perturbateurs endocriniens sont particulièrement visés.

On entend beaucoup parler de la toxicité présumée des perturbateurs endocriniens et de leurs effets délétères nombreux. Mais il faut bien le dire, la réglementation tarde à évoluer. Face à ce constat, la Fédération Internationale Gynécologie Obstétrique (FIGO), a lancé un appel le 1er octobre dans l’International Journal of Gynecology and Obstetrics pour demander des politiques globales de réduction des expositions aux produits chimiques toxiques. Le signal des professionnels est fort : ils ne peuvent plus se borner à quelques conseils sur les risques liés aux substances toxiques, ils doivent désormais plaider pour des politiques de protection des populations afin de faire bouger les lignes.

Selon la FIGO, rassemblant des professionnels de 125 pays, « les hausses dramatiques de l’exposition aux produits chimiques toxiques au cours des quatre dernières décennies menacent la santé et la reproduction de l’espèce humaine ». « Les professionnels de santé reproductive sont les premiers témoins de l’augmentation de troubles de la santé chez leurs patients », note Gian Carlo Di Renzo, Secrétaire honoraire de FIGO et auteur principal de cet Appel.

Les polluants sont partout et nous contaminent

Entre 70 000 et 100 000 produits chimiques existent aujourd’hui sur le marché, dominé par 4800 « produits chimiques à haut volume de production ». La toxicité de la majorité d’entre eux n’a pas réellement été évaluée. Parmi eux, les pesticides, polluants atmosphériques, plastiques alimentaires, solvants et autres perturbateurs endocriniens sont particulièrement inquiétants. Pour la FIGO, ces substances sont mises en cause dans de nombreuses pathologies « comme les fausses couches et pertes foetales, troubles de la croissance foetale, faible poids à la naissance, malformations congénitales, atteintes des fonctions cognitives ou du neuro-développement, cancers de l’appareil reproducteur, baisse de la qualité du sperme, comportements de types  troubles du déficit de l’attention et hyperactivité (TDAH), agressivité et hyperactivité de l’enfant ».

« Nous sommes en train de noyer le monde dans des produits chimiques non évalués et non sûrs, et nous en payons le prix fort en termes de santé reproductive », analyse Gian Carlo Di Renzo. Le coût économique est également important, une étude récente évalue les impacts des produits chimiques sur les systèmes de santé européens à au moins 157 milliards d’euros par an.

Dans son appel, la FIGO recommande aux médecins de conseiller aux femmes enceintes et allaittantes ainsi qu’aux couples souhaitant procréer, de manger bio, éviter les aliments transformés, les graisses animales et les poissons contenant du méthylmercure.

La toxicité des perturbateurs endocriniens ne fait plus aucun doute

Trois jours avant la publication de cet appel, l’Endocrine Society, autre société professionnelle internationale, rassemblant 18 000 chercheurs et cliniciens spécialisés dans l’étude du système hormonal, pointait également du doigt le rôle des polluants environnementaux dans plusieurs maladies émergentes. Selon elle, il n’y a plus de doutes que les perturbateurs endocriniens jouent un rôle dans l’augmentation des maladies chroniques, « dont l’obésité, le diabète, les troubles de la reproduction, les problèmes thyroïdiens, les cancers, les troubles hormonaux et neurodéveloppementaux ».

Alors que les preuves scientifiques s’accumulent sur la nocivité des perturbateurs endocriniens, la réglementation, elle, peine à évoluer. Les perturbateurs endocriniens n’ont toujours pas de définition officielle en Europe. Les travaux attendus pour décembre 2013 ont été reportés, sine die, en attendant un rapport sur le coût économique qu’aurait une réglementation sur les entreprises européennes.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

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