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Alexandre Cozette  : "Pour développer une application, je dispose d’un ensemble de briques et d’éléments, comme des Lego".

Interview

Alexandre Cozette  : « Pour développer une application, je dispose d’un ensemble de briques et d’éléments, comme des Lego ».

Posté le par Philippe RICHARD dans Informatique et Numérique

Le « Low code » est une méthode de développement de logiciels qui permet à un plus grand nombre de personnes de contribuer au développement d’applications avec très peu ou pas d’expérience ou de connaissances en matière de codage. Alexandre Cozette, Lead Solutions Architect d’OutSystems, une plateforme Low-code fondée en 2001 au Portugal, nous en dit davantage sur cette technologie.

En raison de la démocratisation de cette méthode, d’ici 2025, 70 % des nouvelles applications développées par les entreprises utiliseront des technologies Low-code ou no-code, contre moins de 25 % en 2020¹. Selon le cabinet d’analystes Gartner, ce marché devrait connaître une croissance des revenus de 25 % pour atteindre environ 12 milliards de dollars en 2024².

Alexandre Cozette, Lead Solutions Architect d’OutSystems
Alexandre Cozette, Lead Solutions Architect d’OutSystems. Crédit photo : OutSystems

Alexandre Cozette est actuellement Lead Solutions Architect chez OutSystems, leader mondial dans le développement d’applications Low-code haute performance. Avec plus de 20 ans d’expérience, dans le conseil et l’industrie du logiciel informatique, Alexandre a aidé les plus grandes organisations mondiales à évaluer, comprendre et choisir des solutions logicielles innovantes apportant une valeur ajoutée tant pour le métier que pour l’IT.

Spécialiste reconnu, son domaine d’expertise s’étend de la gestion des règles métier aux solutions de gestion de la relation client, incluant la gestion des processus métier (BPM), le Case Management, la gestion d’événements métier et l’expérience utilisateur en général

Techniques de l’Ingénieur : Comment pouvez-vous qualifier le Low-code ?

Alexandre Cozette : Le Low-code concerne avant tout le développement d’applications web et mobile, sachant qu’aujourd’hui, le secteur du smartphone est en très forte progression. Le Low-code représente une alternative au développement traditionnel, mais en étant plus rapide. Avec le Low-code, nous allons développer une première version entre deux et quatre fois plus rapidement. La maintenance évolutive et corrective sera entre quatre et huit fois plus rapide.

Comment le Low-code permet-il de réduire autant les délais de développement ?

Si on regarde l’évolution du développement logiciel, tout a commencé avec l’Assembleur, puis y a eu ensuite l’apparition et la généralisation de différents langages comme le C, C++, Java, REACT… À chaque évolution, nous avons ajouté une couche d’abstraction qui masque tout un ensemble de manipulations répétitives et de bas niveau que l’on faisait auparavant « à la main ». Le Low-code représente donc un niveau supplémentaire d’abstraction en se focalisant sur les besoins métier. Cet objectif est atteint notamment grâce à des éditeurs visuels. D’ailleurs, on parle de « programmation visuelle » à propos du Low-code en faisant notamment des drag & drop. Pour développer une application, je dispose d’un ensemble de briques et d’éléments, comme des Lego. Nous n’écrivons plus de texte. Le Low-code est aussi une plateforme complète qui va compiler, déployer, gérer la supervision, le monitoring… En un mot, tous les cycles de vie d’une application, ce qui apporte aussi beaucoup de valeur et de simplification aux entreprises.

Pourquoi de nombreuses entreprises s’intéressent-elles au Low-code ?

Il s’agit à la fois de petites et de très grandes entreprises. Quelle que soit leur taille, elles sont impactées par deux problématiques qui sont en train de se télescoper. Premièrement, elles ont des clients, en interne (certains services) ou en externe, qui leur demandent de plus en plus d’applications métiers, car elles sont en pleine transformation digitale. Les clients finaux eux-mêmes demandent des applications de self-service pour gérer eux-mêmes certaines fonctionnalités. Deuxièmement, les équipes IT ont de plus en plus de mal à répondre à toutes ces sollicitations, car le développement demande de plus en plus de compétences, et de plus ces compétences se font de plus en plus rares. Une application mobile requiert une solide infrastructure et une équipe comprenant une douzaine de profils. Cela devient donc inabordable.

N’y a-t-il pas un risque de voir se multiplier les applications bâclées ou mal sécurisées ?

C’est en effet un risque, mais il y a différents modèles de Low-code. Chez OutSystems, nous avons une solution qui s’adresse aux développeurs. L’idée est simple : plutôt que de donner des outils aux « Citizen Developpers » (avec toute la gouvernance, le contrôle, la formation, l’accompagnement et l’animation que cela nécessite) nous préférons donner à l’IT les moyens de répondre aux demandes métier beaucoup plus rapidement et plus agilement qu’ils ne peuvent le faire aujourd’hui. Avec le Low-Code, l’équipe IT d’une entreprise garde le contrôle du projet et de la sécurité, et peut appliquer ses processus de tests et de qualité… Côté Citizen Development, les solutions No-code sont tellement puissantes et faciles à utiliser qu’un responsable marketing pourrait très bien développer une solution qui envoie des données personnelles dans un Cloud aux États-Unis sans le savoir. Cette option pose dans ce cas de graves questions concernant la confidentialité des informations. Avec le Low-code, c’est le meilleur des deux mondes : on a l’agilité que demande le métier et on reste dans le cadre des procédures et de la gouvernance IT.

L’intelligence artificielle générative est-elle une aubaine ou un risque pour le Low-code ?

C’est une formidable opportunité. Nous travaillons sur ce que l’on peut qualifier de Midjourney (en référence au programme d’intelligence artificielle du même nom capable de créer des images à partir de descriptions textuelles, NDLR) du Low-code. Les équipes de différents services pourront demander à l’IA, sous forme de textes ou de prompts, de créer une application qui leur permettra de gérer mon entreprise de transport pour mieux gérer mes livreurs. Notre solution sera capable de créer intégralement l’application avec les écrans, les données et la logique. Ensuite, les équipes métier pourront présenter leur application à l’équipe IT pour que celle-ci gère l’intégration, les tests de qualité, la sécurité des données avec les capacités Low-code telles qu’on les connaît aujourd’hui puisque l’IA Generative a été éduquée à générer une application dans le formalisme de la solution Low-code. Avec cette solution, on pourra enfin réellement intégrer des Citizen Developpers au processus de création de l’application.

L’IA permettrait-elle également de corriger les erreurs ?

Notre solution fournit des outils d’analyse pour s’assurer que tout fonctionne correctement. Reprenons notre exemple d’application pour un transporteur. Une fois la maquette de l’application faite par un métier, l’équipe IT va intégrer de nouvelles étapes. Mais même à son niveau, un développeur junior peut commettre des erreurs en termes de sécurité ou de performance. Notre IA va analyser la performance, la scalabilité et la sécurité de l’application. Avec l’IA, le Low-code est gagnant à tous les niveaux du cycle de vie d’une application de la création jusqu’au contrôle qualité.


(1) Low-code et No-code : statistiques clés et tendances (2024) – HelloSafe.

(2) Bond du marché des plateformes de Low et No-code en 2023 selon Gartner.

Pour aller plus loin

Posté le par Philippe RICHARD


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