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HAP2U offre de la texture aux interfaces tactiles avec sa technologie haptique

Posté le par Séverine Fontaine dans Innovations sectorielles

En tapant un message sur votre smartphone, vous ressentez une vibration à chaque lettre. C’est le retour haptique. La start-up grenobloise Hap2U va plus loin avec hPiezo, sa technologie haptique. Elle propose de ressentir non seulement les lettres du clavier (et non plus simplement les touches), mais également la texture et le relief des choses que vous faites défiler sur votre smartphone, comme les chats sur Instagram ou encore les vêtements sur les sites de e-commerce.

Pour offrir du réalisme, l’entreprise amplifie la sensation du toucher afin de donner à l’utilisateur une impression de relief et de texture. Elle intègre sous l’écran des capteurs piézoélectriques céramiques contrôlés par des puces électroniques. Les actionneurs se déforment sous l’effet d’un signal électrique et transmettent la déformation sous la forme d’un frottement à la surface. En modulant l’amplitude du signal électrique, la technologie permet de modifier le coefficient de friction de la surface de l’écran et donc le ressenti sous le doigt. Les puces qui les contrôlent vont venir synchroniser les actionneurs avec la position du doigt, pour restituer précisément la sensation. L’entreprise a récemment déposé de nouveaux brevets pour développer sa technologie haptique en couche mince, en réduisant la couche piézoélectrique de 1,5 mm à seulement 2 microns de matériau. Cela lui permettrait d’être intégrée dans la nouvelle génération de smartphone. Hap2U dévoilera un démonstrateur de smartphone avec sa technologie intégrée en janvier prochain au CES de Las Vegas.

Une intégration multi-surfaces

Début 2019, Hap2U avait déjà rendu sa technologie multitactile, multisurface et 3D. “Multi-touch” car l’utilisateur peut utiliser plusieurs doigts simultanément sur différentes zones de l’écran en ayant le retour haptique correspondant à chaque section, celui-ci pouvant varier de texture, relief ou intensité. “Multi-surface” en étendant la technologie à différents matériaux comme le bois, le verre, le métal et le plastique. Et “3D” en appliquant à un bouton 3D le retour haptique émanant de la surface sur laquelle il est posé. “Une de nos spécificités est d’être disponible sur un large spectre de supports” ajoute Corentin Lefebvre, chargé d’affaires chez Hap2U. “Notre limite est la rigidité de la matière pour pouvoir maîtriser la propagation de l’onde. Nous avons également fait des démonstrations sur des surfaces non planes, comme un écran courbe ou des boutons”. On peut imaginer également une intégration directe dans le volant.

Depuis sa création en 2015 par Cédrick Chappaz – chercheur scientifique au CEA-Leti et à l’université de R&D de STMicroelectronics, il a travaillé pendant 10 ans dans le domaine des microtechnologies –, la start-up a déposé une vingtaine de brevets pour protéger sa technologie.

HAP2U a pour objectif d’intégrer sa technologie haptique à toutes les interfaces tactiles du marché de l’automobile, de la fabrication, de l’internet des objets, ainsi que de produits de maison intelligente pour changer nos interactions avec les objets et les machines. “On avance sur un projet d’intégration avec Mercedes” ajoute Corentin Lefebvre. “On sera dans les prochaines sorties véhicules, sur le tableau de bord central”. L’entreprise avait levé 4 millions du groupe Daimler (Mercedes) l’année dernière pour développer sa technologie.

Une nouvelle campagne de financement

L’automobile est un marché important mais très concurrentiel sur les technologies de retour haptique. Ces dernières apporteraient un gain de sécurité à son utilisateur qui ne serait plus obligé de quitter la route des yeux pour réaliser des actions sur l’écran du tableau de bord, comme augmenter le chauffage ou encore changer de musique. Différentes sociétés ont intégré ou mettent en avant leurs technologies, comme Audi en intégrant dès 2017 du retour haptique sur ses écrans de console centrale. C’est également le cas de Continental qui a dévoilé au CES 2019 des parties d’écran en retour haptique, ou Ford qui s’est associé en 2018 avec la start-up Aedo afin de mettre au point un appareil fixé à la vitre de ses véhicules pour créer des perceptions tactiles du paysage pour les personnes malvoyantes. Ultrahaptics, qui a mis au point de la reconnaissance gestuelle avec retour haptique par ultrasons et a racheté LeapMotion en mai dernier, a travaillé avec l’équipementier Harman (groupe Samsung) et Bosh en 2017. “Notre différence repose dans notre prisme de textures beaucoup plus large que les technologies vibrotactiles du marché, affirme Corentin Lefebvre. Nous arrivons par exemple à faire ressentir des textures glissantes.”

Bien que l’entreprise réalise des prototypes, celle-ci souhaite recentrer son activité exclusivement sur la vente de licences. La start-up prépare actuellement une nouvelle campagne de financement pour étendre ses activités sur les marchés précédemment cités en 2020, entre 10 à 13 millions. Son chiffre d’affaires 2018 s’élevait à 500 000 €, et son équipe a doublé de taille en quelques mois, passant de 14 à 30 employés. L’objectif pour 2020 serait de recruter environ 20 personnes supplémentaires. Hap2U devrait atteindre 1,2 million de chiffre d’affaires d’ici fin 2019.

Pour aller plus loin

Posté le par Séverine Fontaine


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