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Décryptage

L’Europe croit à une politique d’innovation territoriale

Posté le par Pierre Thouverez dans Entreprises et marchés

Interview de Xavier Roy (deuxième partie)

Innovation, financements, concurrence avec la Chine et les Etats-Unis... Les défis que l'Europe doit relever sont complexes et nécessitent d'articuler une politique d'innovation territoriale efficace, tout en s'appuyant sur l'image du "made in France". Un défi compliqué. Suite de l'interview de Xavier Roy, Directeur Général de France Clusters.

Xavier Roy est directeur général de France Clusters, une association qui fédère pôles de compétitivité et clusters, et accompagne plus de 60 000 entreprises dans leurs démarches innovantes.

Editions Techniques de l’ingénieur: Quel regard portez-vous sur les élections européennes à venir (23-26 mai 2019) ?

Xavier Roy: Les élections européennes sont intéressantes pour nous surtout via le collectif innovation. Il s’agit d’un collectif de tête de réseau qui s’occupe d’innovation. France cluster coopère avec ce collectif pour faire remonter efficacement des informations au niveau de l’Europe.

E.T.I: Quel est votre constat sur la politique d’innovation au niveau européen ?

X.R: On observe que l’Europe est très attentive aux questions d’innovation. Notamment en ce qui concerne l’innovation technologique, qui permet à notre économie européenne de rester dans la course au niveau mondial. Après, il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui inventer ne suffit pas. Il faut réussir à vendre.

Nous travaillons beaucoup sur les problématiques de mise sur le marché, de commercialisation, de la recherche de marchés applicatifs pour les innovations que l’on porte. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’ont été mises en place les SATT sur la valorisation des brevets universitaires et la recherche de marchés applicatifs. Cela répondait à un besoin du côté des universités. Nous faisons pareil, mais au niveau des entreprises. Par exemple nous repérons des marchés applicatifs et nous sollicitons alors l’innovation pour qu’elle vienne répondre à des enjeux de marché.

E.T.I: D’autant plus que l’Europe fait aujourd’hui face à une concurrence exacerbée de la part de l’Asie et des Etats-Unis…

X.R: Il est très problématique de voir des concurrents américains et asiatiques racheter les entreprises européennes qui innovent et commercialiser leurs solutions.

Je pense par exemple au cas d’un cluster qui fédère des acteurs locaux de la distribution, du petit commerçant aux grandes surfaces. Aujourd’hui pour ces acteurs la réalité est de se dire qu’ils n’ont aucun intérêt à développer une concurrence entre eux, car les vrais concurrents sont Amazon ou Alibaba, qui ont un pouvoir financier sans commune mesure et face auxquels il est nécessaire d’avoir une stratégie concertée.

C’est là que doit se faire l’accompagnement de nos entreprises, pour qu’elles puissent continuer à innover tout en développant des stratégies commerciales adaptées à l’offre et à la concurrence. C’est un grand enjeu.

E.T.I: En France quels sont les grands chantiers à mener pour «rester» dans la course à l’innovation ?

X.R: Les défis sont nombreux. D’abord la redynamisation de notre tissu industriel évidemment. Ensuite, un grand enjeu est celui des compétences, car nos PME expriment de vraies difficultés de recrutement. Enfin, il y a la transition écologique: se demander comment les collaborations inter-entreprises, dans ce qu’elles ont mis en place font de l’économie circulaire par exemple.

Les opportunités d’innovation au sens large liées à la transition écologique sont nombreuses: innovation organisationnelle, écologie industrielle, RSE…

E.T.I: On a parlé des articulations Europe/régions. Qu’en est-il au niveau national ?

X.R: Nous interpellons beaucoup nos interlocuteurs européens sur la relation Europe/territoire. D’autant plus qu’en France, on a souvent le sentiment que les acteurs qui comptent sont l’Europe et les régions. Nous pensons qu’il faut aussi se concentrer sur le niveau national. Quand on essaie d’attaquer des marchés au niveau international, ce qu’on vend -entre autres- c’est la marque France. Donc il faut veiller, au niveau des régions, à ce que des acteurs n’entrent pas dans une concurrence inutile sur une même activité par exemple.

Dans le cadre de la loi NOTRe, il est dit que le développement économique est sous la responsabilité des régions, ce qui a du sens pour permettre une prise de décision au niveau territorial. Pour autant, il faut rester mesuré. Le territoire national a toute sa place à jouer, d’autant plus que la marque «France» constitue un atout fort.

Propose recueillis par Pierre Thouverez

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Posté le par Pierre Thouverez


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