Les dernières données de l’IRENA confirment que le coût des énergies renouvelables, en particulier le solaire photovoltaïque et l’éolien terrestre, est plus compétitif que celui des solutions fossiles. Un avantage qui doit être maintenu en limitant les coûts financiers de ces technologies intensives en capital.
La progression des énergies renouvelables électriques dans le monde est incontestable. 582 GW de nouvelles capacités ont été installés en 2024, soit près de 20 % de plus que les installations faites en 2023. Le solaire photovoltaïque (+452 GW) et l’éolien (+114 GW) dominent largement le palmarès, devant l’hydroélectricité (+9,3 GW). Avec les autres solutions de production d’électricité (bioénergies, géothermie, énergies marines), les EnR totalisent 4 443 GW installés mondialement.
Un des avantages directs est de remplacer ou éviter des centrales électriques alimentées en énergies fossiles, permettant ainsi d’éviter des émissions de CO2 à hauteur de 2,9 Gt pour la Chine et de 1,4 Gt pour les États-Unis, l’Inde et le Brésil réunis. L’économie financière faite en évitant d’acheter des énergies fossiles est aussi importante : respectivement 180 et 67 milliards US$. On peut aussi y ajouter les gains relatifs à une meilleure santé (pollution de l’air évitée) de l’ordre de 261 et 57 milliards $.
Cette dynamique positive est due aux coûts compétitifs de l’éolien et du solaire photovoltaïque. Le dernier rapport de l’IRENA donne plusieurs statistiques en ce sens, ainsi que les freins encore existants au déploiement des EnR.
Une baisse des coûts qui se poursuit
Les trois indicateurs technico-économiques utilisés par l’IRENA sont le coût total d’installation (en $ par kW installé), le coût actualisé de l’énergie (LCOE – Levelized cost of energy, en $ par MWh produit), et le facteur de charge théorique (rapport entre la production attendue et un fonctionnement maximum à 100% de la puissance toute l’année).
Le LCOE du photovoltaïque en 2024 est à 43 $/MWh, celui de l’éolien sur terre de 34 $/MWh et celui de l’éolien en mer de 79 $/MWh. Même si ces LCOE sont légèrement plus élevés que ceux de 2023, l’IRENA relève que 91 % des nouveaux projets d’EnR dans le monde l’an dernier étaient plus compétitifs que n’importe quelle alternative fossile. Ainsi, en moyenne, le solaire photovoltaïque est 41 % moins cher que la moins chère des centrales fossiles, et l’éolien terrestre 53 %.
Les facteurs de charge ont tendance à s’améliorer. Entre 2010 et 2024, ils sont passés de 15 à 17 % pour le photovoltaïque, de 27 à 34 % pour l’éolien terrestre, de 38 à 42 % pour l’éolien en mer et de 44 à 48 % pour l’hydroélectricité.
Les coûts d’installation des EnR sont aussi plus performants. Ils sont de 691 $/kW pour le solaire photovoltaïque, de 1 041 $/kW pour l’éolien terrestre et de 2 852 $/kW pour l’éolien en mer. À l’avenir, l’IRENA considère que la baisse des coûts d’installation va se poursuivre : ils pourraient respectivement atteindre 388 $/kW, 861 $/kW et 2 316 $/kW d’ici cinq ans.
Des freins, en particulier sur le financement
Un des points du consensus obtenu à la COP28 à Dubaï en 2023 est d’atteindre 11 000 GW de capacités EnR en 2030 dans le monde. Pour y arriver, une accélération est nécessaire. Le stockage par batteries – dont le coût a baissé de 93 % depuis 2010, pour atteindre 192 $/kW en 2024 – devrait faciliter cet élan. En le couplant avec les EnR, le facteur de charge des installations peut gagner jusqu’à 8 points. En Australie, huit projets combinant solaire, éolien et batteries ont atteint un LCOE de 51 $/MWh.
Mais les situations diffèrent selon les zones géographiques. Le photovoltaïque est par exemple plus cher en Europe et aux États-Unis qu’ailleurs dans le monde, ce qui peut ralentir sa progression. Les risques géopolitiques, notamment la guerre des taxes douanières lancée par Donald Trump, pourraient renchérir le coût de certains composants des EnR, surtout ceux dont la Chine est un des principaux fournisseurs. Les contraintes, délais et coûts d’intégration au réseau électrique sont aussi variés selon les pays et peuvent dans certains cas, comme en Europe, freiner un développement rapide.
Un cadre stable de vente de l’électricité est aussi nécessaire, soit via des contrats privés de type PPA (Power Purchase Agreement), soit par des contrats pour différence fixés par les pouvoirs publics. L’IRENA pointe surtout l’impact des coûts de financement : leur poids, selon les régions, peut constituer plus de la moitié du LCOE (voir graphe ci-dessous). Cette part des coûts financiers dépend de la valeur moyenne pondérée du coût du capital (WACC – Weighted average costs of capital) : il est autour de 4 % en Europe, alors qu’il va atteindre 10 % en Afrique.
L’IRENA rappelle que des politiques publiques favorables aux EnR permettent de réduire le WACC, même si celui-ci dépend beaucoup de la notation de la dette souveraine de chaque pays et des taux directeurs des banques centrales.

Les coûts de financement (en jaune) sont très variables selon les régions et peuvent représenter plus de la moitié du LCOE en Afrique, à côté des dépenses d’investissement (CAPEX en bleu) et des coûts d’exploitation et de maintenance (en vert). Source : IRENA, 2025









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