Logo ETI Quitter la lecture facile

Décryptage

Le « serpent de mer électrique » progresse malgré les obstacles

Posté le par La rédaction dans Environnement

[Interview] António Sarmento

Avec 830 km de littoral au Sud et à l'Ouest, le Portugal mise sur l'énergie houlomotrice qui utilise la force des vagues pour produire de l'électricité. Le président du Centre de l'énergie des vagues, António Sarmento, fait le point sur la technologie la plus emblématique : le serpent de mer.

Prof. António Sarmento, vous dirigez le Centre de l’énergie des vagues (Wave Center Energy) à Lisbonne, un domaine dans lequel le Portugal a une longueur d’avance sur d’autres pays européens. Quel est le potentiel du Portugal en la matière ?
António Sarmento : Nous estimons que l’énergie de la houle pourrait fournir jusqu’à 5.000 Megawatts et 20 % de notre consommation électrique, à condition que tout se passe bien, que l’énergie se révèle bon marché, sûre et que l’impact sur l’environnement soit minime. Tout ceci reste encore à prouver. C’est d’une certaine façon un scénario optimiste basé sur les estimations par kilomètre de côte portugaise exploitable dans l’avenir. Ce potentiel est très élevé. Toutefois, si l’impact sur l’environnement apparaissait élevé, le coût de l’énergie augmenterait de même. Tout cela est donc très difficile à prévoir aujourd’hui. 5.000 Megawatts pourrait être la limite maximum.

La première ferme à vagues commerciale a ouvert en septembre 2008 au large de la côte ouest du Portugal. Trois Pelamis y sont installés. De quoi s’agit-il ?
Le Pelamis porte le surnom de « serpent de mer électrique ». Il s’agit d’un engin flottant composé de quatre cylindres horizontaux raccordés par trois articulations. Ces dernières pompent de l’huile à haute pression par des moteurs hydrauliques au travers d’accumulateurs, suivant les mouvements des vagues auxquels elles sont soumises. Ces moteurs hydrauliques entraînent des générateurs électriques pour produire de l’énergie, transmise à terre par des câbles sous-marins.

Cette ferme à vagues a ouvert il y a six mois. Aujourd’hui, pouvez-vous dire qu’elle répond à vos attentes ?
Je ne peux pas dire cela car cette technologie rencontre un certain nombre de problèmes. Les trois machines ne se trouvent en ce moment pas au large mais sur un chantier, en attente d’être réparées. Il ne semble pas que ce soit grave mais Pelamis Wave Power, qui les produit, a jugé préférable, par mesure de sécurité, de les retirer pour l’hiver. Pour ce que j’en sais, elles ne fonctionnent pas en ce moment. Il se peut aussi qu’elles ne produisent pas autant d’énergie que prévu. Il s’agit d’une technologie complexe, installée pour la première fois en mer. Nous devons accepter le fait que des difficultés surgissent dans la première phase de développement comme ce fut le cas pour la centrale houlomotrice sur l’île de Pico. Nous progressons, en essuyant de temps à autres des revers. J’ai toute confiance dans le fait que le Pelamis sera bientôt réparé et redéployé.

Pour finir, quel sera le prochain projet à être mis en oeuvre au Portugal ?
Je ne m’attends pas à voir ouvrir de nouvelles fermes à vagues dans les deux prochaines années. Je pense que les difficultés actuelles vont retarder le déploiement de futures fermes Pelamis. Cela n’engage bien sûr que moi. Toutefois, trois ou quatre nouvelles technologies vont être prochainement testées au Portugal à l’état de prototype.En savoir plusAntónio Sarmento est chercheur au Département de construction mécanique de l’Institut Technique Supérieur de Lisbonne. Il est actif depuis plus de 30 ans dans le domaine de l’énergie de la houle et dirige le Centre de l’énergie des vagues depuis sa fondation en 2003. Il est également membre du Conseil d’administration de l’Association européenne des énergies marines depuis 2006 et de l’ISOPE (International Society of Offshore and Polar Engineering) depuis Juillet 2007.

Cet article se trouve dans le dossier :

Quels défis pour l'industrie française ?

L’industrie et les défis de la cybersécurité
Métavers, environnements virtuels : quelles applications pour les industries ?
L’industrie française face à la crise énergétique
L’industrie circulaire, une transition nécessaire
L’industrie parie sur la relocalisation
Pour en savoir plus : nos Webinars

Posté le par La rédaction


Réagissez à cet article

Commentaire sans connexion

Pour déposer un commentaire en mode invité (sans créer de compte ou sans vous connecter), c’est ici.

Captcha

Connectez-vous

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.

INSCRIVEZ-VOUS
AUX NEWSLETTERS GRATUITES !