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L'énergie et l'industrie, moteurs de la baisse des émissions

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L’énergie et l’industrie, moteurs de la baisse des émissions

Posté le par Matthieu Combe dans Environnement

D'après les premières estimations provisoires du Citepa publiées le 21 mars, la France a baissé ses émissions de gaz à effet de serre de 4,8% en 2023. La diminution est particulièrement importante dans les secteurs de la production d’énergie et de l’industrie, suivis par les bâtiments et le transport routier.

En 2020, la combinaison de la crise du Covid-19 et d’un hiver peu rigoureux avait contribué à une réduction historique des émissions de gaz à effet de serre de 9 % sur l’année par rapport à 2019. En 2022, les émissions françaises étaient reparties à la baisse, en repli de 2,7 %, après une hausse de 6,4 % en 2021 due à l’effet rebond de la reprise économique post-Covid-19. Mais l’année 2023 retrouve des résultats conformes à la stratégie nationale bas-carbone qui doit emmener la France vers la neutralité carbone d’ici 2050. L’activité sur le territoire français, sans compter l’empreinte carbone des importations s’établit à 384,5 millions de tonnes d’équivalent CO2 (Mt CO2e), plus bas que le record de 2020 (392 Mt CO2e).

Une décarbonation poussée par l’énergie et l’industrie

Selon le Citepa, la production énergétique est responsable d’une baisse de 6,3 Mt CO2e entre 2022 et 2023 (- 14 %). Elle provient avant tout de la remise en service des centrales nucléaires. Ainsi, la production nucléaire a atteint 320,4 térawattheures (TWh) en 2023, contre 279 TWh en 2022. Elle reste toutefois en dessous de ses niveaux historiques de 394,7 TWh en moyenne entre 2014 et 2019, calcule le gestionnaire du réseau électrique RTE, dans le Bilan électrique 2023.

2023 a aussi été une bonne année niveau production hydraulique (+ 9,2 TWh) « grâce notamment à des précipitations plus abondantes », ajoute RTE. Et l’année se caractérise en plus par des records de production à la fois pour l’éolien (+ 15,2 TWh pour ces deux filières cumulées), selon les données de RTE.

En parallèle, la France a continué à baisser sa consommation électrique corrigée des effets météorologiques et calendaires. Elle est passée de 460 TWh en 2022 à 446 TWh en 2023, en baisse de 3,2 % sur l’année. Cette diminution s’explique à la fois par une mobilisation continue en faveur des économies d’énergie, et par la conjoncture macroéconomique dégradée. « Notamment, 27 % de la baisse structurelle de consommation est attribuable aux grands consommateurs industriels », estime RTE. Face à la hausse des prix de l’énergie, les industriels cherchent en effet à s’adapter face au doublement de leur facture énergétique.

Conséquence directe de la réduction de la production industrielle et de facteurs plus structurels de décarbonation, l’industrie diminue ses émissions de 6 MtCO2e (- 8 %). Grâce à une telle recrudescence de la production décarbonée et un ralentissement de la demande, la France a pu tasser le recours aux combustibles fossiles et en particulier au gaz. La production est ainsi passée de 44,1 TWh en 2022 à 30 TWh en 2023. Et le charbon devient « totalement anecdotique dans le mix français », note RTE, représentant 0,17 % du mix électrique sur l’année.

Tassement des émissions résidentielles et du transport routier

La baisse des émissions vaut pour tous les secteurs, sauf l’aérien. En moyenne sur l’année 2023, les émissions mensuelles du secteur résidentiel-tertiaire ont baissé de 3,9 Mt CO2e (- 6 %). Pour expliquer cette décroissance, le Citepa avance la « poursuite des comportements de sobriété des ménages et entreprises », la « continuation des rénovations thermiques des bâtiments », la « météo », le « prix de l’énergie et inflation ».

En 2023, les émissions du routier repartent également à la baisse avec un repli de 3 %. C’est le niveau le plus bas observé depuis 2009, en dehors de l’effet Covid-19. Plusieurs effets se combinent selon le Citepa : « des effets “prix ponctuels […] avec une hausse du prix à la pompe”, “la poursuite du renouvellement du parc de véhicules” et “les évolutions de comportements” ». Toutefois, les émissions liées au secteur aérien repartent à la hausse : + 21 % pour le trafic domestique et + 27 % pour le transport international. En revanche, si les trajets intérieurs ont repris leur niveau pré-crise de 2019, ce n’est pas encore le cas du transport international.

Dans ces conditions, « les objectifs de la SNBC-2 [ Stratégie nationale bas carbone 2], en 2023 et en moyenne sur 2019-2023, sont respectés », avance le Citepa dans son Baromètre des émissions mensuelles. Et ce après avoir échoué à respecter son premier budget carbone (2015-2018). Ce manquement lui avait valu d’être traînée en justice par des ONG dans le cadre de l’Affaire du siècle. Cette stratégie prend toutefois en compte les objectifs de l’UE de l’époque, à savoir une réduction de – 40 % entre 1990 et 2030. Depuis, cet objectif de l’UE a été rehaussé à 55 %, et une mise à jour de la SNBC est en cours. Les prochains budgets carbone devraient donc se voir modifiés et les objectifs de réduction augmentés pour les années à venir.

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Posté le par Matthieu Combe


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