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Plus de la moitié des lacs du monde voit leur volume d'eau baisser

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Plus de la moitié des lacs du monde voit leur volume d’eau baisser

Posté le par Nicolas LOUIS dans Environnement

Une étude parue dans Science révèle que 53 % des plus grands lacs de la planète ont connu une baisse significative de leur stock d'eau sur la période allant de 1972 à 2020. Les principaux facteurs explicatifs sont le réchauffement climatique, la consommation humaine et la sédimentation.

Les lacs couvrent seulement 3 % de la superficie terrestre mondiale, mais stockent 87 % de l’eau douce de surface de la planète sous la forme liquide. Ils fournissent des services écosystémiques précieux aux populations locales ainsi qu’à la faune et participent à la régulation du climat à travers le cycle du carbone. Le changement climatique et les activités humaines menacent de plus en plus ces réservoirs, et certains des plus grands lacs du monde ont récemment connu une baisse de leur niveau d’eau. Cependant, cette évolution à l’échelle mondiale reste largement méconnue. Une équipe internationale de chercheurs s’est penchée sur le sujet et vient de publier une étude dans Science.

Pour mener à bien ce travail, les scientifiques ont construit une base de données mondiales regroupant 1 972 lacs, se répartissant en 1 051 lacs naturels et en 921 retenues d’eau créées par l’homme, et représentant respectivement 96 % et 83 % de chacun de ces réservoirs dans le monde. Au total, ils ont analysé près de 250 000 images satellitaires couvrant la période allant de 1992 à 2020. L’estimation de la variation du volume d’eau des lacs a été réalisée en combinant l’observation des zones couvertes en eau avec l’utilisation de neuf altimètres satellitaires pour mesurer l’élévation de leurs surfaces. Grâce à l’analyse de données climatiques mondiales, l’utilisation de modèles hydrologiques et de relevés in situ, les chercheurs sont parvenus à identifier l’origine de la variation des stocks d’eau, en analysant si elle est liée à des facteurs naturels ou anthropiques.

Des pertes de volume d’eau dans les zones arides et humides

Résultat, les scientifiques ont constaté des baisses de stockage statistiquement significatives dans 53 % de ces réservoirs d’eau sur cette période qui couvre près de trois décennies. Globalement, la baisse représente environ 21 gigatonnes d’eau par an, soit un volume cumulé de 602,28 km3, ce qui équivaut à 17 fois le volume du lac Mead, le plus grand réservoir des États-Unis. La perte de volume est plus marquée dans les zones arides, mais s’observe également dans les zones humides. Les principales régions du monde sont concernées, notamment l’ouest de l’Asie centrale, le Moyen-Orient, l’ouest de l’Inde, l’est de la Chine, le nord et l’est de l’Europe, l’Océanie, les États-Unis contigus, le nord du Canada, l’Afrique australe et la majeure partie de l’Amérique du Sud.

Les principales causes de ces pertes de volumes d’eau sont à mettre sur le compte du réchauffement climatique et de la consommation humaine. Dans le détail, la consommation d’eau non-durable a provoqué l’assèchement de la mer d’Aral en Asie centrale, du lac Mar Chiquita en Argentine et de la mer Morte au Moyen-Orient. Tandis que l’augmentation des températures et l’évaporation ont entraîné la disparition complète du lac Good-e-Zareh en Afghanistan, des lacs Toshka en Égypte, et de l’assèchement marqué du lac Kara-Bogaz-Gol au Turkménistan. Les baisses de précipitations et du ruissellement ont provoqué des baisses de volume d’eau de la mer Caspienne, du lac d’Ourmia en Iran, et du Grand Lac Salé aux États-Unis. Enfin, la sédimentation est le principal facteur explicatif de la diminution du volume des réservoirs d’eau créés par l’homme.

Mettre en œuvre de nouvelles politiques pour limiter la baisse

Pour Fangfang Yao, l’auteur principal de cette étude et aujourd’hui chercheur sur le climat à l’Université de Virginie, ces résultats ne sont pas pour autant totalement sombres. « Grâce à cette nouvelle méthode de suivi des tendances de stockage de l’eau des lacs et des raisons qui les sous-tendent, les scientifiques peuvent donner aux gestionnaires de l’eau et aux communautés un aperçu de la manière de mieux protéger les sources d’eau critiques et les écosystèmes régionaux importants. » Ainsi, lorsque la consommation humaine représente un facteur important dans le déclin du stockage de l’eau d’un lac, il est possible de mettre en œuvre de nouvelles politiques pour limiter la baisse. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit dans l’un des lacs les plus étudiés par les auteurs de l’article, à savoir le lac Sevan en Arménie. Celui-ci a connu une augmentation de son stockage d’eau au cours des 20 dernières années ; un phénomène lié à l’application de lois de conservation sur le prélèvement de l’eau depuis le début des années 2000.

Alors que la majorité des lacs du monde subit des pertes, 24 % ont tout de même enregistré des augmentations significatives de leur stockage de l’eau. Mais ces derniers ont tendance à se trouver dans des zones sous-peuplées du plateau tibétain intérieur et des grandes plaines du nord de l’Amérique du Nord, ainsi que dans des zones où de nouveaux réservoirs sont créés, notamment en Asie du Sud Est. Au final, les auteurs estiment qu’environ un quart de la population mondiale, soit 2 milliards de personnes, réside à proximité d’un lac sur le point de s’assécher, ce qui indique un besoin urgent d’intégrer la consommation humaine, le changement climatique et les impacts de la sédimentation dans la gestion durable des ressources en eau.

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Posté le par Nicolas LOUIS


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