L’analyse fonctionnelle, comme l’indique sa dénomination, est par essence une méthodologie mise en œuvre par une équipe qui cherche à résoudre une problématique, moins en y apportant directement une solution, qu’en précisant les termes du problème sous la forme de fonctions à remplir.
Personne ne conteste l’efficacité de cette approche. Par contre de nombreuses voix s’élèvent pour en montrer les limites en insistant sur son côté intrinsèquement réducteur de la complexité.
Il faut déjà observer que le fait même d’intermédiatiser la recherche de solution c’est-à-dire de chercher à suppléer le manque de connaissance des « questionneurs » est déjà mécaniquement un biais. Mais ne serait-il pas utopique de croire que toute situation soit en mesure d’être directement résolue par celui qui la crée ? À bien y réfléchir se serait même le stade ultime de l’individualisme et le renoncement à vivre en communauté.
L’objet de cet article est plutôt d’examiner s’il existe une voie intermédiaire qui chercherait à améliorer la pratique de l’analyse fonctionnelle sans refuser d’en tirer avantage compte tenu de ses intérêts qui demeurent patents.
Pour cela, la démarche proposée s’articule en deux temps. Le point de départ est celui de prendre comme sujet d’étude l’objet même qui doit résulter d’une analyse fonctionnelle c’est-à-dire l’artefact, la solution tangible issue d’une création de celui qui l’a pensé. Il faut alors préciser que par ce vocable, il ne s’agit pas seulement d’un produit physique mais aussi d’un service ou d’une organisation.
La première étape va consister à mettre en situation l’artefact. L’objectif est de préciser comment il résulte d’un équilibre entre son bénéficiaire, son concepteur et l’environnement dans lequel il se déploie. La question est de chercher à démêler le poids de chacun, à répartir le rôle de chaque protagoniste, à préciser surtout l’apport effectué par toutes les parties prenantes de cette interaction collective.
La seconde est de déterminer, à partir du bâti comme point d’application, les améliorations à apporter à l’analyse fonctionnelle. Cela passe par une redéfinition de ce que peut être la fonction et surtout sur un approfondissement de la caractérisation des critères de valeur c’est-à-dire les éléments descriptifs de la fonction. Ce choix n’est pas restrictif car notre cadre de vie est par essence une construction purement collective et il est par excellence l’archétype de l’artefact d’une communauté de plus en plus urbaine.
L’intérêt de cette démarche devrait résider dans une taxonomie générique des critères de valeur qui n’ont pas fait l’objet à ce jour d’une relecture dans la perspective d’un développement durable. Et cet éclairage pourrait remettre l’analyse fonctionnelle au cœur des outils indispensables pour implémenter une véritable responsabilité sociétale des différents acteurs de notre économie.