Si le mot couleur renvoie d’emblée à des notions très polysémiques, il n’est abordé dans ces pages que sous un seul aspect de ce qui fait l’interaction lumière-matière, celui de la physique. La colorimétrie classique a abondamment défini les grandeurs et les normes permettant à tout praticien, qu’il soit concepteur, coloriste, formulateur, ingénieur ou chercheur des secteurs académiques ou de l’industrie, de pouvoir échanger des données concernant l’apparence visuelle (comme la chromaticité et le brillant par exemple) des matériaux ou des systèmes d’éclairage. La structure internationale la plus importante, fondée sur une initiative française est la Commission Internationale de l’Éclairage (CIE) [R 86]. D’autres organismes de normalisation, telle l’AFNOR, définissent des règles d’usage et précisent le vocabulaire de la colorimétrie appliquée. Notre propos ici concerne les phénomènes fondamentaux qui sont à l’origine de ce que peut mesurer un instrument : des rayonnements. Ainsi, nous supposons fixé un observateur colorimétrique de référence défini par la CIE et concentrons notre attention sur les modèles physiques, physico-chimiques, « exacts » ou phénoménologiques employés pour décrire cette interaction lumière-matière. Elle participe à la stimulation du système visuel en tant que cause externe première et fait appel à des connaissances issues des sciences fondamentales, principalement de nombreux champs de l’optique. Nous mettons en évidence l’importance capitale de la notion de fonction diélectrique complexe ou celle d’indice de réfraction complexe [R 6 470] en raison de son omniprésence dans tous les phénomènes lorsqu’il s’agit de couleur et plus généralement d’apparence visuelle . Cette notion de fonction délectrique complexe assure alors le lien entre les phénomènes fondamentaux de l’interacton lumière-matière, causes profondes relevant de l’optique et de l’échelle dimensionnelle de la longueur d’onde, et les mesurages macro-scopiques qu’effectuent nos instruments ou tout simplement ce que nos yeux reçoivent. Armés de cette notion fondamentale nous exposons le cheminement qui conduit du simple au complexe, de la transparence à la translucidité puis à l’opacité, de la dispersion de la lumière à la diffusion simple puis multiple.