Des décennies se sont écoulées depuis la création d’Unimate, premier robot industriel installé en 1961 sur une chaîne de General Motors. Les robots ont investi depuis différents domaines : du militaire à l’industrie automobile, en passant par l’éducation et la médecine. La robotique, et plus particulièrement la robotique humanoïde, est ainsi un univers qui suscite à la fois engouement et appréhension, tant de la part des chercheurs et techniciens qui travaillent dans ce domaine que de la part des usagers qui ont déjà fait l’expérience d’une interaction avec une machine.
Cet article s’inscrit dans le cadre du travail mené par l’Institut pour l’Etude des Relations Homme-Robots (IERHR), association créée en 2013 par Serge Tisseron et Frédéric Tordo, réunissant plusieurs chercheurs s’intéressant à la question de la robotique, et avec pour principal objectif d’étudier les relations qu’entretiennent les hommes avec les outils technologiques, dans différents usages et contextes, afin d’apporter aux professionnels et « grand public » un regard d’experts, aussi bien sur les différentes questions que chacun peut se poser à ce sujet que sur les enjeux éthiques que ces innovations technologiques engagent.
Domaine de plus en plus étudié, la robotique devrait conduire à de plus en plus de développements, en termes de conception et d’usages, aussi bien sur le plan de l’ingénierie que dans les secteurs économique et industriel. La robotique sociale semble aujourd’hui se présenter comme la prochaine évolution sociétale, qui modifiera notre rapport à la technologie. Du point de vue du psychologue clinicien, il devient fondamental de s’intéresser à ce que pourrait apporter cette avancée technologique sur le plan thérapeutique. La société évoluant parallèlement au développement des nouvelles technologies et des outils numériques, les pratiques cliniques et les recherches théoriques se doivent d’examiner les apports et les limites de ces technologies, voire d’influencer leurs développements pour en maîtriser l’avenir. Les jeux vidéo étant déjà apparus comme de formidables supports de médiation thérapeutique, notamment grâce aux différentes formes relationnelles que l’enfant peut entretenir avec son avatar numérique, l’étude du rapport patient/robot/thérapeute nous paraît constituer un enjeu crucial, notamment dans le domaine des troubles du spectre autistique (TSA).
Cet article va s’attacher principalement à la description des différents intérêts que peuvent avoir les robots dans la clinique des TSA, en commençant par un retour théorique sur ce que peuvent constater les psychologues sur les robots sociaux, et plus particulièrement sur la relation que les humains peuvent (ou pourront) entretenir avec ces machines. Le but est de donner envie aux différents professionnels travaillant sur les robots (ingénieurs, roboticiens, etc.) de mettre en commun leurs pratiques avec des psychologues, afin d’améliorer les bénéfices que peuvent apporter ces machines dans un contexte thérapeutique.