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RÉSUMÉ
Méthode d’analyse physico-chimique facile à mettre en œuvre, rapide et précise, la potentiométrie reste la méthode électrochimique la plus courante (électrode indicatrices de pH, électrodes sélectives…). Les progrès de l’électronique, l’automatisation des mesures et la mise au point des électrodes à membrane liquide puis d’électrodes à l’état solide ont facilité le développement de cette méthode. Les principes généraux de cette méthode, les concepts d’activité, de potentiel électrochimique ont été rappelés dans cet article afin d’introduire les lois de base de la potentiométrie. Le principe de fonctionnement des électrodes de référence et des électrodes indicatrices sont détaillés, avant de présenter quelques électrodes particulières.
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Lire l’articleAuteur(s)
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Nicole JAFFREZIC : Directrice de recherche émérite - Université Marie-et-Louis-Pasteur, Besançon
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Gérard DURAND : Professeur honoraire à l’École Centrale de Paris - Auteur de la version publiée en 2010
INTRODUCTION
De toutes les méthodes électrochimiques, la potentiométrie est certainement la méthode la plus fréquemment utilisée. C’est l’évolution de l’instrumentation qui lui a permis de se développer (la mise en évidence de l’existence d’un potentiel de membrane pour le verre ayant plus de cent ans). La méthode exploite, en effet, pour ce qui concerne les électrodes à membrane, des variations extrêmement faibles de potentiel, que seuls des millivoltmètres de très haute impédance sont capables de discriminer. Ce n’est que lorsque de tels appareils ont pu être construits, grâce au développement parallèle de l’électronique, que cette méthode a pu apparaître. La mise à disposition des laboratoires de la mesure instrumentale du pH par potentiométrie a ainsi constitué, il y a une soixantaine d’années, une avancée considérable, par sa commodité, sa rapidité et sa précision.
Méthode d’analyse physico-chimique, puisque permettant de mesurer les activités d’espèces réelles en solution, la potentiométrie fut l’objet d’un nouveau et important développement, il y a une trentaine d’années, cette fois du côté des électrodes. À la demande initiale des biologistes souhaitant pouvoir mesurer les activités du calcium, et discriminer ainsi la forme libre Ca2+ des formes complexées, fut construite une électrode à membrane liquide indicatrice du calcium. Dans le même temps, le développement de la chimie du solide permit de mettre au point une électrode à membrane indicatrice du fluorure, sur la base d’un monocristal de fluorure de lanthane dopé à l’europium. À partir de ces deux électrodes se développa graduellement, et assez rapidement toute une variété d’électrodes dont les inconvénients initiaux de mise en œuvre (pour les électrodes à membrane liquide) furent progressivement gommés par la mise au point de membranes jetables.
Le développement récent de l’informatique a permis à la potentiométrie de franchir un nouveau seuil en étendant grandement ses possibilités, au niveau de l’acquisition des résultats, de leur exploitation, de leur stockage et de l’automatisation des mesures, par la conception de logiciels adaptés et performants. Dans le même temps, l’appareillage subissait aussi une grande évolution, avec la miniaturisation des appareils, leur adaptation aux mesures de terrain, et l’intégration de l’ensemble des fonctions nécessaires dans une chaîne d’analyse potentiométrique, souvent automatique.
Permettant d’effectuer la spéciation des espèces en solution par suite de la mesure physico-chimique, adaptée à la mesure in situ, et au contrôle en ligne, la potentiométrie n’a cessé depuis de se développer, et de gagner tous les secteurs d’activité, que ce soit l’analyse de laboratoire (chimique, biochimique, pharmaceutique, etc.) ou l’analyse industrielle (pour le pilotage de procédés, le contrôle des eaux, les dispositifs d’alerte, etc.).
Cet article est consacré aux principes généraux qui régissent la potentiométrie. Il rappelle d’abord les relations entre activités et concentrations, dans la mesure où la potentiométrie permet d’accéder aux activités, alors que la concentration est la grandeur que souhaite mesurer l’expérimentateur. On effectue une mesure potentiométrique dans une cellule électrochimique, dont les caractéristiques de mise en œuvre sont rappelées. Deux électrodes sont nécessaires : en général une électrode de référence de potentiel, dont les plus courantes sont décrites dans leur principe et dans leur fonctionnement, et une électrode indicatrice, voire deux. Les indications de ces dernières peuvent être exploitées au travers de la mesure d’un potentiel d’oxydoréduction ou d’un potentiel de membrane. Quelques électrodes particulières sont décrites : les électrodes « à gaz » dont le fonctionnement est un peu différent des autres électrodes de potentiométrie, et les électrodes « à oxygène » qui sont en général présentées dans les catalogues de constructeurs avec les électrodes de potentiométrie, mais qui n’en relèvent pas. Il s’agit dans ce cas de dispositifs qui corrèlent une mesure de courant (ampérométrie ou voltampérométrie) à la concentration de l’oxygène dissous.
La plupart du temps, la potentiométrie est mise en œuvre à courant nul, mais dans quelques cas, il y a intérêt à opérer à courant imposé. Quelques exemples sont décrits.
Outre celui-ci, deux articles sont consacrés à la potentiométrie :
VERSIONS
- Version archivée 1 de avr. 1983 par Gérard DURAND
- Version archivée 2 de sept. 2010 par Gérard DURAND
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7. Mesures potentiométriques à courant nul ou imposé
Les indications des différents types d’électrodes indicatrices sont exploitées :
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soit pour relier directement le potentiel lu à la concentration du (ou des) solutés grâce à un étalonnage préalable (dosages potentiométriques) ;
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soit pour déterminer une quantité de substance par l’intermédiaire d’une réaction chimique (titrages potentiométriques).
Selon les conditions opératoires on distingue deux grands types de mesure potentiométrique :
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la potentiométrie à courant nul, à une électrode indicatrice (et une électrode de référence) ou à deux électrodes indicatrices (en général de nature différente) ;
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la potentiométrie à courant imposé, à une électrode indicatrice (et une électrode de référence) ou à deux électrodes indicatrices (le plus souvent de même nature).
selon l’Union internationale de chimie pure et appliquée (IUPAC) le terme de potentiométrie doit être réservé aux méthodes de mesure à courant nul. Les méthodes à courant imposé sont néanmoins évoquées dans la mesure où elles permettent aussi de corréler des mesures de potentiel à une concentration en solution.
7.1 Principe et conditions de mesure
7.1.1 Mesure potentiométrique à courant nul
On inclut l’électrode indicatrice considérée dans un montage à deux électrodes reliées directement à l’entrée d’un millivoltmètre de forte impédance. Il est inutile d’opérer avec une cellule à compartiments séparés, puisque le courant d’électrolyse est négligeable.
Dans la plupart des cas, on couple une électrode de référence à l’électrode indicatrice considérée (métallique ou à membrane). Cela correspond à la potentiométrie à une électrode indicatrice. On peut ainsi relier à tout moment la mesure du potentiel à la concentration de l’espèce (ion ou molécule)...
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Mesures potentiométriques à courant nul ou imposé
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - CONWAY (B.E.) - Ionic interactions and activity behavior of electrolyte solutions. - In Comprehensive treatise of electrochemistry vol. 5, CONWAY (B.E.), BOCKRIS (J.O’M.) et YEAGER (E.) (eds), Plenum Press, p. 111-222 (1983).
-
(2) - BATES (R.G.), STAPLES (B.R.), ROBINSON (R.A.) - Ionic hydratation and single ion activities in unassociated chlorides at high ionic strengths. - Anal. Chem. 42(8), p. 867-871 (1970).
-
(3) - ROBINSON (R.A.), STOKES (R.H.) - Electrolyte solutions. - Dover Publications (2002).
-
(4) - KIELLAND (J.) - Individual activity coefficients of ions in aqueous solutions. - J. Am. Chem. Soc., 59(9), p. 1675-1678 (1937).
-
(5) - LEMAÎTRE (F.) - Premières approches de l’électrochimie et de l’oxydo-réduction : de la loi de Nernst aux courbes intensité-potentiel. - https://www.chimie.ens.fr/wp-content/uploads/2025/03/cours_VF_electrochimie_compression2.pdf
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DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
Organismes
AFNOR Association Française de Normalisation http://www.afnor.org
AFNOR, ASTM, ISO et NIST sont des organisations qui éditent nationalement ou internationalement des normes utilisant des protocoles opératoires définis. Un certain nombre d’entre elles font appel à la potentiométrie directe ou à des titrages potentiométriques.
ASTM American Society for Testing and Materials http://www.astm.org
CODATA Committee on Data for Science and Technology http://www.codata.org
CODATA est un comité scientifique interdisciplinaire, émanation du Conseil International de la Science (International Council for Science, ICSU). Il a pour objectif d’améliorer la qualité, la fiabilité, la gestion et l’accessibilité des données dans tous les secteurs de la science et de la technologie.
ICSU International Council for Science http://www.icsu.org
ISC International Science Council https://council.science
ISO International Organisation for Standardization http://www.iso.org
IUPAC International Union of Pure and Applied Chemistry http://www.iupac.org
L’IUPAC édite des recommandations concernant tous les secteurs de la chimie (nomenclature, méthodes, etc.) et des compilations de connaissances acquises sur différents sujets. De nombreuses publications concernant la potentiométrie sont référencées dans le présent article.
NIST National Institute of Standards and Technology http://www.nist.gov
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