L'intérêt grandissant pour une certification de l'absence de danger résiduel impose que l'on puisse faire un point très précis sur ce que cela implique. C'est l'objectif que nous nous sommes fixé dans cet article.
Traiter du contrôle de la décontamination chimique nécessite de rappeler dans un premier temps ce que l'on entend par contamination et décontamination. Sans prétendre à l'exhaustivité, quelques exemples particulièrement significatifs pris dans le cadre des dangers associés à différentes situations rencontrées par les militaires (toxiques de guerre essentiellement) sont évoqués. Les exemples choisis sont dans le domaine de la menace NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique) mais les éléments présentés peuvent dans une certaine mesure être étendus à de nombreuses autres situations du monde civil, particulièrement les situations accidentelles du type attentat avec utilisation de produits chimiques.
Dans un second temps, les conditions suffisantes et nécessaires pour fixer des seuils réputés acceptables de décontamination sont détaillées en faisant appel à deux exercices scientifiques complémentaires : la fixation de valeurs toxicologiques de référence et l'élaboration de scénarios d'exposition. Ces deux exercices sont par essence pluridisciplinaires et nécessitent un dialogue soutenu et compréhensible entre les décideurs d'une part et les équipes scientifiques d'autre part. Des exemples chiffrés, essentiellement issus de la littérature nord-américaine, sont donnés afin d'illustrer à la fois la complexité de cet exercice, les prérequis et les limites mais aussi la sensibilité du résultat final aux choix effectués préalablement aux calculs numériques (scénario d'exposition, acceptabilité d'effets sanitaires mineurs, etc.).
Enfin, dans un troisième temps, les outils analytiques utilisables aujourd'hui pour vérifier, lors de simulation, sur le terrain ou dans des laboratoires spécialisés, le respect des niveaux de décontamination préalablement calculés sont détaillés.
Cet article illustre qu'en filigrane d'une question en apparence simple « jusqu'à quelle valeur décontaminer après une contamination chimique » se cachent en réalité des raisonnements complexes et nécessitant du temps pour aboutir à un consensus des parties prenantes. Il nous semble indispensable de conseiller que ces raisonnements soient effectués avant la survenue d'un incident/accident : une fois survenu l'incident ou l'accident le temps et l'énergie doivent être consacrés à la décontamination et à son contrôle et non plus aux calculs.