Depuis plus de 70 ans, les matériaux polymères remplacent peu à peu les matériaux traditionnellement employés et nous entourent constamment sous diverses formes : produits de commodité (emballage, textile), polymères techniques (composites, matériel électronique) ou de spécialités (fibre optique). L’utilisation massive des matériaux polymères dans de multiples domaines d’applications est due à leurs diverses propriétés en fonction de leur structure chimique, à leur facilité de mise en forme et à leur coût de production relativement faible. Cependant, en dépit de leurs évidentes qualités, les matériaux plastiques présentent un caractère fortement inflammable qui entraîne de graves conséquences en cas d’incendie et fait de chaque matériau polymère un combustible en cas de départ de feu. Ce risque potentiel d’incendie ne cesse d’augmenter avec la multiplication et la miniaturisation des équipements électriques, notamment. En France, on a recensé en 2013 plus 300 000 incendies de diverses natures dont environ 140 000 concernent des feux d’habitation et de véhicules et ont occasionné 362 décès et plus de 1 500 médicalisations . On compte également des pertes matérielles considérables (environ 25 milliards d’euros pour l’Europe) dues aux incendies provoqués par l’inflammation de matériaux polymères. La lutte contre ce phénomène constitue donc un enjeu de sécurité publique.
L’ajout de retardateurs de flamme (RF) dans ces matériaux polymères permet de réduire ou de ralentir leur inflammabilité. Il existe de nombreuses familles de retardateurs de flamme, et ces derniers sont adaptés au type de polymère et au type d’utilisation de l’objet final. Les retardateurs de flamme phosphorés (RFP) sont une famille de retardateurs de flamme compatibles avec un grand nombre de polymères et apportant des bonnes propriétés ignifugeantes. Cet article a donc pour but de détailler la nature chimique de ces retardateurs de flamme phosphorés et d’expliquer leurs modes d’action.