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EPR, nucléaire, Flamanville

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12 ans après, l’EPR de Flamanville va entrer en service

Posté le par Matthieu Combe dans Énergie

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a officiellement autorisé la mise en service du réacteur EPR de Flamanville. Avec douze ans de retard sur le planning initial, cette décision marque une nouvelle étape dans la relance du nucléaire en France.

C’est un nouveau chapitre qui débute pour le nucléaire français. Le 7 mai 2024, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a officiellement autorisé la mise en service du réacteur EPR de Flamanville de 1 600 mégawatts, le plus puissant au monde. Cette décision marque une étape cruciale dans le projet de ce réacteur de troisième génération, après des années de retards.

Le réacteur, désigné sous le nom d’Installation Nucléaire de Base (INB) 167, est maintenant prêt à entrer en phase opérationnelle, sous la supervision attentive de l’ASN. L’ASN a intégré les retours d’expérience des réacteurs EPR déjà en fonctionnement, notamment ceux de Finlande et de Chine, pour optimiser la sécurité. EDF a dû démontrer que toutes les mesures nécessaires ont été prises pour compenser et corriger les fluctuations observées dans ces installations précédentes.

Avec l’autorisation de l’ASN, EDF peut désormais charger le combustible nucléaire dans le réacteur et commencer les essais de démarrage. Cette phase se déroulera en plusieurs étapes, sous un contrôle strict de l’ASN. Les essais commenceront par « une phase d’essais précritiques », avant de procéder à la « la divergence du réacteur ». Plus clairement, l’ASN précise qu’il s’agit de réaliser les essais d’abord « sans déclencher la réaction en chaîne », avant de lancer le processus dans une deuxième phase et de procéder à « une augmentation progressive de la puissance du réacteur afin de réaliser les essais de démarrage de l’installation ».

L’accord de l’ASN à plusieurs étapes

L’ASN a déjà prescrit le remplacement du couvercle de la cuve, qui interviendra durant le premier arrêt pour rechargement du réacteur. Mais avant cela, le chemin reste long. Durant la phase d’essais, plusieurs jalons cruciaux nécessitent l’accord explicite de l’ASN. Par exemple, avant que la température du circuit primaire principal et des circuits secondaires principaux n’atteigne 110°C, EDF devra soumettre un dossier détaillé à l’ASN pour validation.

De plus, la divergence du réacteur, qui marque le début du processus de réaction en chaîne, sera également soumise à l’approbation de l’ASN. EDF devra présenter un dossier contenant tous les éléments nécessaires pour garantir que toutes les conditions de sûreté sont remplies.

La poursuite des essais à des puissances supérieures à 25 % et 80 % de la puissance nominale du réacteur sera également conditionnée par l’approbation de l’ASN. Ces points d’arrêt visent principalement à vérifier la calibration du système de protection du réacteur et à s’assurer de la conformité de l’installation aux normes de sûreté.

Outre les étapes nécessitant son accord, l’ASN continuera de surveiller de près les résultats des essais et les événements significatifs qui pourraient survenir. L’ASN indique avoir prévu un « programme d’inspection spécifique pour le contrôle du démarrage du réacteur ». Cela inclut des inspections liées à la manutention du combustible, au chargement du réacteur, à la divergence et au déroulement des essais en puissance.

La décision d’autorisation de mise en service inclut également des prescriptions techniques pour garantir que l’exploitation du réacteur respecte les normes les plus élevées en matière de sûreté et de radioprotection. EDF devra régulièrement informer la Commission locale d’information (CLI) de Flamanville et le public sur le déroulement des essais de démarrage et les étapes ultérieures.

De la demande à l’autorisation

La création du réacteur EPR de Flamanville a été initialement autorisée par décret en 2007. Sa mise en service était alors prévue pour 2012. Mais le chantier a accumulé retards et dysfonctionnements. D’abord avec la découverte de fissures dans le béton coulé pour bâtir les fondations, puis deux décès sur le chantier et l’explosion des coûts à cause des contraintes post-Fukushima. Ont suivi des défauts sur des pièces métalliques, des défauts de conception sur la cuve du réacteur et des soudures défectueuses sur le circuit secondaire du réacteur. Finalement, la demande d’autorisation de mise en service a été soumise par EDF à l’ASN le 4 juin 2021.

L’ASN a ensuite mené une série de consultations publiques pour recueillir les observations du public sur cette demande. Ces consultations, réalisées entre juin 2023 et avril 2024, ont permis de recueillir plus de 2 200 contributions, portant sur divers aspects allant de la politique énergétique française à la sûreté et à l’impact environnemental du réacteur.

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Posté le par Matthieu Combe


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