Alors qu'officiellement le nucléaire fait partie des activités éligibles au financement de la BEI, celle-ci n'accorde plus aucun financement à la construction de nouveaux réacteurs. La nouvelle présidente nommée à la tête de cette institution pourrait changer la donne, mais des pays européens, notamment l'Allemagne, s'opposent toujours à l'atome.
La Banque européenne d’investissement (BEI) est la principale institution de financement de l’Union européenne. Au cœur de ses missions : le soutien à des actions en faveur du climat. Dans sa feuille de route, elle s’est engagée à soutenir 1 000 milliards d’euros d’investissements verts d’ici à 2030 et à aligner toutes ses nouvelles opérations sur l’accord de Paris. Devenue la banque verte de l’Europe, elle a décidé de consacrer plus de 50 % de ses investissements à des activités en faveur du climat et de la durabilité environnementale d’ici à 2025. Mais pour l’heure, elle ne prévoit pas de financer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.
Officiellement, le nucléaire fait pourtant partie des activités éligibles au financement de la BEI. Sauf que depuis 1987, cette institution n’accorde plus aucun soutien à de nouveaux projets nucléaires et se contente de financer des projets liés à la sûreté nucléaire ou au cycle du combustible. Une nouvelle orientation pourrait intervenir à la faveur du changement de la présidence de la BEI. Depuis le 1er janvier 2024, l’Allemand Werner Hoyer, opposé à l’atome, a en effet été remplacé par l’Espagnole Nadia Calvino, qui semble plus ouverte à soutenir le nucléaire. Dans un entretien accordé au Financial Times, elle a déclaré que « l’Europe doit agir si elle ne veut pas être en retard concernant les petits réacteurs modulaires, qui sont encore dans une phase de recherche au sein de l’UE. »
À la tête de la BEI, des réticences se font toutefois encore entendre, puisque Thomas Östros, le vice-président, a déclaré lors du Sommet sur l’énergie nucléaire qui s’est tenu le 21 mars : « jusqu’en 2030, nous nous concentrerons en priorité sur les énergies renouvelables ». Et d’ajouter : « nous sommes une banque et nous considérons les risques des projets [nucléaires] comme très élevés ».
Les pays membres s’opposent entre les pro et anti-nucléaires
La Commission européenne est aussi partie prenant dans le soutien ou non au développement du nucléaire, puisqu’elle est chargée de fournir un avis sur tous les financements de la BEI. Lors du dernier sommet sur l’énergie nucléaire, la présidente Ursula von der Leyen a apporté son soutien en affirmant que « les technologies nucléaires peuvent jouer un rôle important dans la transition vers les énergies propres ». Et parmi toutes les tâches à accomplir pour soutenir le nucléaire, elle a déclaré : « il convient tout d’abord de s’assurer de nouveaux investissements. » Elle a aussi apporté son soutien à l’innovation dans de nouvelles technologies, « en particulier […] les petits réacteurs modulaires, ou PRM. »
Malgré tout, le financement de nouveaux projets nucléaires devrait se heurter au mode de gouvernance de la BEI dont le processus de décision doit être pris en concertation avec les 27 États membres, actionnaires de cette institution. Et dans le camp des anti-nucléaires, se trouve entre autres l’Allemagne, qui considère que le nucléaire est dangereux et ne doit pas être développé, à l’inverse des énergies renouvelables. De son côté, l’alliance européenne du nucléaire, qui compte 14 États membres, fait campagne pour que l’Union européenne contribue au financement des projets nucléaires au moyen d’instruments financiers tels que la BEI, mais aussi le Fonds pour l’innovation et les Projets importants d’intérêt européen commun (IPCEI).
En cas d’accord, la BEI agit en tant que source complémentaire de financement et peut prendre en charge jusqu’à 50 % du coût du projet financé.
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