Pour mettre au point des matériaux capables d’accompagner la transition écologique tout en répondant aux besoins de performance de l’industrie, le groupe Arkema s’appuie sur quatre grandes plateformes transverses, guidant l’ensemble de sa recherche et développement. Du lin technique aux polymères recyclables, en passant par des composites allégés, le spécialiste des matériaux de performance oriente son innovation vers des solutions concrètes pour de nouveaux usages.
Avec ses quatre plateformes transverses, Arkema positionne ses efforts sur des familles de matériaux qui répondent aux grands défis industriels, tout en réduisant les impacts des procédés. Les matériaux devront ainsi être biosourcés, circulaires, légers et produits avec des procédés plus propres. Leur usage permettra notamment d’alléger les structures, de recycler les plastiques et de favoriser le recours à des ressources renouvelables. Ces innovations doivent cependant encore franchir des étapes pour être industrialisées à grande échelle et garantir la compétitivité face à une concurrence internationale particulièrement active, mais elles illustrent l’orientation forte de la chimie française vers des matériaux compatibles avec la transition énergétique et la réduction des ressources fossiles.
Alléger sans compromettre la performance
La première plateforme concerne l’allègement et le design des matériaux, indispensables pour réduire la consommation énergétique dans la mobilité. L’idée est simple. Elle consiste à diminuer le poids des structures tout en maintenant leur robustesse. Ce levier est particulièrement crucial dans les transports, où chaque kilo économisé se traduit par une consommation énergétique moindre. Arkema mise sur des composites thermoplastiques allégés, comme la résine Elium®, déjà testée pour la fabrication de pales d’éoliennes plus légères et recyclables. Ces solutions trouvent également des débouchés dans l’automobile et l’aéronautique, où la recherche d’efficacité énergétique pousse à remplacer progressivement le métal par des polymères de haute performance.
Recycler et fermer les boucles
Le deuxième pilier de la R&D d’Arkema est l’économie circulaire. Arkema développe des polymères capables d’être recyclés mécaniquement ou chimiquement, notamment les thermoplastiques hautes performances (PEKK, PEKK recyclables), avec une qualité proche des matériaux vierges. L’entreprise travaille aussi sur des formulations facilitant le désassemblage des pièces complexes, afin de mieux récupérer les composants en fin de vie. Dans le domaine de l’emballage, Arkema met en avant ses résines thermoplastiques pouvant être retraitées en fin de vie, réduisant ainsi la dépendance aux matières vierges. Ces développements sont essentiels pour répondre aux réglementations européennes qui imposent une part croissante de matériaux recyclés dans les emballages et produits plastiques.
Miser sur le biosourcé
La troisième plateforme concerne les matériaux biosourcés ou issus de la biosynthèse. Arkema investit ainsi depuis plusieurs années dans le développement du polyamide 11, un polymère haute performance produit à partir de l’huile de ricin. Utilisé dans l’automobile, l’électronique ou le sport, il illustre la capacité de la chimie française à proposer des alternatives durables aux plastiques fossiles.
Le projet Fiabilin traduit cette volonté. En valorisant le lin technique à fibres longues, Arkema et ses partenaires cherchent à créer une nouvelle génération de composites thermoplastiques allégés et résistants, susceptibles de concurrencer les fibres de verre ou de carbone. Un projet qui associe innovation industrielle et filière agricole, et qui ouvre la voie à de nouveaux débouchés pour les matériaux d’origine végétale.
Des procédés plus vertueux
Enfin, la quatrième plateforme porte sur les procédés plus performants et vertueux. L’enjeu est d’améliorer les méthodes de fabrication, afin de réduire la consommation d’énergie, limiter les émissions et minimiser les déchets. Cet axe ne concerne pas seulement la fabrication des matériaux, mais aussi leurs formulations. Arkema développe par exemple des procédés secs, moins consommateurs de solvants, et des formulations permettant de prolonger la durée de vie des produits finis. Les colles, revêtements, peintures et additifs sont ainsi conçus pour durer plus longtemps et réduire les consommations intermédiaires. Dans le domaine des revêtements, certains polymères fluorés haute durabilité réduisent la fréquence d’entretien des infrastructures, générant des économies de ressources sur tout le cycle de vie.
Atouts français, mais concurrence internationale
Si l’orientation stratégique d’Arkema est crédible, la réussite dépendra de sa capacité à transformer l’innovation en production, à lever les verrous techniques ou coût, et à s’intégrer dans un écosystème global concurrencé, un modèle à observer pour l’industrie dans le choix des priorités, des investissements, et des partenariats.









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