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Reportage

Hyperions : l’éco-quartier le plus ambitieux au monde

Posté le par Matthieu Combe dans Innovations sectorielles

L'un des éco-quartiers les plus ambitieux au monde verra-t-il le jour à Jaypee Greens Sports City, une ville nouvelle près de New Delhi ? C'est en tout cas le souhait de l'architecte belge Vincent Callebaut. Il y prévoit, dès 2020, la construction de 6 tours-arbres de 36 étages, mêlant logements, bureaux et espaces de loisirs. Le quartier sera auto-suffisant et à énergie positive.

Jaypee est la première ville nouvelle indienne consacrée au sport. Sur plus de 1 000 hectares, elle accueillera le Grand Prix indien de Formule 1, un stade de cricket, un stade de hockey et une académie des sports. Mais l’ambition d’Hypérions est de la « métamorphoser en ville pionnière de l’agroécologie urbaine », explique Amlankusum, l’agro-écologiste du projet. Hypérions, du nom du séquoïa le plus grand au monde (115,55 mètres), est un concentré d’innovations pour un bien-être social, économique et environnemental.

« Intégrant le meilleur de la Low-Tech et de la High-Tech, […], ma démarche vise à réconcilier la renaturation urbaine et le développement agricole artisanal avec la protection de l’environnement et de la biodiversité […] pour prouver qu’il existe des liens stratégiques à mettre en œuvre entre le changement climatique, l’alimentation durable et le développement urbain », résume Amlankusum.

Rendre l’agriculture invasive

L’agriculture urbaine, basée sur l’agroforesterie et la permaculture, y sera invasive. L’aquaponie et la permaculture foisonneront dans les rues, les jardins, les balcons, les parois et les toits. On y trouvera des arbres fruitiers tropicaux, des plantes aromatiques et médicinales, des potagers familiaux, des élevages, des bassins à poissons… Des étangs et des lagunes de phytho-épuration seront situés aux pieds des tours-arbres dans les vergers communautaires dédiés aux épices. On y trouvera aussi des serres spécialisées et de petits élevages produisant des œufs et des laitages.

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Pour protéger la santé des habitants, les engrais et pesticides chimiques y seront bannis. L’irrigation se fera par l’eau des bassins d’élevage de plusieurs espèces de poissons et de mollusques dont les déjections fourniront les engrais naturels. Le rendement serait de plus de 20 kg de fruits et légumes biologiques par mètre carré par an.

L’agriculture foisonnera aussi dans de petites exploitations voisines. Les sols seront fertilisés au moyen de composts issus des déchets organiques produits par les habitants et d’engrais verts. Pour accroître la biodiversité, l’ensemble des parcelles seront en polyculture, alternant les cultures céréalières et les légumineuses. Elles ne seront pas labourées pour préserver les micro-organismes et présenteront un couvert végétal permanent pour structurer les sols et en limiter l’érosion. La lutte contre les parasites sera assurée par les méthodes alternatives de lutte biologique. Les traitements phytosanitaires naturels et biodégradables y seront à l’honneur.

L’utilisation de la ressource en eau de pluie sera optimisée par la mise en place de micro barrages et de diguettes filtrantes rechargeant les nappes phréatiques. Cela permettrait d’économiser jusqu’à 90 % des besoins en eau.

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Une structure et des énergies pensées pour limiter l’empreinte écologique

Les tours présentent une structure mixte composé de 25 % de matériaux inertes et de 75 % de matériaux bio-sourcés. L’acier et le béton sont réservées aux fondations antisismiques, aux parkings et à la base des noyaux verticaux. La superstructure est constituée de poteaux, poutres et panneaux en bois massifs, renforcés par des lames en acier. Le bois nécessaire proviendra d’une forêt de Delhi gérée durablement. Pour chaque mètre cube de bois utilisé, cela éviterait l’émission de 1,1 tonne de CO2 par rapport à l’utilisation d’acier ou de béton.

L’énergie nécessaire au fonctionnement du quartier et à la recharge des véhicules électriques sera produite sur place via des « écailles bleutées solaires photovoltaïques et thermiques venant enrober les façades en suivant la course du soleil d’Est en Ouest » et des lampadaires éoliens. Cette énergie sera complétée par la méthanisation des déjections animales et des résidus de cultures.

Dans ce climat subtropical, chaud et humide, la climatisation sera naturelle, semblable à la climatisation d’une termitière. Du haut de leurs 128 mètres, les tours seront reliées par des passerelles et unifiées par une grande toiture-verger, véritable lieu convival pour les habitants. Elles seront agrémentées d’un gymnase, d’une piscine biologique et d’aires de jeux. Ces passerelles seront irriguées en récupérant les eaux de pluies et les eaux grises des habitants.

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Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

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