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La France lance la construction du futur fleuron de la Marine nationale

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La France lance la construction du futur fleuron de la Marine nationale

Posté le par Nicolas LOUIS dans Innovations sectorielles

Une étape majeure vient d'être franchie par la France dans son programme naval avec le démarrage de la construction de son futur porte-avions de nouvelle génération. Surpassant le Charles de Gaulle en taille et en puissance, il intégrera les technologies les plus avancées pour assurer la souveraineté et la projection aéronavale française à l'horizon 2038.

Alors que le porte-avions Charles de Gaulle, en service depuis 2001, s’apprête à tirer sa révérence, la France entame un tournant décisif dans le chantier du nouveau porte-avions français, encore appelé PA-NG pour Porte-Avions de Nouvelle Génération. Après plusieurs années d’études techniques et d’avant-projets, la fabrication des premières pièces de ce futur fleuron naval vient de débuter à Cherbourg. Ce bâtiment est destiné à maintenir la permanence de la capacité aéronavale française et à affirmer son rang de puissance maritime mondiale. Son entrée en service opérationnel est prévue pour 2038.

Ce navire de guerre incarne un saut générationnel à tous les niveaux. Plus grand, plus puissant, plus automatisé, il représente un bond d’échelle considérable, avec une capacité de 75 000 tonnes à pleine charge, contre 42 000 pour le Charles de Gaulle, et une longueur proche de 310 mètres, contre 260 pour son prédécesseur. La propulsion reposera sur deux nouveaux réacteurs nucléaires de type K22 de 220 MW (Mégawatt) chacun, offrant une puissance accrue, une autonomie quasi illimitée et une vitesse de pointe pouvant atteindre 27 nœuds (50 km/h).

Il s’agira du premier bâtiment français à être équipé de catapultes électromagnétiques pour lancer les avions, inspirées du système EMALS américain, et de brins d’arrêt nouvelle génération. Ces systèmes viendront en remplacement des systèmes de catapultes à vapeur et des dispositifs d’arrêt hydrauliques utilisés à bord du Charles de Gaulle. Il pourra embarquer une quarantaine d’aéronefs, parmi lesquels des Rafale Marine, puis les futurs chasseurs NGF (New Generation Fighter) du programme SCAF (Système de Combat Aérien du Futur), ainsi que des hélicoptères et des drones. Les technologies à bord devront garantir une compatibilité avec les systèmes de combat du futur et une interopérabilité accrue avec les alliés européens et américains.

Le PA-NG embarquera un système de combat entièrement repensé, combinant capteurs, radars et armement défensif de nouvelle génération. Son îlot, déplacé vers l’arrière, intégrera un radar à balayage électronique Sea Fire fabriqué par Thales, offrant une couverture à 360 degrés. Côté défense, le navire disposera de trois modules verticaux pour les missiles Aster, de quatre canons Bofors de 40 mm et des lanceurs Simbad-RC équipés de missiles Mistral 3. Conçu pour accueillir à terme des armes à énergie dirigée utilisant la puissance de l’électricité, ce bâtiment illustre une modernisation complète et évolutive des moyens de défense aéronavale français.

Maintenir les savoir-faire français dans les domaines du nucléaire et du naval

Derrière ce chantier naval, c’est toute la filière industrielle française qui se trouve mobilisée. Naval Group et les Chantiers de l’Atlantique vont assurer la maîtrise d’œuvre au sein de la société MO Porte-Avions, tandis que TechnicAtome et le CEA développeront les chaufferies nucléaires. Des centaines de sous-traitants seront associés dans les domaines de la chaudronnerie, de l’électronique embarquée, des systèmes d’armes et de la propulsion. Le projet représente des milliers d’emplois directs et indirects et constitue un formidable levier de maintien des savoir-faire nationaux dans les domaines du nucléaire et du naval.

Si l’ambition est claire, les défis sont immenses. À commencer par le coût, qui devrait avoisiner les 10 milliards d’euros. L’État a promis un soutien budgétaire constant, mais le risque de dérapage financier n’est pas à écarter face à l’inflation, les tensions sur les métaux stratégiques et la complexité technique. Les délais industriels pèsent lourdement sur le projet, puisque tout retard compromettrait la transition entre le Charles de Gaulle et son successeur, avec le risque d’une période sans porte-avions opérationnel.

Pilotée par la DGA (Direction Générale de l’Armement), la construction du PA-NG symbolise la volonté de la France de rester une puissance maritime et nucléaire de premier rang. En intégrant les technologies les plus avancées, ce futur porte-avions s’inscrit dans une logique de continuité et de modernisation. À l’heure où les mers redeviennent des espaces de confrontation, il illustre la détermination de Paris à tenir son rang sur la scène internationale, tout en consolidant une base industrielle de défense souveraine.

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Posté le par Nicolas LOUIS


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