A horizon 2030, le vieux continent va devoir s’atteler à un défi d’ampleur, à savoir le recyclage de plusieurs dizaines de milliers de pales d’éoliennes. Avec un enjeu d’importance : comment valoriser les pales des éoliennes de manière industrielle et rentable ?
En effet, si les mâts et les nacelles des éoliennes, principalement constitués d’acier, sont recyclables via des filières déjà matures, les pales, composées de composites fibre-verre ou fibre-carbone liés par des résines thermodurcissables, posent aujourd’hui un problème technique et économique majeur. Problème qu’il va falloir résoudre via des solutions industrielles viables, à grande échelle, et bas carbone. Face à cette échéance, la filière développe une double approche, liant l’éco-conception des futures pales pour anticiper leur recyclage à l’innovation dans le traitement des matériaux composites existants, pour en extraire des matières valorisables.
Face à la première vague de structures éoliennes en fin de vie, la filière européenne table sur l’arrivée des volumes significatifs de démantèlement. D’ici 2030, l’UE devrait générer plus de 50 000 tonnes de déchets de pales, soit environ 14 000 pales à déposer selon WindEurope. À l’échelle mondiale, environ 60 000 turbines atteindront la fin de leur premier cycle d’exploitation à cet horizon, dont près des deux tiers en Europe.
De nombreux projet d’éco conception
L’innovation bat son plein pour parvenir à relever le défi autour du recyclage des pales. Côté éco-conception par exemple, le projet ZEBRA a permis de valider la fabrication de pales en résine thermoplastique, et surtout leur recyclabilité en boucle : la résine et les renforts peuvent ainsi être réintroduits dans de nouveaux matériaux.
Sur le plan industriel, Siemens Gamesa a commercialisé les RecyclableBlades en offshore, des pales recyclables mises en service pour la première fois en 2022.
En ce qui concerne le stock existant de pales thermodurcissables, l’innovation vise la récupération des matériaux – fibres, verre, carbone – et la substitution de matières. Le projet européen EoLO-HUBs, par exemple, développe des procédés de chimie verte et des chaînes complètes de démantèlement pour extraire les fibres de verre et de carbone des pales pour les revaloriser.
En parallèle, des solutions mécaniques émergent : l’entreprise REGEN Fiber transforme les pales en fibres et additifs pour béton et enrobés, revendiquant un recyclage à 100 % de la pale, et l’amélioration des performances des matériaux de construction.
Des voies de réemploi à grande échelle sont également testées par le réseau Re-Wind, mais à l’heure actuelle, la co-valorisation, en cimenterie par exemple, reste une solution privilégiée de débouché pour les flux non compatibles avec un recyclage matière.
Ainsi, la combinaison entre l’éco-conception thermoplastique, le recyclage avancé des composites, la récupération des matériaux critiques et le réemploi structurel permet d’esquisser une économie circulaire crédible pour l’éolien. Le verrou principal n’est plus uniquement technologique : il est économique et réglementaire, afin d’aligner coûts et incitations avec les externalités positives du recyclage. Cette transformation est aujourd’hui en gestation.









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