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Les arguments stéréotypés contre les éoliennes

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Éoliennes : une haine basée sur des arguments « extrêmement stéréotypés »

Posté le par Matthieu Combe dans Énergie

Dans son nouveau livre « Éoliennes : pourquoi tant de haine ? », le chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri) et ancien de l’agence internationale de l’énergie, Cédric Philibert, revient sur l’opposition grandissante à l’éolien en France.

Durant la campagne présidentielle de 2022, l’opposition entre nucléaire et énergies renouvelables a cristallisé les débats autour des enjeux énergétiques et écologiques. La candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, proposait même d’« arrêter toute nouvelle construction de parc éolien » et de « lancer un grand chantier pour les démonter ». Dans son nouveau livre « Éoliennes :  pourquoi tant de haine ? » (Les petits matins, 18 €), Cédric Philibert, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri) et ancien de l’agence internationale de l’énergie (AIE), s’intéresse aux arguments repris par les opposants au développement de l’éolien en France.

Où cette haine française des éoliennes est-elle née ? « À l’origine, cela vient des milieux ultraconservateurs américains et australiens dans des think tanks largement financés par les producteurs d’énergie fossile – le charbon d’abord, le pétrole et le gaz –, assure Cédric Philibert. Ce sont eux qui ont concocté la plupart des arguments qui sont aujourd’hui repris par une fraction du lobby nucléaire en France. »

Une opposition ancrée entre nucléaire et renouvelables

Il y a deux sortes de pro-nucléaires : ceux qui pensent que les énergies renouvelables font obstacle au nucléaire et ceux qui jugent qu’elles sont indispensables en complément du nucléaire. Le spécialiste des énergies renouvelables explique comment cette première frange d’opposants a transformé et repris à son compte les arguments venant de l’étranger. « Aux États-Unis et en Australie, l’opposition à l’éolien va de pair avec la négation du problème du climat en dénonçant le fait que l’on empêche d’exploiter le pétrole et le gaz de schiste, partage Cédric Philibert. En France, c’est repris sous l’angle que le nucléaire est tellement mieux pour le climat. »

Les partisans se battent à coup de chiffres : le nucléaire émettrait moins de 10 grammes de CO2 par kilowattheure, alors que le solaire en émettrait plutôt entre 25 et 40 grammes. « Comme si cela faisait une grosse différence : il s’agit de remplacer du gaz qui émet plus de 400 (grammes de CO2 par kilowattheure) et du charbon qui en émet près de 1 000 », s’insurge l’auteur. « Les énergies renouvelables ont souvent été présentées comme avant tout une alternative au nucléaire, mais c’est surtout maintenant au niveau global une alternative aux énergies fossiles », souligne Cédric Philibert.

L’ancien expert de l’AIE relève des arguments « extrêmement stéréotypés » pour justifier la haine des éoliennes. Les opposants les accusent de dévaster les paysages, de tuer les oiseaux, de bétonner les terres, de coûter cher aux contribuables, de polluer et d’être des sources de production d’électricité intermittentes. « Ces arguments ont souvent un grain de vérité au départ : il y a par exemple quelques oiseaux qui peuvent être tués par une éolienne, reconnaît Cédric Philibert. Puis, cela devient une des raisons principales d’atteinte à la biodiversité : c’est faux et surtout, en luttant contre le changement climatique, les éoliennes permettent de réduire une grosse raison d’atteinte à la biodiversité »

L’intermittence : un faux problème ?

Jusqu’où peut-on aller dans le développement des énergies renouvelables, malgré leur production intermittente ? « En réalité, il n’y a pas de limite », assure Cédric Philibert. Il reconnaît toutefois la nécessité d’avoir une base de production flexible de centrale thermique pour les longs épisodes en hiver où il n’y a pas beaucoup de vent ni beaucoup de soleil pendant plusieurs jours. « Toutes les flexibilités ordinaires qu’on a – les batteries, la gestion de la demande, les interconnexions avec l’étranger, les voitures électriques – trouvent leur limite dans ces épisodes. »

Le défi consistera, selon lui, à alimenter ces centrales thermiques par de l’hydrogène. « L’hydrogène n’est pas un stockage très efficace, mais permet de stocker l’électricité pendant plusieurs mois et de déstocker au moment où on en a besoin, ce qu’on ne peut pas faire avec une batterie ou même avec une station de transfert d’énergie par pompage hydraulique. »

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Posté le par Matthieu Combe


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