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Les innovations techniques du nouveau ballon de Paris

Posté le par Matthieu Combe dans Environnement

Le nouveau ballon de Paris est en cours de construction et prendra son envol au printemps 2013. Pour l’occasion, il change de nom et devient l’Observatoire Atmosphérique Generali, du nom de la société qui supporte financièrement le projet.

Installé dans le Parc André Citroën à Paris depuis 1999 et s’élevant jusqu’à 150 mètres de haut, le Ballon de Paris est le troisième point le plus haut de la capitale, visible à 20 km à la ronde et offrant une vue à 360°. Il embarque chaque année 60 000 visiteurs.

Bien plus qu’une simple attraction touristique

Compte tenu du succès rencontré, ce ballon constitue aujourd’hui un excellent outil de sensibilisation  aux enjeux environnementaux, notamment sur la question de la qualité de l’air. Depuis 2008, il traduit sous forme de couleurs, compréhensibles par tous, deux indices de pollution développés dans le cadre du projet européen CITEAIR : la qualité de l’air ambiant et la qualité de l’air à proximité du trafic. Ce système de couleurs (vert foncé, vert clair, orange clair, orange foncé et rouge) informe et sensibilise les citoyens sur la qualité de l’air qu’ils respirent. Les niveaux de pollution sont calculés toutes les heures par Airparif à partir des 12 stations réparties dans Paris, sont transmises au ballon et converties en couleurs. Ces indications sur le ballon sont nées de la volonté d’« annoncer de façon très claire et compréhensible par tous les deux indices », note Matthieu Gobbi, co-créateur du Ballon.

En 2011, 3 à 4 millions de franciliens étaient exposés à un air qui ne respectait pas les normes françaises et européennes. Les polluants les plus problématiques étaient le dioxyde d’azote, les particules et l’ozone. Pour les particules fines PM2,5, ce sont ainsi l’ensemble des franciliens qui sont soumis à des niveaux au-delà des recommandations de l’OMS. 

Des LED pour allumer voitures et monuments

L’observatoire atmosphérique Generali regroupera 6 400 LED. Elles serviront à allumer deux séries de pictogrammes : des véhicules d’une part, et les principaux monuments de Paris d’autre part. Les véhicules traduiront le niveau de pollution à hauteur du trafic et les monuments celui de l’air ambiant. Les couleurs seront visibles à environ 4 km à la ronde, touchant plus de 500 000 personnes.

Par exemple, lorsque la silhouette de la Tour Eiffel, passera de l’orange foncé au rouge, cela signifiera que la qualité de l’air ambiant est passée d’élevé à très élevé. Mais rassurez-vous, le rouge n’a été allumé que deux jours en 2012.

Des membranes photovoltaïques auto-adhésives

Pour l’occasion, le groupe Serge Ferrari appliquera sa membrane photovoltaïque auto-adhésive Texysolar sur le haut du ballon. Flexible et simplement collée, cette membrane associe un composite silicone/fibre de verre haute résistance à des modules laminés photovoltaïques au silicium amorphe double jonction. Ultra légère, cette membrane pèse 1,4 kg/m2, soit dix fois moins qu’une solution rigide classique. 

Résistante à des vents de 250 km/h, la membrane résiste aussi aux impacts. L’énergie produite sera directement utilisée sur place pour alimenter une partie des LED du ballon.

Une mesure permanente des particules ultrafines

Développé par le laboratoire de Physique et Chimie de l’Environnement (LPC2E) au sein du CNRS  et l’industriel Environnement SA, le LOAC (Light Optical Aerosol Counter) permettra d’étudier les particules ultrafines solides présentes dans l’air au niveau du ballon. Ce capteur est le premier capable, à la fois de compter en continu les particules ultrafines de 0,2 à 10 micromètres, et de fournir des informations sur leur taille et leur nature. De plus, il ne pèse que 250 g, ce qui le rend aussi embarquable à bord de mini-ballons, comme les ballons météo. 

 « Il est essentiel de mieux identifier et connaître notamment les très petites particules, car ce sont elles qui s’avèrent les plus dangereuses pour la santé : lorsqu’elles mesurent moins d’un micron, (un millionième de mètre) de diamètre, elles deviennent capables de pénétrer en profondeur dans le système respiratoire », explique Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au LPC2E.

Les données du LOAC seront comparées aux mesures effectuées au sol par le CNRS. Elles permettront ensuite d’orienter les décisions publiques en matière de politique de la ville et de transports urbains. « La précision inédite de ces mesures devrait permettre de faire progresser la réflexion au plan européen sur les liens entre pollution et santé publique, et permettre de définir de nouvelles normes, plus adaptées à la réalité de la pollution », prévoit déjà Jean-Baptiste Renard.

En partenariat avec l’Association Santé Environnement France, le projet prévoit également de sensibiliser les citoyens pour prévenir les risques. Une fois les mesures obtenues, elles seront corrélées à des mesures et comportements appropriés, via un site web et une appli mobile. Au plus près des passants, le nouvel écran du pavillon au sol affichera les données fournies par les capteurs en temps réel pour montrer la présence et la nature des particules ultrafines dans l’air. Dans ce même pavillon, une exposition permanente permettra au grand public de prendre à la fois conscience des principaux polluants de l’air et des actions à mettre en œuvre pour en diminuer la dangerosité.

 

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

 

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