Logo ETI Quitter la lecture facile
Projet Cigéo : feu vert scientifique sur la sûreté à long terme du site

En ce moment

Projet Cigéo : feu vert scientifique sur la sûreté à long terme du site

Posté le par Nicolas LOUIS dans Environnement

Dans son troisième et dernier rapport d'expertise technique, l'ASNR juge satisfaisante la sûreté à long terme du projet Cigéo, destiné à enfouir les déchets radioactifs français à Bure, dans la Meuse. Une étape clé avant l'avis final prévu en novembre et l'enquête publique qui doit se tenir l'année prochaine.

Un pas de plus vers la concrétisation du projet Cigéo. L’ASNR (Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection) vient de remettre son troisième et dernier rapport d’expertise relatif à la création d’un centre d’enfouissement de déchets radioactifs en couche géologique profonde à Bure, dans la Meuse. Ce rapport, établi à l’issue d’une instruction technique menée depuis 2023, porte tout particulièrement sur la sûreté à long terme du site.

Rédigé par un Groupe permanent d’experts pour les déchets (GPD), ce dernier considère que la sûreté du centre après sa fermeture définitive, programmée à l’horizon 2150, est satisfaisante. Les experts estiment notamment que la preuve est faite de la robustesse du confinement global de l’installation présentée par l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), même face aux incertitudes géologiques.

Selon eux, la solidité de la démonstration scientifique de ce mode de stockage, à 500 mètres de profondeur et durant des centaines de milliers d’années, est conforme aux exigences réglementaires. Plusieurs scénarios de dysfonctionnements ont été étudiés pour mettre à l’épreuve la sûreté du site, notamment des effondrements localisés d’une alvéole, des problèmes liés aux scellements, ou encore une intrusion humaine involontaire. Même en envisageant ces hypothèses, le GPD estime que les conséquences radiologiques ou chimiques du site restent du même ordre de grandeur que le scénario dit « normal », et sont acceptables au regard de leur très faible vraisemblance.

Malgré ses conclusions globalement favorables, plusieurs aspects techniques doivent encore être approfondis, notamment au sujet de l’architecture du stockage, qui doit accueillir environ 80 000 m³ de déchets. Sans rejeter la configuration actuelle, le GPD regrette l’absence d’une comparaison approfondie avec des architectures alternatives permettant d’optimiser la sûreté. Concernant les scellements des galeries, leur nombre et leur emplacement doivent être précisés pour garantir l’étanchéité à long terme. Enfin, une meilleure connaissance des propriétés de la roche dans sa structure profonde doit aussi être apportée.

Vers un décret autorisant la création du site après l’enquête publique

Pour rappel, les deux précédents avis rendus au cours de cette instruction technique ont eux aussi qualifié la sûreté de « globalement satisfaisante ». Le premier portait sur les données de base et les hypothèses retenues par l’Andra pour construire son évaluation de sûreté (géologie, inventaires de déchets, modélisation, etc.). Quant au deuxième rapport, il se focalisait sur la sûreté du fonctionnement des installations durant la phase d’exploitation du site. À noter que l’ASNR doit encore formuler son avis final en novembre prochain.

L’étape suivante sera consacrée à l’enquête publique, qui doit être menée d’ici à la fin de l’année 2026. Elle vise à informer le public de façon transparente sur le contenu et les enjeux du projet, ses impacts à court, moyen et très long terme, ainsi que les risques potentiels (environnementaux, sanitaires, techniques, etc.). À l’issue de cette enquête, un décret autorisant officiellement la création du projet Cigéo devrait être délivré et les travaux devraient commencer en 2027 ou en 2028.

Durant une trentaine d’années, l’exploitation du centre débutera par une phase industrielle dite « pilote », dont l’objectif est d’évaluer, en conditions réelles, l’ensemble des fonctionnalités du stockage. Une première période sera consacrée à la construction de l’installation, aux tests des équipements ainsi qu’à des opérations de mise en stockage de colis ne contenant pas de radioactivité. Une seconde période correspondra au début de la phase de fonctionnement, pendant laquelle les premiers colis de déchets radioactifs reçus seront d’abord utilisés pour des contrôles et des essais. La phase industrielle dite « complète » ne devrait débuter qu’à l’horizon 2050.

Le projet Cigéo a également la particularité d’être réversible. Cela signifie que, pendant une période d’au moins 100 ans, il sera possible de stopper le stockage à tout moment ou de revenir en arrière, c’est-à-dire de retirer des colis de déchets déjà stockés, ainsi qu’introduire des évolutions à ce projet. Les générations futures qui exploiteront ce site pourront ainsi être maîtresses de leur destin.

Pour aller plus loin

Posté le par Nicolas LOUIS


Réagissez à cet article

Commentaire sans connexion

Pour déposer un commentaire en mode invité (sans créer de compte ou sans vous connecter), c’est ici.

Captcha

Connectez-vous

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.

INSCRIVEZ-VOUS
AUX NEWSLETTERS GRATUITES !