Dans l'article [BN 3 660v2], on a donné la classification française des déchets radioactifs qui fait une distinction entre déchets à vie courte (VC) et à vie longue (VL). On a également donné les ordres de grandeurs des limites d'activités des radionucléides majoritaires qu'ils contiennent pour distinguer les déchets de très faible activité (TFA), de faible et moyenne activité (FMA) et de haute activité (HA). Cette classification est quasi universelle. Il a aussi été mentionné les problèmes scientifiques et socio-économiques que pose la gestion de ces déchets, notamment des déchets nucléaires. Enfin, on a présenté le contexte de leur gestion institutionnelle destiné à assurer en toute circonstance la protection de l'homme et de l'environnement. Dans le cadre des lois et réglementations, c'est la gestion opérationnelle des déchets qui se pose au jour le jour. Cet article traite de ce vaste sujet.
La gestion opérationnelle des déchets radioactifs concerne le traitement de ces déchets à tous les stades allant de leur production à leur élimination. Aujourd'hui la seule élimination possible est le stockage en surface, en sub-surface ou en profondeur des déchets TFA (sans distinction de VC ou VL), FMAVC et de quelques déchets de type FAVL à MAVL. La gestion opérationnelle des déchets radioactifs doit être conforme aux principes de radioprotection pour les travailleurs. Mais il faut aussi tenir compte des doses qui pourraient être délivrées au public aujourd'hui et dans le futur. Enfin, dans un souci d'éthique, il faut également minimiser les contraintes de gestion pour les générations futures et préserver la qualité de l'environnement. L'application de ces principes conduit à des règles pratiques pour les opérations de gestions industrielles, qui sont très contraignantes et luxueuses comparées à celles d'autres domaines industriels où l'on traite des déchets.
De nombreux guides et publications de l'AIEA, de l'OCDE-AEN et d'autres organisations tant supranationales que nationales, donnent des renseignements concrets sur ces pratiques (voir [BN 3 660v2]). Les pratiques de gestion sont différentes d'un pays à l'autre pour les déchets nucléaires, tant sont différentes les situations au regard des parcs électronucléaires et des politiques énergétiques impliquant l'énergie nucléaire comme source primaire d'électricité. Elles peuvent mettre en jeu des installations très importantes dans des centres dédiés, hors sites de production, ou bien dans des installations plus modestes sur les sites. Ces installations sont en général des installations nucléaires de base (INB). Les pratiques de chaque pays dépendent des ressources et des réglementations, cela va de soi, mais aussi de l'existence de filières d'élimination des déchets, des critères d'acceptation des déchets dans ces filières, du calcul du prix d'élimination, des possibilités d'entreposage sur sites ou hors sites, et de beaucoup d'autres facteurs. Chaque pays optimise la gestion opérationnelle de ses déchets radioactifs en fonction de sa situation mais en adoptant les mêmes pratiques.
Dans cet article on s'attache à dégager les grandes caractéristiques de la gestion opérationnelle des déchets radioactifs, notamment sous l'angle de la motivation des pratiques, en prenant souvent l'exemple de la France qui a des déchets nombreux et variés à gérer. On examine d'abord l'origine des déchets bruts puis leur conditionnement et enfin les pratiques de stockage. Ces points sont bien documentés pour la France dans des documents accessibles sur les sites Internet de l'Andra et des producteurs de déchets. Les documents sont particulièrement riches en iconographies, auxquelles on renvoie en complément à celles de [BN 3 660v2] afin d'en savoir plus.