La France dispose de 57 réacteurs nucléaires, en incluant l’EPR de Flamanville et prévoit d’en construire 6 de plus à l’horizon 2038. Mais si elle veut relancer la production de centrales et assurer sa souveraineté énergétique, la France va devoir renforcer sa filière nucléaire. Elle devra aussi attirer toute une génération de nouveaux talents, notamment en soudage. Autant de thématiques abordées lors des tables rondes organisées par Fronius France au salon Global Industrie 2025.
La France ambitionne de faire reposer en grande partie son avenir énergétique sur le nucléaire, une source d’énergie qui lui permet de produire en grande quantité et, en continu, une électricité décarbonée.
Mais, comme le confirme un récent rapport de la Cour des comptes, cette filière aujourd’hui présentée comme un véritable atout pour l’indépendance énergétique de la France ne se porte pas au mieux.
Les propos qui ont servi à la rédaction de cet article ont été recueillis par Annabelle Chamiot, du Cabinet GTEC, lors des tables rondes Fronius.
Le nucléaire, une filière stratégique pour notre souveraineté
Lors de ces tables rondes, Jean-Marc Scolari, directeur général de Fronius France et membre du conseil d’administration de l’Institut de Soudure a rappelé un fait important : en 2024, le nucléaire nous a permis d’avoir une production d’électricité excédentaire. La France confirme donc sa position de pays exportateur d’électricité, ce qui est un atout indéniable en termes de souveraineté, surtout dans le contexte géopolitique actuel. Il a d’ailleurs rappelé l’exemple de l’Allemagne, dont le modèle énergétique, fortement dépendant du gaz russe, a des conséquences sur l’industrie.
Jean-Marc Scolari considère en outre qu’il est urgent de penser à l’avenir, en prévoyant dès maintenant la construction des futurs EPR, mais aussi de SMR, car ils ont l’avantage d’être plus rapides à déployer. Il estime en effet qu’il est capital de « ne pas remettre en cause la stratégie nucléaire, la relance (…) de la filière », car, pour reprendre les mots du président Macron, « la filière a connu trop de hauts et de bas et a besoin de constance ».
Enfin, il ajoute que le nucléaire doit être associé au déploiement d’énergies renouvelables, mais que seule une stabilité dans les choix politiques permettra de construire notre souveraineté énergétique.
Il est urgent d’investir pour renforcer les compétences en soudage de l’industrie nucléaire
Le métier de soudeur pour l’industrie nucléaire est très particulier, car le niveau d’exigence requis est extrêmement élevé.
Or, qui dit qualifications extrêmes dit moyens de formation adaptés ! Jean-Marc Scolari rappelle ainsi qu’il y a très peu d’établissements de formation, comme l’Institut de Soudure, qui sont aujourd’hui capables de préparer les soudeurs à intervenir dans le nucléaire. Il compare d’ailleurs la préparation au soudage en environnement nucléaire (température, encombrement, etc.) à la préparation des sportifs de haut niveau.
Il alerte ainsi sur l’urgence de déployer les moyens permettant d’attirer, mais aussi de former les jeunes à ces métiers. Pour lui, c’est un vrai changement de paradigme qu’il faut opérer, car la filière n’est pas du tout prête.
Selon lui, deux lignes budgétaires sont à prévoir :
- investir de manière générale, dans des cabines de soudage ultra modernes, dotées de machines techniquement intéressantes et sécurisées, donc attractives ;
- investir spécifiquement sur le soudage pour le nucléaire. Cela passe par la création de structures dédiées, mais aussi par la formation des futurs formateurs.
Néanmoins, tout ceci mettra des années à se mettre en place. Il faut donc s’y atteler au plus vite ! Mais alors que les principaux acteurs de la filière nucléaire se sont déjà mis en ordre de marche, Jean-Marc Scolari regrette qu’EDF planche encore sur les budgets des EPR à construire, puisqu’il est prévu que l’énergéticien remette sa copie à l’État d’ici fin 2025.
Cobotique, automatisation et IA : des technologies incontournables pour accélérer la production de centrales
En parallèle de la formation d’une nouvelle génération de soudeurs, Jean-Marc Scolari évoque les solutions technologiques qui permettront, au moins partiellement, de pallier la pénurie de soudeurs.
Car, même si la filière nucléaire arrive à multiplier le nombre de compétences humaines en soudage, elle a de toute façon un fort besoin d’automatisation si elle veut être productive. Il donne d’ailleurs l’exemple à ne pas suivre : celui de l’EPR de Flamanville, dont la construction a pris 17 ans, soit 12 ans de plus que prévu !
Il faudra donc optimiser l’approche technico-économique de l’EPR de demain et cela passera inévitablement par des solutions comme la cobotique, la robotique, l’automatisation et pourquoi pas l’IA.
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