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Décryptage

Usine du futur : le défi de la sobriété

Posté le par Matthieu Combe dans Entreprises et marchés

L’usine du futur aura une meilleure efficacité énergétique. Pour aider cette mutation, l’ADEME agit à plusieurs niveaux en accompagnant les industriels à modifier leurs process. Plusieurs actions concrètes ont déjà été menées et d’autres sont en cours !

L’industrie consomme environ 20 % de  l’énergie  française et un tiers de l’électricité. Cela  y représente donc un poste de dépenses important. Voici une bonne raison de s’y intéresser pour booster leur compétitivité ! Pour ce faire, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) accompagne les entreprises à plusieurs niveaux. Elle les aide notamment à réduire leurs consommations, à analyser la performance énergétique de leurs équipements, à développer la récupération d’énergie fatale et à mettre en place des systèmes de production d’énergies renouvelables.

Miser sur l’innovation et l’accompagnement

L’ADEME soutient l’innovation des industriels notamment grâce aux investissements d’avenir. Entre 2008 et 2013, elle a également mené le  programme ADEME-Total. L’ADEME et Total y ont soutenu la recherche en technologies innovantes pour améliorer l’efficacité énergétique pour un montant total de 43 millions d’euros. Début 2014, environ 50 % des projets sont terminés et 5 technologies sont déjà disponibles sur le marché. Un nouvel appel à projet Recherche sur ces thématiques, porté uniquement par l’ADEME, est envisagé d’ici l’automne 2014. 

L’agence intervient aussi sur l’aide à la décision. « On aide les entreprises à faire des diagnostics sur la performance énergétique de leurs process industriels ou de leurs utilités pour voir, par exemple, sur l’air comprimé et la vapeur quelles sont les marges de manœuvre », affirme Sylvie Padilla, Responsable du service Entreprises et Eco-technologies de l’ADEME. Ces diagnostics permettent de déterminer des plans d’actions. Concrètement, ces aides à la décision prennent la forme d’un soutien financier entre 50 et 70 % du montant de la prestation (qui s’élève en moyenne entre 10 000 et 20 000 euros). Si ces audits énergétiques interviennent pour le moment sur la base du volontariat, à partir de Décembre 2015, ils deviendront obligatoires pour toutes les grandes entreprises, dans le cadre de la Directive Efficacité Energétique. 

Enfin, l’ADEME agit dans le processus de gouvernance du système de Certificats d’économies d’énergie (CEE). « Lorsque les industriels font des actions d’économies d’énergie, pour certaines,  elles peuvent les valoriser auprès des fournisseurs d’énergie qui ont des obligations en matière d’économies d’énergie à faire chez eux ou chez d’autres consommateurs comme les industriels », précise Sylvie Padilla. Par exemple, si un industriel met en place un moteur performant ou un récupérateur de chaleur, une part de son investissement pourra être remboursée par le fournisseur d’énergie grâce à ces certificats. « Cela permet de rendre plus facilement rentables les investissements en matière d’efficacité énergétique », se félicite Sylvie Padilla.

Concrètement, à quels postes s’intéresse-t-on ?

Les postes de consommation varient bien évidemment selon les industries. En 2010, l’industrie manufacturière française a consommé 120 TWh d’électricité et 311 TWh de combustibles. Les postes de consommations électriques majoritaires étaient les moteurs (69%), l’électrolyse (8%) et l’éclairage (4%) Pour les combustibles, là encore, les fours représentaient le poste le plus important (43 %) ; le séchage, le traitement des matières premières et le chauffage des locaux représentant respectivement 27 %, 11 % et 8 % des consommations. 

Tous ces postes peuvent être optimisés. Par exemple, selon l’ADEME, le potentiel d’économies d’énergie lié à l’air comprimé, au froid, au réseau de vapeur et au pompage peuvent être respectivement de 25 %, 20 %, 35 % et 40 % dans le cas théorique où il est possible d’investir dans la totalité des actions d’efficacité énergétique !

De façon globale, selon le scénario prospectif de l’ADEME sur la consommation d’énergie à l’horizon 2030 et 2050, le potentiel de réduction des consommations énergétiques industrielles sont d’environ 20 % d’ici 2030 par rapport à 2010. « Deux tiers de ces actions d’économies d’énergie pourraient être faites par des technologies existantes d’efficacité énergétique et un tiers par des approches innovatrices, comme l’a fait Bonduelle », confie Sylvie Padilla.

Un exemple concret : Bonduelle, vers des usines « sobres » en énergie

Les usines du groupe Bonduelle produisent 24h/24 et 7 jours sur 7 des légumes sous diverses formes. L’énergie utilisée notamment pour stériliser et surgeler les produits y est un poste de dépenses important. En 2010, Bonduelle a ainsi consommé 317 GWh d’électricité et 436 GWh de gaz pour préparer ses légumes. Elle a alors dépensé 38 millions d’euros pour le poste énergie, soit 10 % de son prix de revient.

Pour une meilleure efficacité énergétique, Bonduelle a engagé en 2009 le projet Usine Sobre, avec le support de l’ADEME. Ce projet a permis de passer en revue les trois technologies de transformation du légume du groupe : le surgelé, la conserve et le frais élaboré (salades en sachets ou barquettes plastiques). Dans ce contexte, Bonduelle a mis en œuvre la méthode de l’Energie Minimale Requise (E.M.R).

Cette méthode innovante évalue les besoins énergétiques minimaux nécessaires à la transformation des légumes pour les comparer à ce qui est concrètement mis en œuvre dans les usines. Elle a permis d’identifier des optimisations de procédé, des améliorations matures à installer et des solutions innovantes à développer. Les résultats ont montré qu’il est théoriquement possible de réduire la consommation de 60 % dans ses conserveries. L’entreprise estime donc envisageable de réaliser des économies réalistes entre 20 et 30 %. Un plan d’actions est en cours de déploiement !

Pour aller plus loin :

 

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

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