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Valoriser des sites abandonnés en produisant de la biomasse végétale

Posté le par Nicolas LOUIS dans Environnement

Un projet franco-belge s'est intéressé à la culture de matières premières végétales sur des sites marginaux (friches industrielles...). Un outil d'aide à la décision a été développé pour savoir quelles plantes implanter en fonction des caractéristiques des sites et dix chaînes de valeurs de valorisation de la biomasse ont été identifiées dans la région.

La bioéconomie est considérée comme un moyen d’atteindre les objectifs climatiques fixés par l’Europe et de réduire sa dépendance aux matières premières fossiles. Face à la forte croissance de ce secteur, la demande en matières premières végétales augmente également de manière significative. Or, pour être durable, la production de la biomasse ne doit pas entrer en compétition avec les terres agricoles utilisées pour l’alimentation. Un projet Interreg baptisé New-C-Land s’est intéressé à la valorisation de sites marginaux pour la produire de la biomasse. Débuté en 2018, il s’est déroulé autour de la région transfrontalière Wallonie, Flandre, et Hauts-de-France, et vient de se terminer.

Au préalable, un travail a consisté à réaliser une cartographie des sites potentiels. Ils peuvent prendre la forme de sites industriels abandonnés ou contaminés, mais aussi de zones situées à proximité d’infrastructures ou de lieux sensibles, comme les bordures d’écoles, de chemin de fer, ou de cours d’eau. Ces sites peuvent aussi se trouver dans des zones difficiles d’accès, ou alors inondables, ou bien posséder des sols peu productifs. Certains de ces lieux peuvent aussi être délaissés temporairement, dans l’attente d’un projet à moyen ou long terme.

En parallèle, un outil d’aide à la décision a été développé par les neuf partenaires de ce projet afin d’identifier la ou les cultures les plus adaptées aux caractéristiques du site. Plusieurs paramètres sont intégrés tels que les contraintes initiales du site, sa disponibilité, la biodiversité déjà en place, les conditions pédoclimatiques (texture du sol, pH…). Trois grandes typologies de biomasse peuvent potentiellement être implantées : des végétaux ligneux (saules, aulnes, peupliers, robiniers), des végétaux lignocellulosiques (miscanthus, chanvre) et enfin des végétaux herbacés (brassicacea, poacea, fabacea).

Du miscanthus sur un ancien site industriel charbonnier

Ce nouvel outil prend également en compte la demande locale en biomasse à proximité du site potentiel. La valorisation la plus simple à mettre en œuvre consiste à brûler la biomasse pour produire de l’énergie, mais elle peut aussi être incorporée dans des unités de méthanisation pour produire du biogaz ou encore servir à fabriquer des biocarburants. Les secteurs horticole et maraîcher représentent aussi une piste de valorisation possible, avec notamment la possibilité d’utiliser le miscanthus pour le paillage, en remplacement de l’usage des pesticides. Le secteur de l’écoconstruction est aussi à la recherche de biomasse afin de fabriquer des isolants à base de chanvre par exemple, tandis que celui du textile peut valoriser cette culture ainsi que le lin. Enfin, l’existence de bioraffineries offre la possibilité de produire des molécules à haute valeur ajoutée à partir de la biomasse, comme des huiles essentielles, des produits pour la pharmacologie ou la cosmétique.

Ce projet a permis d’identifier 10 chaînes de valeurs de valorisation de la biomasse à proximité de la frontière franco-belge. Par exemple, sur un ancien site industriel charbonnier d’une vingtaine d’hectares, propriété de la ville de Charleroi, 8 hectares de surfaces cultivables ont pu être implantés en miscanthus et en saule afin d’alimenter une chaudière locale pour la production de bioénergie. Sur un autre site, la plantation d’une bande de miscanthus le long d’une route a permis de solutionner une problématique d’érosion d’un champ situé en amont et qui était à l’origine de coulées de boues sur la chaussée. La biomasse récoltée a ensuite été introduite dans une chaudière d’un centre pour handicapés.

Au final, ce projet démontre que cultiver de la biomasse sur des sites marginaux est une piste intéressante pour les valoriser. Par contre, les filières de transformation identifiées dans la région transfrontalière du projet sont principalement destinées à la production de bioénergie alors que cette application est considérée comme apportant une faible valeur ajoutée. En comparaison, la fabrication de produits et de matériaux biosourcés offre un potentiel économique plus intéressant, sauf qu’aujourd’hui, ces filières n’en sont encore qu’à leurs débuts. Cependant, un grand intérêt a été exprimé envers ces dernières de la part de plusieurs acteurs impliqués dans ce projet. Des investissements pourraient donc être réalisés dans le futur pour les développer.

Pour aller plus loin

Posté le par Nicolas LOUIS


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