Le génie civil est certainement l’un des domaines où les progrès peuvent être constatés par la majorité de la population. En effet, des structures de plus en plus complexes sont imaginées et érigées pour reprendre des efforts de manière de plus en plus complexe afin d’allier durabilité, aptitude au service et sécurité structurale. Autrement dit, c’est bel et bien la recherche d’une certaine performance structurale qui est visée de nos jours. Que ce soit à des fins d’habitation, de production agricole, d’utilité publique ou encore industrielles, le dimensionnement de telles structures reste fondé sur l’application de méthodes linéaires, entraînant ainsi un conservatisme important. La présence de marges de sécurité est indéniable et est entièrement justifiée.
Toutefois, démontrer que les ouvrages existants respectent les exigences de sécurité toujours plus fortes nécessite une évaluation structurale. La quantification des marges de sécurité devient alors une question clef à laquelle des éléments de réponse doivent être apportés. Pour cela, l’hypothèse de linéarité du comportement des matériaux constitutifs n’est plus justifiable, et ces derniers doivent être représentés plus fidèlement.
L’objectif principal de cet article est de donner un aperçu des principaux apports et difficultés rencontrées lors de l’utilisation de lois de comportement non-linéaires pour représenter la dégradation des matériaux. Pour atteindre cet objectif, l’exposé sera présenté en trois parties.
En premier lieu, un aperçu des principaux phénomènes non-linéaires exhibés par le béton et l’acier est donné. L’identification de ces phénomènes permettra de comprendre les principales hypothèses de formulation de lois de comportement classiquement utilisées pour représenter ces matériaux. Seules les clefs principales permettant de comprendre les cadres de formulation des lois non-linéaires sont présentées.
En second lieu, quelques apports de l’utilisation des lois non-linéaires sont exposés à travers plusieurs exemples d’éléments de structure ou de structures tirés du domaine du nucléaire. Le cas d’une structure à murs porteurs est discuté afin d’illustrer les apports des lois de comportement non-linéaires pour quantifier les marges de sismiques.
En dernier lieu, sont présentés quelques écueils à éviter lors de l'utilisation de lois de comportement non-linéaires en calcul de structures. Pour cela, plusieurs exemples sont traités et mettent clairement en évidence les difficultés auxquelles l’ingénieur est confronté. Des recommandations pour les résoudre sont également proposées.