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RÉSUMÉ
Les cours d’eau sont des écosystèmes extrêmement divers en termes de taille, de localisation, de spécificités hydrauliques et écologiques. Cependant, il est possible de dégager des points communs relatifs à leur écologie et aux processus fonctionnels qui s’y déroulent ; ceci permet d’élaborer des méthodes d’études et d’analyses communes à tous les cours d’eau et d’en dégager des règles de fonctionnement et de gestion optimisées. Les cours d’eau, comme tous les environnements terrestres, sont fortement menacés par le développement humain. Après un tour d’horizon des grandes caractéristiques hydroécologiques des cours d’eau, cet article traitera des outils et méthodes de restauration écologique en s’appuyant sur un exemple régional développé dans la région du Beaujolais.
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Bernard MONTUELLE : Directeur de recherche à la retraite, UMR Carrtel, université de Savoie-INRAE, Thonon-les-Bains, France
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Grégoire THEVENET : Directeur, syndicat mixte des Rivières du Beaujolais, France
INTRODUCTION
Selon EauFrance.fr, l’ensemble des rivières françaises en métropole représente une longueur totale de 428 906 km, soit 1,13 km de cours d’eau par kilomètre carré de surface métropolitaine. Une telle densité indique d’emblée l’importance de ces écosystèmes pour notre territoire. Ils représentent des ressources essentielles pour les sociétés humaines, tant en termes de fourniture d’eau pour la consommation, l’agriculture ou l’industrie, que pour des ressources nutritives, des délimitations frontalières ou des voies de communication et de transport. L’ensemble des services que nous rendent les cours d’eau est fortement impacté par le développement des sociétés humaines, en particulier depuis l’accélération industrielle et l’explosion démographique il y a un peu plus d’un siècle. Leur état écologique se dégrade sous la multiplication des pressions physiques, chimiques et biologiques. Ainsi en 2021, l’Agence européenne de l’environnement évaluait que seules 37 % des masses d’eau de surface en Europe présentent un bon ou très bon état écologique. Sur un plan quantitatif, les stress hydriques se développent. Chaque année, 20 % du territoire européen et 30 % de la population sont touchés, et ces chiffres risquent d’augmenter à l’avenir en raison du changement climatique. Le constat est donc alarmant, bien que de nombreux efforts aient été réalisés depuis une vingtaine d’années et que l’amélioration globale de qualité des eaux de surface (cours d’eau et lacs) soit réelle. Ainsi, selon un rapport du WWF (World Wildlife Fund) en 2024, 67 % des masses d’eau de surface de France pourraient ne pas atteindre l’objectif de bon état écologique fixé pour 2027 (l’objectif initial était de 100 % en 2015). Les budgets investis sont cependant conséquents. En effet, les dépenses annuelles de la politique de l’eau en France sont de l’ordre de 25 milliards d’euros par an, soit 500 Mds€ sur 20 ans, l’assainissement et la potabilisation étant les deux principaux postes de dépenses, loin devant les mesures de restauration environnementales proprement dites.
La situation est très hétérogène selon le type de cours d’eau : si la qualité des fleuves et des grands cours d’eau s’est nettement améliorée (en conséquence des progrès de l’assainissement et de la collecte des effluents), celle des petits cours d’eau s’est, par contre, dégradée en lien avec l’intensification des pratiques agricoles, l’artificialisation des bassins versants, la disparition des haies… Or ceux-ci représentent la très grande majorité des cours d’eau en France, victimes de décennies de surexploitation de leurs ressources, qu’il s’agisse du cours d’eau proprement dit ou de ses marges et des zones humides associées. Cet héritage historique est préoccupant et conduit à un constat d’urgence de mise en œuvre d’actions de remédiation des cours d’eau. Les connaissances scientifiques et techniques sont là, la prise de conscience et les moyens également, mais à un niveau probablement encore insuffisant.
Cet article a pour objectif de fournir les éléments indispensables à la compréhension du fonctionnement des écosystèmes d’eau courante, en particulier sous l’effet des pressions anthropiques. Face au constat évoqué ci-dessus, une synthèse des moyens et des outils de restauration écologique sera présentée, illustrée par un cas concret représentatif de la situation de la plupart des cours d’eau de petite et moyenne taille en France.
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4. Conclusion
Ce tour d’horizon des écosystèmes d’eaux courantes et de leur évolution sous l’action humaine montre leur richesse et leur fragilité. La connaissance scientifique et technique a très fortement progressé dans différents domaines : leur fonctionnement, leur écologie mais aussi la définition d’indicateurs de qualité pertinents et opérationnels. De nombreux outils et méthodologies de génie écologique existent et peuvent être mis en œuvre dans des programmes de restauration écologique. Des moyens financiers et réglementaires sont mis en œuvre, même si l’ampleur des dégradations accumulées depuis des décennies (et qui se poursuit encore) nécessiterait plus de moyens.
L’état actuel des cours d’eau français est globalement peu satisfaisant puisque les 2/3 environ des masses d’eau de surface de France risquent de ne pas atteindre l’objectif de bon état écologique fixé par la DCE pour 2027. Le chantier est donc très vaste et urgent. Pour autant il est indispensable de bien poser les tenants et aboutissants de toute opération de restauration de cours d’eau. Le retour à un état antérieur est bien sûr inaccessible du fait d’irréversibilités écologiques et sociétales. La complexité des causes et des conséquences écologiques (et socioéconomiques) des aménagements de cours d’eau, bien souvent évaluées de façon contradictoire et parfois conflictuelle selon les usages et les intérêts des parties prenantes : partisans d’une protection forte de l’environnement, prise en compte de l’intérêt social historique et culturel, pêches, besoin d’eau agricole, industrielle, de consommation. In fine, la question de « quelle nature voulons-nous ? » doit se poser comme préalable avant toute opération de restauration. À la suite, plusieurs points doivent être abordés :
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la définition précise de l’objectif environnemental recherché,...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - MONTUELLE (B.), GUILLARD (J.) - Les écosystèmes lacustres et leur remédiation : enjeux, potentiels et limites. - Techniques de l’Ingénieur, GE1014 (2024).
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(2) - ILLIES (J.), BOTOSANEANU (L.) - Problèmes et méthodes de la classification et de la zonation écologique des eaux courantes, considérée surtout du point de vue faunistique. - Mitt. int. Ver. Limnol., 12, p. 1-57 (1963).
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(3) - VERNEAUX (J.) - Cours d’eau de Franche Comté (Massif du Jura). - Recherches écologiques sur le réseau hydrographique du Doubs. Essai de biotypologie. Thèse de 3e cycle, université de Besançon, 257 p. (1973).
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(4) - STATZNER (B.), HIGLER (B.) - Questions and comments on the river continuum concept. - Canadian Journal of Fisheries and Aquatic Sciences, 42, 5, p. 1038-1044 (1985).
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(5) - SOLIDARITES - Baromètre 2018 de l’eau, de l’Hygiène et de l’Assainissement : État des lieux d’une ressource vitale. - 4e...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
Autres ouvrages
Analyse de l’évolution des lois sur l’eau et de leurs effets :
https://revue-set.fr/issue/view/709
Bilan de la loi sur l’eau 30 ans après (revue Pour mémoire du comité d’histoire de la transition écologique (n° 35, hiver 2023) :
Une synthèse sur les principaux enjeux que représentent l’eau douce et les milieux aquatiques :
https://www.ofb.gouv.fr/documentation/eau-et-milieux-aquatiques-les-chiffres-cles-edition-2020
WWF, 2024, Pour des rivières vivantes. État des lieux de la biodiversité dans les eaux françaises :
https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2024-05/rapport-riviere-vivante-WWF-2024.pdf
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