L'acoustique des salles est une discipline qui exige la mise en œuvre de nombreuses connaissances dans des domaines très diversifiés. Le nombre de variables qui conditionne une configuration donnée est considérable. Il importe donc de les hiérarchiser et de sélectionner les plus pertinentes pour une finalité donnée. Cette remarque est d'autant plus justifiée que les modèles mis en jeu sont nombreux et, la plupart du temps, incompatibles.
La difficulté majeure que l'on rencontre en abordant cette discipline tient au fait qu'aucun modèle physique ne peut décrire ou prédire le comportement d'une onde sonore dans un espace clos (cf. [C 3 360] § 1.11).
Cette carence ne peut être compensée que par la mise en jeu d'une myriade de formules, tantôt géométriques, tantôt ondulatoires, tantôt statistiques, tantôt psychophysiques, tantôt analogiques, tantôt empiriques...
Le « raccord » de ces formules est une opération dont seuls les spécialistes soupçonnent la complexité. Il en résulte que la seule façon d'être opérationnel dans l'adaptation d'une salle à une finalité donnée est de connaître toutes les lois relatives à l'acoustique architecturale et d'en maîtriser le choix et la mise en œuvre. C'est le rôle de la méthodologie de permettre l'acquisition et la mise en œuvre de cette maîtrise.
Dans cette perspective, trois méthodes seront proposées : l'approche systématique [BR 1 010], l'approche par modèles [BR 1 012] et l'approche linéarisée [BR 1 014].
L'approche systématique [BR 1 010] consiste à recenser, dans l'ordre chronologique, toutes les étapes nécessaires à la caractérisation d'une salle. C'est la démarche que doit savoir accomplir tout ingénieur acousticien chargé d'optimiser une salle pour une finalité donnée : écoute, isolation, insonorisation, confort, etc.
L'approche par modèles [BR 1 012] part du principe inverse du précédent dans la mesure où elle focalise l'étude sur les attributs majeurs de la salle. Dans l'approche systématique, tous les éléments constitutifs de la salle ont, a priori, la même valeur et vont se traduire par l'implication de nombreux modèles. Le travail de l'acousticien consiste alors à jouer sur les compromis de façon à déterminer ce que l'on pourrait, par commodité, appeler « le centre de gravité des modèles ». Dans l'approche par modèles, les choix hiérarchiques se font avant la modélisation, ce qui permet de réduire le nombre de modèles mis en œuvre.
L'approche linéarisée [BR 1 014] consiste à analyser la salle dans une seule perspective, c'est-à-dire pour une seule finalité. Cette finalité est cette fois choisie, non pas en fonction d'une demande effective, mais en fonction de la simplification potentielle du système de variables impliquées. Cela revient à se donner une priorité qui ne s'appuie pas nécessairement sur l'une des données du cahier des charges (celui-ci peut mettre en priorité des critères économiques alors que la linéarisation fera appel à une variable psychophysique sans pour autant compromettre le résultat final).
Cette approche est donc basée sur le principe de la priorité virtuelle, qui met en exergue une variable facile à manipuler. Elle est plus simple que la précédente dans la démarche mais exige tout autant, sinon plus, de connaissances que les précédentes.
Cet article se propose de développer quelques exemples de l'approche systématique.