La traçabilité est parfois considérée comme une contrainte lourde et ennuyeuse. Il est vrai que, pendant longtemps, reposant sur une masse de formulaires et de fiches à remplir, elle était un véritable pensum pour les opérateurs, d’autant que bien des fois, lorsqu’on recherchait après coup une information, c’est justement celle-ci qui manquait, car la lourdeur du système faisait qu’il y avait des « trous » dans la raquette : soit parce que la fiche était égarée, soit parce qu’elle était mal remplie ou que, tout simplement, on n’arrivait pas à s’y retrouver dans des archives en fouillis.
La numérisation a entraîné une révolution. Elle a permis que chaque appareil soit bardé de capteurs, d’étiquettes RFID et autres moyens de mesure qui envoient directement les paramètres sur le réseau d’information ou, lorsque le relevé reste manuel, saisi sur une tablette qui l’intègre directement au système d’information. Résultat : on passe souvent d’une pénurie d’informations à un trop-plein, voire à des « mass data » que des logiciels spécialisés doivent traiter. On peut aussi ainsi connaître la totalité du cycle de production, y compris chez les sous-traitants, ce qui peut être très précieux.
De plus en plus, la traçabilité n’est plus seulement une collecte d’historique mais devient aussi une véritable aide à la conception, par la connaissance fine des produits qu’elle apporte, et à la sécurité, par la détection des dérives et des risques aux différents stades de la production et, parfois, de l’utilisation. Cela dépasse les exigences de la norme mais une bonne approche doit être globale et donc prendre en compte ces nouvelles possibilités.
Cela fixe de nouveaux défis pour la mise en œuvre : le bon ciblage des données à recueillir, la cohérence des données tout au long de la chaîne afin de pouvoir les assembler numériquement, la confidentialité des données couvertes par le secret industriel, la protection contre les intrusions et les malwares, la mise au point du système d’exploitation avec souvent des utilisateurs répartis à distance…
En parallèle, la traçabilité devient fréquemment un enjeu majeur, voire vital. Pensons aux épizooties, aux retours de séries pour malfaçons, aux procès suite à accidents… La volonté de notre société de non-acceptation du risque et de tout vouloir connaître et maîtriser dans ce but place la traçabilité au premier plan des préoccupations des producteurs et des clients.
L’entreprise ou l’administration ont donc tout intérêt à profiter de la certification pour dresser un bilan de leur traçabilité interne avec, pour objectif, d’améliorer à la fois la prévention des risques, la connaissance des produits et la gestion interne, tout en faisant la chasse aux lourdeurs formelles inutiles.
Ce dossier en pose les bases, en montrant comment utiliser au mieux les exigences de la norme ISO 9001:2015.