Bibliographie & annexes
Présentation
RÉSUMÉ
Le domaine de la mobilité est le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre en Europe, impactant très négativement le climat. Un monde prisonnier des déplacements, des transports et de l’automobile ne pourra être ni durable ni inclusif. Le toujours plus vite, plus loin et plus souvent nous conduit dans une impasse. Dans cet article, les auteurs se saisissent de ces questions à partir d’une redéfinition de la notion de mobilité, et démontrent que l’éducation est indispensable pour rendre les déplacements plus durables et inclusifs aux plans individuel et collectif. Ils dressent alors le cadre précis d’un engagement des entreprises pour que la mobilité, à partir de l’éducation, puisse engendrer les métamorphoses qui donnent sens à la vie de chacun sans épuiser les ressources de la planète.
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In the field of mobility, the leading sector for greenhouse gas emissions in Europe, a world that is a prisoner of travel, transport and the automobile will be neither sustainable nor inclusive. The constant drive to go faster, further and more often is leading us into a dead end. In this article, the authors address these issues by redefining the notion of mobility, and demonstrate that education is essential to make travel more sustainable and inclusive for individuals and communities. They then draw up a precise framework for a commitment of companies to ensure that mobility, based on education, can generate the metamorphoses that give meaning to the life of each individual without exhausting the planet's resources.
Auteur(s)
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Gérard HERNJA : Chargé de recherche, docteur en Sciences de l’Éducation - École de Conduite Française (ECF) et laboratoire d’étude pour l’éducation à la mobilité (LEEM)
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Vincent KAUFMANN : Professeur de sociologie urbaine et d’analyse des mobilités - Laboratoire de sociologie urbaine, École polytechnique fédérale de Lausanne, Suisse
INTRODUCTION
À l’instar d’autres pays européens, la France se retrouve face aux défis de l’urgence climatique. Une partie du chemin pour relever ces défis pourrait être fait grâce aux technologies propres et à des optimisations liées à la digitalisation. Un examen des politiques de décarbonation engagées à travers le monde montre ainsi que celles-ci privilégient dans leur grande majorité le levier technologique, dans une logique de croissance verte et de renforcement des industries.
Il n’en reste pas moins que pour atteindre les objectifs fixés par la COP21 dans le cadre de l’Accord de Paris, il faudra également compter sur une transformation importante des modes de vie. Dans cette perspective, de nombreux travaux ont montré l’importance cruciale de trois domaines en particulier au regard de l’empreinte carbone, à savoir la mobilité, l’alimentation et le logement, responsables à eux trois d’environ 70 % des émissions par habitant.
Ces enjeux placent le domaine de la mobilité comme étant une priorité de la décarbonation. Or, lorsque l’on cherche à transformer les comportements en la matière, les mesures retenues sont généralement fondées sur des instruments économiques (taxes carbone, péages urbains) ou réglementaires à l’exemple des zones à faibles émissions mobilités (ZFE-m) et de l’interdiction faite de circuler à des véhicules polluants. Ces instruments sont aveugles aux inégalités sociales et sont de ce fait susceptibles de faire échouer les politiques de décarbonation des mobilités, faute d’acceptabilité. Dépasser cette situation nécessite de repenser la notion même de mobilité comme un bien commun fondamental et de déployer une éducation à la mobilité qui soit à la fois durable et inclusive. Le présent article propose de développer une telle approche au point de vue de l’approche conceptuelle, puis de présenter les enjeux pour les entreprises, sachant que quatre salariés sur cinq se disent préoccupés par la place restreinte de la réflexion sur la transition environnementale dans leur entreprise (étude UNEDIC, avril 2023 ).
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MOTS-CLÉS
KEYWORDS
sustainability | motility | social inclusion | carbon footprint
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La mobilité durable et inclusive comme projet d’éducation et de transformation1. Repenser la mobilité comme durable et inclusive
1.1 État des lieux d’une mobilité devenue une injonction
Dans sa vision de la sociologie à la fois radicale et provocante, John Urry propose de substituer l’analyse des mobilités à l’étude des sociétés comme objet de la sociologie. Ce changement de paradigme est rendu indispensable pour John Urry par le fait que les sociétés définies comme des entités correspondant aux frontières des états sont tellement reliées entre elles par des flux de différentes natures qu’il n’est plus possible, ni même pertinent de considérer qu’il existe une société française, différente des sociétés allemande, italienne ou suisse… En poursuivant son raisonnement, Urry propose alors de considérer que l’ensemble des mobilités, soit celle des personnes, des objets, mais aussi celle des capitaux et des idées, sont la substance de ce qui fait le social. Ce faisant il renverse le mouvement consistant à partir de ce qui est institué, institutionalisé et statique pour aller vers ce qui bouge et change, pour partir de ce qui flue pour aller vers le solide. Cette approche a parfois été comprise comme une apologie du mouvement et de la liquéfaction qui nie l’immobilité… Pourtant, il n’en est rien. Il s’agit d’un changement de regard sur le monde, un changement qui recèle un potentiel critique à ne pas négliger et peut constituer une base très stimulante pour penser les rapports entre mobilités, durabilité et inégalités sociales.
La mobilité devient de plus en plus une obligation dans la vie quotidienne, en raison de phénomènes de dépendance des accessibilités territoriales à l’automobile, mais également à cause de l’exigence croissante de flexibilité dans le monde du travail. Être capable de rebondir, de changer, devient progressivement une norme sociale qui s’impose à toutes et tous. La mobilité est de facto une ressource essentielle pour l’insertion sociale et professionnelle. Dans ce contexte, mener des recherches en utilisant la notion de mobilité implique de disposer d’une définition intégrative...
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Repenser la mobilité comme durable et inclusive
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - ABRIC (J.-C.) - De l'importance des représentations sociales dans les problèmes de l'exclusion sociale. - Jean-Claude Abric éd., Exclusion sociale, insertion et prévention. Érès, p. 11-19 (2003).
-
(2) - ADEME - Comprendre les enjeux de la decarbonation. - https://agirpourlatransition.ademe.fr/…/comprendre-enjeux-decar (2023).
-
(3) - ADEY (P.), CRESSWELL (T.), YEONJAE LEE (J.), NIKOLAEVA (A.), NÓVOA (A.), TEMENOS (C.) - Moving Towards Transition. - Bloomsbury, Londres (2021).
-
(4) - AJZEN (I.) - The theory of planned behavior. Organizational behavior and human decision processes. - 50(2), p. 179-211 (1991).
-
(5) - ALBRECHT (G.) - Les émotions de la terre. Les émotions qui libèrent. - Poche, 368 p. (2021).
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