L’éthique est bien un domaine vivant, ses différentes composantes sont en perpétuelle évolution, en constante mutation. L’éthique et le comportement éthique d’aujourd’hui sont différents de l’éthique et du comportement éthique d’hier, et l’éthique et le comportement éthique de demain seront probablement différents de ceux d’aujourd’hui.
Depuis de nombreuses années, le terme « éthique » fait florès et a envahi le monde des médias, de l’entreprise, etc. ; mais ce mot a trop souvent été galvaudé et son sens n’est guère plus en symbiose avec son sens originel. De nos jours, tout est éthique : depuis l’éthique des affaires jusqu’à la cuisine éthique en passant par l’éthique des footballeurs professionnels ! Mais comment définir ce qu’est l’éthique ?
Le dictionnaire Larousse fournit trois définitions, deux relatives au nom féminin et une troisième relative à l’adjectif, à savoir :
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« Partie de la philosophie qui envisage la prise en compte des fondamentaux de la morale » ;
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« Ensemble des principes moraux qui sont à la base du comportement de quelqu’un » ;
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et, en tant qu’adjectif : « Qui concerne la morale ».
Ces définitions appellent une double réflexion, la première relative à la relation qui existe entre la morale et l’éthique et la seconde relative à l’expression « comportement éthique ». Pour préciser le lien entre la morale et l’éthique, Jacques Igalens et Michel Joras ont expliqué que :
« La morale répond au questionnement “que dois-je faire” ; elle est impérative et absolue. Adossée à un code moral (laïc ou religieux), elle dit ce qui doit être, en distinguant le bien du mal ; elle est du domaine de la foi (fides), de la conviction intime, de l’émotion, de l’idéologie, etc. Quelles que soient les origines d’un individu, souvent on évoquera sa morale, son milieu, son cadre de vie. »
« L’éthique, objet de la philosophie morale, répond au double questionnement “comment vivre une situation, un événement, une action” et “quelle décision prendre face à une alternative, un dilemme”. Elle est du domaine de la raison (ratio). Appliquée à des situations qui peuvent être complexes, elle suppose un détour par le raisonnement. »
L’éthique représente la recherche d’un équilibre permanent entre des valeurs et des comportements.
Le paragraphe 2.7 de la norme ISO 26000:2010 relative à la responsabilité sociétale introduit le concept de comportement éthique, c’est-à-dire un « comportement conforme aux principes acceptés d’une conduite juste ou bonne dans le contexte d’une situation particulière, en cohérence avec les normes internationales de comportement ».
Les normes internationales de comportement représentant les « attentes vis-à-vis du comportement d’une organisation en matière de responsabilité sociétale, procédant du droit coutumier international, de principes généralement acceptés de droit international, ou d’accords intergouvernementaux universellement ou quasi universellement acceptés » (paragraphe 2.1 de la norme ISO 26000:2010).
Les liens entre l’éthique et la responsabilité sociétale font l’objet du § 3.5 ci-dessous.
Pour illustrer ce constat, il suffit de se remémorer un grand nombre d’événements qui ont donné naissance à des évolutions de cultures, de comportements collectifs aussi bien qu’individuels, ou de pratiques quotidiennes (affaires ou scandales récents : Omron, Madoff, WikiLeaks et d’autres événements plus récents, sans oublier, par effet domino, leurs conséquences nationales, régionales et internationales).
C’est pourquoi les organismes (terme pris dans cet article dans son sens le plus large, englobant les sociétés, les organisations, les entreprises, les collectivités de tous genres, les ONG…) doivent en permanence s’adapter au travers d’une gestion, d’un management de leurs valeurs éthiques et du comportement éthique de leur personnel. Une autre évidence est à prendre en compte à ce stade : les organismes eux-mêmes sont en constante transformation : leurs productions, leurs marchés, leurs concurrents, leurs clients, leurs actionnaires, leur gouvernance… évoluent eux aussi. Chaque organisme doit adapter en permanence son (ses) comportement(s) face à ces différents changements : d’où ce concept du management de l’éthique grâce à la mise en œuvre d’un système de management de l’éthique.
On commencera ici par définir ce que représente un système de management de l’éthique, avant d’identifier les éléments nécessaires à la mise en œuvre, au fonctionnement et à l’amélioration d’un système de management de l’éthique, avant de s’intéresser aux liens existant entre le management de l’éthique et certaines thèmes tels que le devoir de vigilance, la responsabilité sociétale ou le whistleblowing.