La pollution du milieu aquatique par des micropolluants (dont la concentration varie de quelques nanogrammes à quelques microgrammes par litre) comme les résidus de médicaments est une réalité maintenant bien établie. Leur présence a été rapportée de manière quasi-systématique dans les eaux de surface et plus occasionnellement dans les eaux de boissons [RE 141] . Excrétés par les patients à l'hôpital ou au domicile, ces produits pharmaceutiques se retrouvent dans les eaux usées et traversent les stations d'épuration qui ne sont pas dimensionnées pour les éliminer efficacement. Parmi ces polluants, les produits anticancéreux font l'objet d'un intérêt récent. En effet, même si leurs impacts aux concentrations rencontrées dans l'environnement sont encore difficiles à quantifier, leur présence inquiète car ces molécules sont pour la plupart considérées comme Cancérigènes, Mutagènes et toxiques pour la Reproduction (CMR), et sont de plus très persistantes. Vu les progrès de la médecine et la détection de plus en plus précoce des cancers, une augmentation de leur utilisation pour les prochaines décennies est à prévoir et par conséquent, de leur rejet dans l'environnement. Il est donc nécessaire dès à présent de limiter leur émission dans le milieu aquatique et de participer ainsi à la reconquête des milieux naturels.
Dans cet objectif, cet article décrit le cycle de vie des produits anticancéreux depuis leur utilisation par les patients jusqu'à leur rejet dans le milieu hydrique, ainsi que les risques potentiels liés à leur présence dans l'environnement, et propose des pistes de réflexion pour réduire l'impact de ces micropolluants. Des données chiffrées sont présentées en particulier pour quatre molécules anticancéreuses : le cyclophosphamide, l'ifosfamide, le 5-fluorouracile et le tamoxifène.