Logo ETI Quitter la lecture facile

Info du jour

De la science à la paix : les Nobel 2025 célèbrent l’intelligence sous toutes ses formes

Posté le par La rédaction dans Innovations sectorielles

Chaque année, les prix Nobel mettent en lumière des découvertes fondamentales et des avancées qui peuvent changer l’horizon des sciences et de la technologie. En 2025, si les catégories traditionnelles (Médecine, Physique, Chimie, Littérature, Paix et Sciences économiques) sont au cœur de l’attention, pour plusieurs d’entre elles les retombées possibles s’étendent bien au-delà des disciplines pures – jusqu’aux enjeux de l’environnement, de l’énergie, des matériaux, de l’IA, de la robotique ou de la mécanique. Le Nobel de la Paix clôt cette séquence* en rappelant que la quête du savoir, de la beauté et de la justice sont intimement liées.

L’édition 2025 des prix Nobel consacre notamment une science en transition, qui ne se contente plus d’expliquer le monde mais cherche à le transformer. Les découvertes récompensées cette année ne sont pas des curiosités académiques – elles sont mûres pour être intégrées dans des technologies de capture du carbone, de purification de l’air et de l’eau, et de stockage d’énergie. Elles constituent des ponts entre la recherche fondamentale et l’application technologique.

Quantique, IA et technologies émergentes : un saut vers la robotique et l’informatique

Cette année, le Nobel de Physique a récompensé John Clarke, Michel H. Devoret et John M. Martinis pour leurs travaux pionniers sur les circuits supraconducteurs démontrant la quantification d’énergie à l’échelle macroscopique.

Ces recherches consolident les fondements des technologies quantiques, de l’ordinateur quantique aux capteurs de haute précision. Ces travaux soulignent une tendance lourde de la recherche mondiale, celui du rapprochement entre physique quantique et ingénierie appliquée, où les effets jadis invisibles deviennent exploitables à l’échelle industrielle.

Les impacts industriels

  • En robotique et IA, les capteurs quantiques promettent une précision extrême dans la navigation, la métrologie, la détection de défauts ou la surveillance d’environnements complexes.
  • En mécanique de précision, l’attention se porte sur l’amélioration des dispositifs de contrôle, des gyroscopes et des systèmes d’asservissement.
  • En aérospatiale et défense, les capteurs quantiques peuvent révolutionner la détection gravimétrique, la navigation sans GPS et la surveillance du champ magnétique terrestre.
  • Dans le domaine de l’énergie, les dispositifs supraconducteurs ouvrent la voie à des systèmes électroniques à perte quasi nulle, idéaux pour les réseaux intelligents et la gestion fine de l’électricité.

Des matériaux aux promesses environnementales

Le Nobel de Chimie revient à Susumu Kitagawa, Richard Robson et Omar M. Yaghi, pour la création des metal-organic frameworks (MOFs) – des architectures moléculaires poreuses capables de piéger des gaz, de capter le CO₂, de purifier l’eau ou de stocker de l’énergie.

Les MOFs sont ainsi des ponts potentiels entre la chimie fondamentale et les applications industrielles en transports, automobile, aérospatial – par exemple pour des réservoirs plus légers ou des filtres de gaz –, ou encore dans l’énergie durable (captage du carbone, stockage d’hydrogène). Ces matériaux ouvrent la voie à une chimie circulaire, où les molécules polluantes deviennent des ressources valorisées.

Les impacts industriels

  • En énergie et environnement, les procédés de captage et stockage du CO₂, de purification de l’air et de l’eau sont appelés à évoluer. De même, les batteries solides ou les systèmes de stockage d’hydrogène pourraient bénéficier d’importantes améliorations.
  • En transports et automobile, des réservoirs à hydrogène plus sûrs et plus légers pourraient être conçus, tandis que les systèmes de filtres à gaz ou catalyseurs pour moteurs propres seraient optimisés.
  • En aérospatial, l’invention pourrait permettre la mise au point de matériaux ultralégers et hautement stables pour la filtration de l’air en environnement confiné ou pour les modules de vie en milieux extrêmes.

Le contenu scientifique : tolérance immunitaire périphérique et cellules T régulatrices

Le prix Nobel de Médecine a été décerné à Mary E. Brunkow (États-Unis), Fred Ramsdell (États-Unis) et Shimon Sakaguchi (Japon) pour leurs découvertes concernant la tolérance immunitaire périphérique.

Les travaux des trois lauréats sont souvent décrits comme déterminants pour l’immunotolérance périphérique, c’est-à-dire les mécanismes situés au-delà du thymus (hors de la tolérance centrale), permettant au système immunitaire de « surveiller » et de réguler les réponses immunitaires dans les tissus périphériques.

Les impacts industriels

Bien que ce Nobel soit d’abord centré sur l’immunologie, ses retombées pourraient influencer des domaines plus larges de la technologie médicale.

  • En biotechnologie et pharmacologie, des médicaments (petites molécules, anticorps, cellules modifiées) ciblant les voies de régulation immunitaire pourraient être développés.
  • En matière de diagnostic et biomarqueurs, l’invention pourrait être à l’origine de capteurs ou tests pour quantifier la fonction des T-regs, la stabilité immunitaire ou prédire la survenue de maladies auto-immunes.
  • En médecine personnalisée, il serait envisageable d’ajuster les traitements selon le profil immunitaire de chaque patient (doser les T-regs, adapter l’immunosuppression).
  • En robotique médicale et dispositifs implantables, la surveillance en continu des signaux immunitaires (cytokines, signaux cellulaires) permettrait d’ajuster le dosage thérapeutique dans les implants biocompatibles.
  • Grâce à l’intelligence artificielle et au big data, les réponses immunitaires, la prédiction des déséquilibres et l’aide aux choix thérapeutiques pourraient être modélisées.

Et l’IA ?

Aucun Nobel n’a encore couronné directement les travaux sur l’intelligence artificielle, mais son rôle transversal dans les découvertes récentes est omniprésent.

Par exemple, en automobile et transports, l’IA embarquée permettrait d’améliorer la gestion de l’énergie, l’optimisation du routage ou la maintenance prédictive.

En robotique, la combinaison de capteurs quantiques et d’IA pour des robots d’exploration autonome rendrait ces derniers capables d’évoluer dans des milieux hostiles.

Enfin, en recherche et matériaux, l’identification de nouvelles structures chimiques grâce à l’apprentissage automatique serait accélérée réduisant drastiquement les temps de conception.

Les découvertes primées et l’IA s’alimentent ainsi mutuellement, l’une produisant la donnée, tandis que l’autre en décuple la portée. Le couplage entre l’IA, les matériaux innovants et les systèmes quantiques est d’ailleurs déjà une direction fertile pour la robotique avancée, la métrologie, les systèmes autonomes et la mécanique de précision.

Les perspectives

Chimie, physique quantique, IA et matériaux se rejoignent autour de défis majeurs. Ce n’est plus seulement « la recherche pure » d’un côté, et « les transports, l’automobile, la robotique » de l’autre – mais un continuum dans lequel chaque avancée diffuse son influence.

Les technologies quantiques pourraient par exemple optimiser les chaînes de production automatisées grâce à des mesures plus fines de vibrations, de flux ou de champs électromagnétiques. Dans l’industrie énergétique, l’association des MOFs et des procédés supraconducteurs pourrait engendrer une nouvelle génération de systèmes de stockage hybride, alliant densité énergétique, sécurité et rendement accru.

Les ingénieurs, industriels, concepteurs de systèmes devront tirer parti de ces briques nouvelles pour concevoir les générations futures de machines, véhicules, robots et infrastructures. Ces Nobel constituent donc un appel à l’interdisciplinarité et à l’accélération.

Enfin, même si beaucoup de travaux récompensés devront passer par des phases de maturation, d’échelle, de fiabilité, de coût et de durabilité avant de se retrouver dans les machines ou les villes, ces prix incitent à générer des synergies entre universités, pôles technologiques, startups et filières industrielles (automobile, robotique, aéronautique) pour intégrer ces matériaux ou procédés émergents.

La remise des prix Nobel 2025 confirme dès lors que les défis les plus pressants – climat, énergie, matériaux, systèmes intelligents – ne sont plus des sujets périphériques à la « science pure », mais bien des axes structurants de la recherche contemporaine, et autant de jalons susceptibles d’irriguer les domaines de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la mécanique d’avant-garde. Les découvertes primées cette année traduisent ainsi la fusion entre recherche fondamentale et innovation industrielle.

De la plume à la résistance : quand les Nobel célèbrent la liberté

Le Prix Nobel de la Paix a été décerné à María Corina Machado, figure majeure de l’opposition au Venezuela, pour son « combat infatigable en faveur des droits démocratiques et son rôle dans la transition pacifique face à la dictature. Le comité norvégien avait reçu cette année 338 candidatures (244 personnes et 94 organisations). Son choix vient comme un message fort : dans un monde encore en proie à de nombreuses tensions, la paix passe non seulement par la diplomatie traditionnelle, mais également par la défense courageuse de la démocratie et des libertés individuelles.

Le Prix Nobel de littérature 2025, quant à lui, a été attribué à László Krasznahorkai, en reconnaissance d’une œuvre « saisissante et visionnaire » qui, « au cœur d’un monde en proie à l’“apocalyptic terror”, réaffirme le pouvoir de l’art ».

Dans le foisonnement des Nobel cette semaine, ce choix éclaire une relation profonde entre littérature et paix : tandis que le Prix Nobel de la Paix valorise l’engagement humaniste concret, le Nobel de littérature célèbre la capacité de la création artistique à questionner, à résister, à nourrir l’empathie. Krasznahorkai, par ses textes qui sondent les abîmes de l’âme humaine, rappelle qu’il n’y a pas de paix durable sans conscience – que le silence ou la soumission ne sauraient suffire.

* À l’heure où cet article est édité, le prix Nobel d’économie n’a pas encore été annoncé.

Pour aller plus loin

Posté le par La rédaction


Réagissez à cet article

Commentaire sans connexion

Pour déposer un commentaire en mode invité (sans créer de compte ou sans vous connecter), c’est ici.

Captcha

Connectez-vous

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.

INSCRIVEZ-VOUS
AUX NEWSLETTERS GRATUITES !